Au cours du dernier week-end de football, j'ai été témoin de plusieurs images qui m'ont choqué en tant qu'ancien athlète professionnel. Ces images ont fait jaillir en moi plusieurs questions sur la signification même du terme «professionnel». Être professionnel se résume-t-il à recevoir un salaire en retour d'un service ou est-ce beaucoup plus?

Vendredi soir, les Blue Bombers ont subi leur neuvième revers de la saison 2012. Plus qu'un simple revers, ils se sont fait littéralement lessiver par les Stampeders de Calgary dans une défaite de 44-3. Alors que la saison des Bombers est un vrai calvaire et que rien ne va plus, nous avons été témoins d'images saisissantes sur les lignes de côté de Winnipeg. Au moment où la caméra était dirigée vers l'entraîneur-chef Tim Burke, qui affichait un regard incrédule et dépassé, nous pouvions voir à l'arrière-plan quelques joueurs qui riaient et s'amusaient comme s'ils assistaient à un spectacle de Louis-José Houde.

Certains diront que c'est le malaise qui amène ce genre de réaction. D'autres diront qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer! Pour ma part, je me questionne plutôt sur l'engagement réel de ces joueurs. Ces derniers devraient réaliser qu'une centaine de personnes travaillent d'arrache-pied tout au long de l'année afin de bâtir une équipe gagnante et que des milliers de partisans dépensent leur argent pour assister aux rencontres. Cette réaction, au moment précis où leur équipe se faisait détruire, équivalait à une gifle pour l'ensemble de l'organisation. Burke était du même avis, puisqu'il a présenté ces images à son équipe après la rencontre, en soulignant que c'était tout à fait inacceptable.

Lors du même match, Jon Cornish, des Stampeders de Calgary, a marqué deux touchés. Fidèle à son habitude, dès qu'il a franchi la ligne des buts, il s'est dirigé au pas de course vers le banc de son équipe. Sans célébrer, sans remercier ses coéquipiers, sans faire de spectacle, mais en attirant l'ensemble des caméras sur lui seul. M. Cornish devrait peut-être se rappeler qu'un touché ne se marque pas par un seul homme. Comme je l'ai souligné à maintes reprises, le football est le sport d'équipe par excellence. La moindre des choses serait de saluer le travail et l'effort des membres de son unité offensive en célébrant avec eux. Les détails de ce genre d'événement sont très révélateurs. Observez bien les Alouettes lorsqu'ils inscrivent un touché: vous comprendrez ce que je veux dire. C'est une célébration d'équipe où même Anthony Calvillo, généralement calme et posé, est de la partie pour féliciter ses coéquipiers.

Au sud de la frontière, un autre joueur a beaucoup fait jaser. Dans le match opposant les Packers et les Bears, Jay Cutler a encore démontré l'étendue de sa mauvaise attitude. Mais cette fois-ci, il est allé trop loin. Après avoir subi un de ses nombreux sacs, il s'est mis à engueuler son bloqueur, allant même jusqu'à le bousculer. On peut être frustré, j'en conviens. Mais pousser un coéquipier qui connaît des difficultés en plein coeur d'une partie, ça n'a aucun sens!

Être un professionnel, ce n'est pas seulement le fait d'être payé pour pratiquer un sport. Être un professionnel, c'est se préparer physiquement et stratégiquement pour chaque partie. C'est porter une attention particulière à chacun des détails qui permettront à son équipe et à soi-même d'atteindre son plein potentiel. Être professionnel, c'est respecter son sport, ses coéquipiers, son organisation et ses partisans. Être professionnel, c'est respecter l'éthique du sport dans tout ce que cela a de plus noble. Que ces joueurs aient eu des intentions malicieuses ou non, leurs gestes et actions ont, à mon humble avis, fait preuve d'un manque flagrant de professionnalisme.