Il m'arrive parfois de vouloir enfiler l'uniforme pour revivre l'intensité d'un match de football. J'aimerais revivre le stress et la fébrilité du matin d'une rencontre, la balade en voiture avec ma musique préférée qui joue à tue-tête pour me rendre au stade et retrouver l'ambiance qui règne dans un vestiaire à l'approche de l'hymne national. Je donnerais beaucoup pour revivre cet état d'esprit unique que me procurait le sport professionnel.

Mais tout s'estompe rapidement dès le botté d'envoi. C'est à ce moment précis que je réalise la robustesse et la dure réalité du football. Douze hommes rapides et costauds foncent alors à pleine vitesse sur douze autres hommes, tout aussi puissants. Le son des casques qui se frappent et des plaqués sévères me rappelle les douleurs d'une époque très exigeante pour mon pauvre corps.

Le football est un très beau sport, intelligent: un véritable jeu d'échecs. Mais il est probablement un des plus exigeants sur le corps humain. On dit souvent que le seul moment de l'année où un joueur ne ressent aucune douleur est le premier jour du camp d'entraînement. Par la suite, les athlètes doivent composer avec des douleurs quotidiennes afin d'être en mesure de terminer la saison. Il est donc facile de s'imaginer qu'à ce stade-ci de l'année, le corps des joueurs est fatigué et est éprouvé par les nombreux contacts d'une saison qui s'achèvera bientôt.

Ce n'est pas un secret que les joueurs sont maintenant plus costauds, plus rapides et plus forts que jamais. À titre d'exemple, il y avait un seul joueur de plus de 300 lb dans la NFL en 1970. Aujourd'hui, on en compte plus de 400! Les contacts sont conséquemment plus durs et les risques de blessures, plus élevés.

Il est donc essentiel pour les joueurs de prendre méticuleusement soin de leur corps tout au long de la saison. Cela implique qu'ils doivent notamment s'adonner à un programme strict d'étirements post-entraînement, prendre des bains de glace (oui, oui, des bains de glace) après les entraînements et les matchs, recevoir des traitements de physiothérapie, de massothérapie, de chiropractie, d'ostéopathie... Je crois que vous aurez compris l'investissement en temps et en efforts que cela exige. L'entraînement en salle et sur la piste d'athlétisme ne doit pas être négligé non plus. Garder la forme est un facteur de protection contre les blessures. Autre facteur de protection: améliorer la flexibilité. C'est pourquoi, depuis quelques années, le yoga et le pilates font aussi partie de la routine d'entraînement de plusieurs athlètes.

Bref, l'effort requis pour récupérer et éviter les blessures est tout aussi exigeant que la préparation technique et stratégique à l'approche d'une rencontre. Ceux qui réussissent à jouer pendant plusieurs saisons ont compris cette réalité tôt dans leur carrière.

Les équipes qui comptent le moins de joueurs blessés ont généralement le plus de chances de l'emporter à la toute fin - une évidence! Les organisations en sont de plus en plus conscientes et elles prennent les mesures nécessaires afin de soutenir leurs joueurs. Par exemple, les Stampeders de Calgary ont commencé des séances communes de yoga cette saison, et les Seahawks de Seattle ajoutent des séances de méditation au yoga.

Il reste précisément un mois avant la présentation du match de la Coupe Grey dans la Ligue canadienne de football. C'est donc en cette fin de saison que l'investissement individuel des joueurs par rapport à leur corps bénéficiera le plus à l'ensemble de l'équipe. Ceux qui y auront mis les efforts auront une longueur d'avance et se verront dans une meilleure position pour soulever le précieux trophée le 24 novembre... si leur corps le permet!