La nouvelle du congédiement de Paul LaPolice a fait beaucoup de vagues cette semaine auprès des amateurs de la Ligue canadienne de football. Vous me direz qu'il est normal qu'un entraîneur soit congédié après un début de saison difficile. Vrai. Mais dans le cas des Blue Bombers de Winnipeg, on voyait une nette progression depuis quelques matchs. Alors, pourquoi poser un geste si draconien en plein milieu du calendrier?

La direction de l'équipe a énoncé une série de raisons pour justifier son choix. Notamment, une fiche de 16-28 en saison régulière depuis l'arrivée de LaPolice, une attaque anémique et des joueurs indisciplinés. On nous a également fait comprendre qu'il avait perdu son vestiaire; une bonne vieille expression du monde sportif signifiant qu'il n'était plus en mesure de motiver son équipe.

LaPolice a été embauché en 2010 afin d'améliorer une attaque qui n'allait nulle part. Après la saison 2011, couronnée par une présence à la Coupe Grey, le coordonnateur offensif Jamie Baressi a été congédié. Au cours de l'hiver, LaPolice a nommé Gary Crowton au poste. Mais son attaque ne montrait toujours pas de mordant et c'est LaPolice qui en paie le prix aujourd'hui.

Patience, patience...

Mis à part sa responsabilité pour les piètres performances offensives de l'équipe, j'ai beaucoup de difficulté à expliquer le congédiement de LaPolice. Premièrement, il faut un peu de stabilité dans une organisation. LaPolice était le troisième à occuper le poste d'entraîneur-chef chez les Bombers depuis 2008. La patience permet parfois de voir des résultats positifs. De plus, parmi les raisons qui expliquent le lent début de saison, plusieurs étaient hors du contrôle de LaPolice: un calendrier difficile (les quatre premiers matchs étaient sur la route), une série de blessures importantes et des mouvements de personnel plus que douteux ordonnés par le directeur général Joe Mack.

Un nouveau pilote

Âgé de 58 ans, c'est mon ancien coordonnateur défensif qui a l'honneur de piloter le navire des Blue Bombers jusqu'à la fin de la saison. En effet, Tim Burke a été nommé entraîneur-chef par intérim, une première dans sa carrière. J'ai bien hâte de voir ce qu'il pourra faire avec sa jeune équipe.

Il a déjà annoncé ses couleurs. Les séances d'entraînement seront plus courtes, mais plus intenses afin de simuler les situations de matchs. L'indiscipline sera traitée avec vigueur et la préparation des joueurs devra être rigoureuse. On constate déjà des similarités avec «l'approche Marc Trestman».

Burke est un homme brillant et je suis convaincu que l'équipe pourrait connaître du succès grâce à ses connaissances et à son expérience. Mais pour y arriver, il devra être en mesure de prendre des décisions difficiles, de les communiquer et de les assumer, chose qu'il a toujours eu de la difficulté à faire. Par exemple, au cours de ma carrière, Étienne Boulay et moi étions régulièrement en compétition pour le poste de maraudeur partant. À plusieurs reprises, nous avons appris qui serait le joueur désigné le matin même de la rencontre. Une situation peu souhaitable pour la préparation mentale d'un athlète.

Nous aurons l'occasion d'apprécier son attitude rapidement puisqu'il aura une importante décision à prendre d'ici quelques semaines. Son quart-arrière partant du début de saison, Buck Pierce, reviendra au jeu bientôt alors que Joey Elliot, son substitut, a de bons résultats présentement. Il sera intéressant de voir comment il gérera cette situation. Espérons pour ces deux joueurs et pour l'équipe qu'il ne dévoilera pas l'identité de son quart partant pendant l'hymne national.