On arrive au centre d'entraînement des Vikings, sur le bord d'une autoroute un peu perdue du Minnesota, et la première chose qu'on remarque, c'est cet énorme drakkar à l'entrée. La deuxième chose qu'on remarque, c'est le cirque médiatique. Toutes ces caméras qui attendent pour capter des images des Vikings à l'entraînement.

Puis, on se pose la question: les Vikings seraient-ils si populaires et importants si Brett Favre et Adrian Peterson n'y étaient pas?

La réponse, bien sûr, est un gros non.

Ensemble, Favre et Peterson ont complètement changé le visage des Vikings. Depuis son arrivée au sein du club en mauve, en 2007, Peterson n'a jamais obtenu une saison de moins de 1300 verges au sol, récoltant même 1760 verges par la course à sa deuxième saison. Son arrivée aura permis de redonner un peu de lustre à une équipe qui n'allait nulle part.

Mais Peterson ne pouvait pas tout faire seul, et les dirigeants de l'équipe ont eu la bonne idée de lui offrir un quart-arrière en cadeau cette saison.

Ce quart-arrière, c'est bien sûr monsieur Favre, 40 ans, qui a mis fin à sa deuxième retraite pour enfiler le maillot du Minnesota. L'effet Favre n'a pas mis de temps à se faire sentir; à sa première saison, le numéro 4 a mené sa nouvelle équipe à une fiche de 12-4 et une deuxième place dans la Conférence nationale. Demain après-midi, à Minneapolis, les Vikings tenteront de vaincre les Cowboys de Dallas afin d'accéder à la finale de leur conférence, un exploit qu'ils n'ont pas réussi depuis 2000.

Par ici, au Minnesota, bien des gens croient que cela n'aurait pas été possible sans Favre. Bien des gens... incluant Peterson, qui est rapidement devenu un fan du quart-arrière.

«Notre relation a été excellente pendant toute la saison, a expliqué le porteur de ballon lorsque La Presse l'a rencontré cette semaine. Brett m'a vraiment beaucoup aidé durant toute l'année. S'il m'a donné des conseils? Il m'a juste rappelé de ne jamais perdre ma concentration, de laisser les choses venir à moi. Il m'a rappelé d'être calme sur le terrain. Brett est du genre à encourager les autres.»

Bien sûr, on s'amuse ferme chez les Vikings ces jours-ci, mais en septembre, on s'amusait un peu moins. Car l'arrivée du dieu Brett n'a pas fait que des heureux dans ce vestiaire. On chuchotait même que certains Vikings se rangeaient derrière Tarvaris Jackson, le quart partant de l'équipe la saison précédente.

Mais aujourd'hui, tout le monde a retrouvé le sourire.

«C'est un avantage que d'avoir un gars comme Brett avec nous, a expliqué cette semaine l'entraîneur des Vikings, Brad Childress. Ce gars-là a vu neiger. Il a pris part à combien de matchs éliminatoires depuis qu'il est dans cette ligue? Il faut s'assurer de bien lui faire commencer le match, de bien le préparer. Est-ce que c'est un avantage? C'est certes mieux que d'avoir une verte recrue au poste de quart.»

La retraite? Quelle retraite?

Avec Peterson dans le champ arrière, l'idée de départ pour les Vikings était la suivante: demander au vieux Brett de ne pas trop en faire, l'épargner le plus souvent possible et lui permettre de se pointer en janvier frais comme une rose.

Sauf que ce n'est pas exactement comme ça que ça s'est passé.

Après un furieux départ, Peterson a quelque peu ralenti dans la dernière ligne droite. À ses huit dernières rencontres, le porteur de ballon n'a eu qu'un seul match de plus de 100 verges. C'est donc vers Brett que les Vikings se sont tournés. Et le quart à la barbe grisonnante a répondu par la bouche de son bras canon, récoltant trois matchs de plus de 300 verges à ses six derniers départs. Au final, Favre a conclu la saison régulière avec 4202 verges de gains et 33 passes de touché.

«Ce qui est bien depuis que Brett est ici, c'est que tout le monde a la chance de contribuer, a ajouté Peterson. Brett permet aux porteurs de ballon de participer aux jeux de passe aussi; il nous regarde, il nous fait confiance. Brett n'hésite pas à nous passer le ballon pour qu'on provoque des choses sur le terrain.»

Pendant ce temps, le vieux Brett s'amuse. De toute sa carrière, il n'a jamais pu compter sur un demi aussi talentueux que Peterson. En plein le genre de petit détail qui pourrait le pousser à jouer quelques années encore...

«Pour le moment, tout ce que je veux, c'est battre Dallas, a expliqué Favre cette semaine. Ce ne serait pas juste de penser à l'an prochain. Ce ne serait pas juste pour moi, ni pour l'équipe. Je suis revenu au jeu pour une seule raison: dans l'espoir de mener cette équipe au Super Bowl cette saison, pas la saison prochaine. Maintenant, nous avons cette chance.»

La retraite peut attendre.

Encore.