On ne sait pas si c'est en raison de l'expérience acquise au cours des dernières années, mais les Alouettes semblent particulièrement calmes à l'aube de la finale de l'Est, qu'ils disputeront aux Argonauts de Toronto, demain au Stade olympique.

À l'inverse, les Argos ont passé la semaine à montrer les dents. Allez savoir si c'est parce qu'elle n'a pas participé aux séries éliminatoires depuis 2007, mais l'équipe de l'entraîneur-chef Jim Barker a presque l'écume aux lèvres... Pour avoir communiqué avec l'un de leurs joueurs, je peux vous confirmer que les Argonauts amorceront le match de demain avec la rage au coeur.

 

À tort ou à raison, ils estiment que les Alouettes ne les respectent pas, qu'ils les mésestiment et qu'ils se croient déjà au match de la Coupe Grey, à Edmonton. Écorchés par quelques commentaires de leurs rivaux en début de semaine, les Argos se sont lancés dans une guerre des mots, et avec les deux pieds.

Matthieu Proulx a estimé dans nos pages, mercredi, que la ligne offensive des Argos était très agressive et qu'elle aimait lorsque ça brassait sur le terrain. À l'intention d'un joueur de ligne, c'était presque un compliment. Ç'aurait été plus insultant si Proulx avait qualifié la ligne torontoise de molle, mais bon... Les Argos n'ont pas aimé son commentaire. Pas du tout.

Pas plus qu'ils n'ont aimé ceux de plusieurs joueurs des Alouettes au sujet de Cleo Lemon. Essentiellement, la défense des Oiseaux a dit qu'elle voulait forcer le quart des Argos à la vaincre. Que la clé était d'arrêter le demi Cory Boyd.

Bref, les Argonauts ont passé beaucoup de temps à écouter ce que disaient les Alouettes au cours des derniers jours. Pendant ce temps, les Alouettes ont dit un «bof...» collectif devant les caméras. «Je ne me lancerai pas là-dedans», s'est d'ailleurs contenté de dire Proulx, hier.

Or, l'un des joueurs des Oiseaux nous a assuré que la disposition du club était légèrement différente à l'intérieur de son vestiaire. «Les Argonauts aiment japper, mais il reste à voir qui va mordre dimanche. On va leur fermer le clapet.» Vous aurez compris qu'à l'heure où Marc Trestman a réitéré à son équipe l'importance de peser ses mots, on va taire l'identité de ce joueur...

Une domination de Calvillo

Les Alouettes réussiront-ils à clouer le bec des Argos ou pas? Il y a quelques mois, la réponse aurait semblé évidente. Mais à force de gagner des matchs qu'ils devaient perdre, les Argonauts ont prouvé qu'il faut les prendre au sérieux. Barker a complètement transformé cette équipe.

Boyd et la ligne offensive des Argos joueront un immense rôle dans le match de demain. N'allez cependant pas croire que Lemon ne tentera pas de longues passes. S'ils espèrent s'envoler en direction d'Edmonton dans quelques jours, les Argos devront obtenir une production minimale de leur jeu aérien. Les courses de six verges et les unités spéciales ne suffiront pas afin de maintenir le rythme imposé par Anthony Calvillo et l'attaque des Alouettes.

Calvillo a complètement dominé la défense torontoise cette saison. À ses trois départs, il a totalisé 1256 verges (394, 450 et 412)... Il serait donc assez étonnant que les Argos parviennent à museler l'attaque des Oiseaux. De là l'importance de voir Lemon réussir quelques longs jeux.

Owens et Maypray

Si les visiteurs possèdent un avantage dans cette finale de l'Est, il se situe du côté des unités spéciales. Le groupe de l'entraîneur Mike O'Shea a été productif pendant la majeure partie du calendrier régulier, et le spécialiste des retours Chad Owens est le joueur le plus dangereux du circuit.

Chez les Alouettes, Tim Maypray pourrait donner raison à Marc Trestman - qui l'a préféré à Larry Taylor -, mais c'est en exiger beaucoup d'une recrue. Le regard des 58 000 spectateurs attendus au Stade olympique sera rivé sur lui.

De quelle façon réagira le jeune joueur? Croulera-t-il sous la pression? C'est peu probable. Maypray me donne l'impression d'être très solide entre les oreilles. Même s'il se retrouve dans une situation très difficile, je vous en parierais une froide qu'il saura relever le défi. Quelque chose me dit qu'il pourrait même voler la vedette à Owens.

Une autre finale?

Alors, qui représentera la division Est au 98e match de la Coupe Grey? À vrai dire, les Oiseaux m'inspiraient plus confiance en 2008 et 2009. Les Argonauts semblent plus affamés. Mais peut-être un peu trop, justement. Trop, c'est comme pas assez, parfois.

L'intensité des Argos pourrait leur nuire plus qu'autre chose, demain. Afin de surprendre les Alouettes, la discipline devra l'emporter sur l'émotivité. Ils n'ont presque pas droit à l'erreur, les pénalités sont donc à proscrire.

Par contre, s'ils réussissent quelques jeux-clés en attaque et s'ils remportent la bataille des revirements, les Argonauts peuvent très bien gagner ce match. Ils ont le vent dans les voiles et ils forment une équipe tissée serré.

Mais au final, Calvillo et ses receveurs seront une trop lourde commande. Ça ne sera pas facile, mais les Alouettes accéderont à leur troisième finale consécutive au terme d'une rencontre âprement disputée: Argonauts 21, Alouettes 26.