Dans le sport, la continuité et la stabilité sont considérées comme des gages de succès. Les plus grandes dynasties ont souvent réussi à se hisser au sommet de leur discipline grâce au même groupe de joueurs et d'entraîneurs.

Pendant plusieurs années, les Alouettes ont été considérés comme une des forces de la Ligue canadienne de football grâce à cette fameuse stabilité. Mais depuis quelques saisons, les mouvements de personnel plus fréquents ont nui à la performance de l'équipe.

Signe d'un certain tumulte chez les Alouettes, l'organisation a connu quatre entraîneurs-chefs en moins de deux ans. Un manque de constance qui se répercute sur l'organisation depuis le départ de Marc Trestman.

Il ne faut pas minimiser l'impact du départ tardif de Trestman en janvier 2013, qui a forcé l'organisation montréalaise à piger dans un bassin d'entraîneurs beaucoup moins relevé. L'épopée Dan Hawkins a été un cauchemar la saison dernière, et Jim Popp a fait ce qu'il a pu pour tenter de redresser le navire à la dérive. On lui reconnaît d'ailleurs de plus grandes compétences à titre de directeur général que d'entraîneur.

C'est d'ailleurs ce qui a mené à une autre situation indésirable à la fin de la saison 2013 lorsque Popp a exprimé le désir de demeurer en poste. L'organisation, quant à elle, voulait choisir un candidat de l'extérieur, et le processus s'est vite complexifié. La relation entre Popp et l'organisation s'est effritée, et Tom Higgins a finalement hérité du poste; un bon choix dans le contexte laborieux d'embauche, mais certainement pas le premier choix des Alouettes.

Des répercussions directes

Au-delà des querelles internes et des relations ternies, cette chaise musicale au poste d'entraîneur-chef a des répercussions directes sur les résultats de l'équipe. Voici pourquoi.

Chaque entraîneur a sa propre approche et son propre style de gestion. Il est le maître d'oeuvre du quotidien de l'équipe et décide du fonctionnement du groupe. La façon de communiquer, de s'entraîner et de se comporter sera de son ressort. L'adaptation à des changements inévitables du mode de fonctionnement peut être plus longue pour certains joueurs que pour d'autres.

L'entraîneur-chef doit être un motivateur et un leader exemplaires. Mais diriger et motiver un groupe d'hommes signifie qu'il faut bien les connaître; c'est la seule façon d'en exploiter le plein potentiel. Seul le temps peut permettre à un entraîneur de bien connaître ses joueurs et de développer cette complicité.

Chaque entraîneur sélectionne le type de joueur qu'il veut au sein de sa formation. Ceux qui sont sur place à son arrivée ne sont pas les siens. Il devra ainsi filtrer afin d'établir son propre alignement. Le directeur général, de qui relève l'embauche de nouveaux venus, doit également prendre le temps de saisir et comprendre le type de joueurs que désire l'entraîneur-chef.

Au football, ce dernier arrive généralement avec ses propres adjoints. Ceux-ci ont tous des cahiers de jeux uniques qui sont souvent complexes. Il faut un certain temps aux joueurs pour assimiler les subtilités de chaque cahier de jeux. Ces systèmes évoluent constamment, et seul le temps permet de faire évoluer les stratégies. Ce point est particulièrement important en début de saison, alors que certaines formations ont déjà une bonne avance sur d'autres dès le début du camp d'entraînement. Avance qui peut se poursuivre pendant les premières semaines de la saison.

Le navire des Alouettes navigue actuellement en eaux troubles. Espérons que Higgins et ses adjoints seront en poste pour les prochaines saisons afin d'offrir à l'équipage une stabilité tant souhaitée. D'autant plus que, à l'heure actuelle, c'est au poste de directeur général qu'il faut se questionner sur une instabilité potentielle. Écoulant la dernière année de son contrat et visiblement agacé par les événements de la saison morte, Jim Popp sera-t-il encore de la formation montréalaise en 2015?