C'est Al Michaels, le brillant descripteur du réseau NBC, qui a le mieux résumé la situation, dimanche dernier. «La seule chose qui soit certaine dans la NFL, c'est que personne ne sait que dalle. C'est complètement fou», a exprimé celui qui donne la réplique à John Madden depuis déjà six ans et qui a animé le Monday Night Football de 1986 à 2006.

La constatation de Michaels est venue au terme d'un dimanche tout à fait normal, donc tout à fait dingue. Et aussi, quelques secondes après que les Seahawks eurent inscrit un touché dans les dernières minutes de leur match en soirée à Tampa, qui était décidé depuis à peu près deux heures et demie. Dans les 55 minutes précédentes, Seneca Wallace, le quart-arrière des Seahawks, avait amassé 33 verges. Par la passe, pas au sol... Mais pour les Bucs, favoris par 10,5 points, gagner 20-10 ou 20-3 ne changeait pas grand-chose. Donc, pendant que les Seahawks avançaient avec le ballon et que des centaines de types à Las Vegas se rongeaient les doigts au sang, les Bucs, eux, riaient et se félicitaient de leur victoire sur la touche. Ce qui est bien normal.

 

Quelques lecteurs se demandaient récemment pourquoi j'avais pris les Dolphins contre les Patriots, ou encore les Rams contre les Redskins dans nos choix de la semaine. Simplement prédire le gagnant serait déjà un exercice périlleux en soi, mais ce n'est pas le jeu. Il faut bien sûr tenir compte du fameux écart de points. Et c'est souvent cet écart de points qui finit par exaspérer, comme dimanche soir à Tampa, par exemple.

Ou encore comme quelques heures plus tôt à Houston. Le premier résultat que j'ai vu de ce match, les Texans menaient déjà 21-0. Ce qui est tout à fait normal puisqu'ils jouaient contre les Lions et que les Lions se font toujours un devoir de perdre 21-0 au premier quart. Puisque j'ai décidé de ne plus jamais choisir les Lions, sous aucune condition, même s'ils reçoivent 30 points (désolé M. Hébert), les Texans devaient donc l'emporter par un minimum de neuf points (8,5). Marque finale: Houston 28, Detroit 21, gracieuseté de deux touchés des Lions dans ce qu'on appelle communément en anglais le «garbage time». En français, on appelle ça le bout du match qui ne sert qu'à une chose: gâcher votre «spread».

Toujours dimanche dernier, les Redskins étaient favoris par un touché contre les Browns. Avec trois minutes à jouer et les Skins qui menaient 14-3, Derek Anderson a complété sa quatrième passe du match (presque ça), et c'était 14-11. On savait tous que le résultat final ne changerait pas parce que tout le monde voyait bien que c'était les Browns qui étaient sur le terrain, mais l'écart, lui, aux poubelles.

Et que dire de ce Johnny Tremain O'Sullivan chez les 49ers? Les Niners perdent 27-17 contre les Giants, il reste moins de cinq minutes. Ça s'annonce bien pour ceux qui ont pris les 49ers et les 10,5 points. Les Niners ont le ballon et les Giants n'ont plus besoin de marquer. «Faut juste pas qu'ils gaffent», ai-je pensé sur mon divan, comme sûrement bien des gens.

On connaît la suite: J.T. reste planté là, les deux pieds dans le béton, en pensant qu'il a le temps de compter 10 «bateaux» avant de prendre une décision. Justin Tuck donne une petite tape sur le ballon et pouf! une autre victoire qui se transforme en défaite. Le ballon s'est retrouvé dans la zone de buts des 49ers - 20 verges plus loin - avant qu'un de leurs joueurs ne mette un terme à la triste séquence en le bottant à l'extérieur du terrain. Touché de sûreté Giants, 29-17. Merci, J.T.. Super.

Et chaque fois qu'une cote semble trop évidente, que ça semble trop beau pour être vrai, eh bien, ça l'est. Dans notre pool amical au bureau, 22 des 24 participants avaient pris les Jets pour gagner par plus d'un placement à Oakland. Victoire de 16-13 des Raiders. Cette semaine, tout le monde a pris les Bills contre les Dolphins. On verra...

Les Vikings et les Bears qui totalisent 11 touchés et 89 points au Soldier Field, les Cowboys qui perdent par 20 points à St. Louis, cette ligue est plus schizophrénique que jamais, mes chers amis. Essayez d'établir L'État des forces, voir. Et en plus, il faut risquer l'humiliation en donnant ses prédictions dans le journal chaque semaine. Habituellement, mes choix étaient mauvais en septembre, corrects en octobre. Mais cette année, j'avais une resplendissante fiche de 35-23-1 après le premier mois. «Enfin la bonne année», ai-je même bêtement pensé. Ça s'est bien sûr écroulé en octobre: 16-24-2, grâce entre autres à cette superbe fiche de 4-9 de dimanche dernier.

Que dalle, personne ne sait que dalle... Mais que c'est amusant.