Quand les jeunes footballeurs du Québec rêvent de faire des jeux spectaculaires dans les rangs professionnels, ils rêvent souvent de le faire dans l'uniforme des Alouettes.

Durant le match des Moineaux vendredi dernier, un Québécois a eu la chance de réaliser ce rêve lorsqu'il a marqué son premier touché en carrière dans l'uniforme montréalais.

Le score était de 17 à 13 en faveur de Montréal dans un match âprement disputé. Avec 11 minutes et 30 secondes à faire au troisième quart, Anthony Calvillo et l'attaque se sont réunis en caucus afin de planifier le prochain jeu: une passe voilée au centre-arrière Patrick Lavoie. Une fois le ballon mis en jeu, tous ont exécuté la tâche qui leur incombait et, comme prévu, Calvillo a remis une courte passe à Lavoie qui a filé tout droit vers la zone de but. Touché!

Avec 11 minutes et 3 secondes à faire au troisième quart, c'était maintenant 23 à 13 grâce au jeune joueur originaire de Sainte-Flavie, le tout premier choix des Alouettes au dernier repêchage. Lavoie venait de permettre aux siens de creuser l'écart grâce à sa première passe captée en carrière. Il n'était pas seul à avoir accompli le jeu, il avait joui de très bons blocs, notamment d'un autre ancien du Rouge et Or, Luc Brodeur-Jourdain. Mais ce moment de gloire était le sien. Un moment tant attendu et tant désiré, un moment qui ne dura que 27 secondes, mais dont il se souviendra jusqu'à la fin de ses jours.

Personnellement, j'ai probablement oublié la moitié des jeux auxquels j'ai participé lors de mes six saisons avec les Alouettes. Mais rien ne pourra effacer le souvenir limpide que j'ai de mes premiers «gros jeux» devant nos partisans. Mon premier botté bloqué, ma première interception ou mon premier sac du quart. Comme joueurs, ce sont des moments que nous visualisons sans cesse et que nous espérons pouvoir réaliser si la chance nous sourit.

Un touché demeure un touché. Que vous soyez à Regina ou à Montréal, le résultat est le même: six points. Mais de réussir ce jeu alors que vous endossez l'uniforme des Alouettes, que vous êtes Québécois et que vous avez admiré cette équipe locale depuis votre tendre enfance, la fierté est bien différente.

Ça demeure difficile à exprimer, mais pour un joueur local, le désir de bien jouer devant les «siens» est un sentiment unique.

Pour ceux qui ne l'auraient pas remarqué, il y a un autocollant du fleurdelisé derrière le casque des joueurs des Alouettes. Pour la plupart, il s'agit simplement d'un autre logo, mais pour les joueurs québécois des Alouettes, ce logo représente bien plus. Il nous rappelle que nous jouons non seulement pour notre équipe, mais aussi pour notre province. Que chaque fois que nous mettons le pied sur la surface de jeu, nous représentons l'espoir de milliers de jeunes de chez nous de réaliser leurs rêves les plus fous. La jeunesse de notre belle province s'identifie aux Québécois qui s'alignent pour nos équipes professionnelles, et la responsabilité de leur faire honneur est une source de motivation supplémentaire pour nos athlètes.

Patrick Lavoie a réussi le premier touché de sa carrière, mais sûrement pas le dernier. Celui-ci aura une place spéciale dans son coeur. Vous pouvez être assurés que chaque fois qu'il marquera un touché ou réalisera un beau jeu en arborant fièrement le chandail des Alouettes, il le fera pour lui, son équipe, sa famille et le Québec en entier.