Kurt Warner était convaincu, en 1998, qu'il s'agissait de sa dernière chance comme quart arrière dans la NFL lorsqu'il se rapporta aux Admirals d'Amsterdam, dans le circuit de la NFL Europe.

Puis, à l'entraînement, il vit Jake Delhomme, un inconnu jeune et énergique, prêt à s'emparer du rôle de partant.

«Jake avait un bras plus puissant, il se déplaçait mieux, il pouvait réussir les passes importantes et les gros jeux beaucoup mieux que moi, souligne Warner. Tout ce que j'espérais c'était qu'il fasse quelques erreurs de plus que moi afin que les entraîneurs me donnent une chance.»

C'est finalement Warner qui hérita du poste de partant. Un an plus tard il vivait un rêve en étant nommé le joueur le plus utile dans la NFL et en remportant le Super Bowl avec les Rams de St. Louis.

Delhomme réussit éventuellement à faire son chemin lui aussi, quand il mena les Panthers de la Caroline au Super Bowl en 2003, sa première saison en tant que partant dans la NFL.

Samedi soir ces anciens rivaux, devenus amis, s'affronteront pour la première fois en séries lorsque Warner et ses coéquipiers des Cardinals de l'Arizona (10-7) joueront contre Delhomme et les Panthers (12-4) en demi-finale d'association (NFC).

«Ces choses-là arrivent seulement aux États-Unis», estime Al Luginbill, l'ancien entraîneur du club d'Amsterdam.

Alors qu'ils se préparaient cette semaine en vue du match de samedi, Warner et Delhomme se sont amusés à raconter des anecdotes sur le printemps passé aux Pays-Bas. Les équipes des deux hommes se sont rencontrées cette saison. Au cours de cette rencontre au cours de laquelle Warner a amassé 381 par la passe, Delhomme a permis à la Caroline, qui tirait de l'arrière par deux touchés, d'effectuer un retour et de s'imposer 27-23.

«Je n'avais jamais entendu parler de lui, raconte Delhomme. Tout ce que je savais c'est qu'il était un quart dans la Arena League. Mais dès le premier entraînement on pouvait voir qu'il était très précis et dominant.»

Delhomme croit toutefois qu'il aurait dû être le quart partant.

«Kurt avait l'avantage avant même le début du camp. Je ne l'ai réalisé que plus tard.»

Warner a passé trois saisons dans la AFL. Quant à Delhomme, qui n'a pas été repêché alors qu'il jouait pour Louisiana-Lafayette, il a disputé sa première saison chez les pros au sein de l'équipe d'entraînement des Saints.

«Kurt avait déjà évolué chez les professionnels, quoi qu'on pense de la Arena League, explique Luginbill. Il y avait connu beaucoup de succès. Il possédait à cette époque un avantage sur Jake.»

Luginbill ne désigna finalement le quart partant que quelques heures avant la partie entre Amsterdam et le Rhein Fire. Il choisit Warner. Celui-ci connut un match de 2101 verges, un sommet dans la ligue. Cela allait paver la voie à la saison inoubliable qu'il allait connaître avec les Rams en 1999.

Delhomme ne fut le partant que pour un match, après une blessure à Warner. Il s'épanouit un an plus tard, avec le Galaxy de Francfort, ce qui lui valut sa chance dans la NFL.

Les deux hommes sont fiers de la façon dont l'autre s'est développé. Delhomme se souvient de son premier départ dans la NFL, avec les Saints.

«Le premier message sur mon répondeur était de Kurt Warner après le match. Voilà le genre d'homme qu'il est», confie Delhomme.

Ces deux quarts dont la NFL ne voulait pas, anciens coéquipiers dans une ligue qui n'existe plus, s'affronteront en janvier, là où tous deux ont déjà brillé. Delhomme, qui aura 34 ans samedi, possède une fiche de 5-2 en séries éliminatoires. Quant à Warner, qui est âgé de 37 ans, ses quatre matchs de plus de 365 verges constituent un record de la NFL en séries.

Luginbill, un ancien entraîneur à Arizona State et à San Diego State, sera certes un spectateur attentif samedi. Un résidant de l'Arizona, il est maintenant un éclaireur pour les Broncos de Denver.

«On n'a pas toujours l'occasion de travailler avec des gars comme eux», souligne Luginbill. Ce que ces deux gars-là ont réussi lorsque l'occasion s'est présentée ne me surprend pas.»