Oui, bien sûr, il y a bien quelques partisans des Cards de l'Arizona à Tampa. Je le sais, je les ai vus. Une couple de chandails rouges par-là dans l'immense lobby du Marriott, une couple de chandails rouges qui font la file près du centre médias. J'ai même vu des fans des Cowboys de Dallas et des Packers de Green Bay qui avaient l'air un peu perdus, en espérant, on le devine, des jours meilleurs.

Mais j'ai surtout vu des fans des Steelers de Pittsburgh. En masse.

Les fans des Steelers, ce sont les plus visibles. D'abord parce qu'ils sont en jaune et noir, ensuite parce qu'ils sont généralement imposants et bruyants. C'est pour ça qu'on les voit arriver de loin.

 

Il y a tellement de fans des Steelers à Tampa que je suis tombé sur quelques bars «pro-Steelers», comme ils disent par ici. Le Hattricks au centre-ville, par exemple. C'est un bar de hockey avant tout (eh oui!). Il y a des chandails de hockey un peu partout sur les murs.

Mais le week-end, cette sympathique place se transforme en repère jaune et noir.

«Chaque dimanche, les fans des Steelers débarquent ici avec leur grosse bannière, m'explique James Bronte, le gérant du Hattricks. C'est comme si on était à Pittsburgh, mais sans le froid et la neige.»

Mais pourquoi cette folie pour les Steelers à Tampa? «Ici, il n'y a personne qui est originaire de Tampa, m'explique le gérant. Tous les habitants de Tampa sont en fait des gens qui proviennent de New York, du Michigan... et beaucoup de gens de la Pennsylvanie, donc de Pittsburgh et des environs.»

Voilà, le mystère est élucidé. James est d'ailleurs bien content que ce soit les Steelers au Super Bowl. Paraît que leurs fans ne regardent pas à la dépense... Les ventes de bière et d'ailes de poulet se portent très bien merci au Hattricks. «C'est comme s'il n'y avait pas de crise économique», dit James Bronte avec le sourire.

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Pourtant, la crise économique frappe bel et bien ce 43e Super Bowl. Quelques partys incontournables, comme le party Penthouse et le party Playboy, n'ont pas eu lieu cette année. Dans les journaux locaux, les dirigeants de Penthouse et Playboy ont cité des motifs économiques.

Dans la rue, on peut trouver des billets pour pas trop cher. Enfin, pour moins cher que d'habitude. Au Hattricks, James Bronte a encore des billets à vendre pour le match. «Des gars arrivent ici et offrent des billets pour 1500$... Un billet pour le Super Bowl à moins de 2000$, je pense que je n'ai jamais vu ça. Nous, au bar, on en a huit à vendre, dont quatre à 4000$ pièce, et on n'a toujours pas réussi à trouver preneur.»

Bon. Ceci dit, Tampa n'est pas en train de fermer, contrairement à ce que laissent croire certains reportages publiés dans les journaux américains. On a évoqué ces rues désertes et ces vendeurs de hot-dogs au bord de la déprime, mais jeudi soir, dans le quartier branché de Ybor City, ça nous a pris environ 45 minutes à trouver un taxi tellement ça grouillait de fêtards.

Crise? Oui, quand même un peu. Déprime? Pantoute.

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On le sait, le monde du sport professionnel est parfois bien cruel. Hier, à ma sortie du centre médias, j'ai croisé David Tyree, le receveur des Giants de New York qui a passé la saison sur la liste des blessés. Vous vous souvenez de David Tyree, n'est-ce pas? C'est lui qui a réussi ce catch de fou contre son casque au Super Bowl d'il y a un an.

En allant vers le centre médias, Tyree a eu la mauvaise idée d'ignorer un chasseur d'autographe. La réplique du gars? «Eh ! Tyree! Tu as attrapé combien de ballons cette saison, la vedette?»

À la place de Tyree, j'aurais lancé le gars dans le fleuve d'en face.