Les blessures sont un thème récurrent cette année chez les Alouettes. La tertiaire est particulièrement décimée. Après Jerald Brown, Étienne Boulay et Mark Estelle, c'était au tour de Dwight Anderson de tomber au combat dimanche. Pour le moment, son statut est incertain pour le prochain match contre les Blue Bombers de Winnipeg.

Les blessés forcent les organisations à revoir leur formation sur une base hebdomadaire afin de pourvoir les postes vacants. Toutefois, une réglementation particulière à la Ligue canadienne de football oblige les équipes à tenir compte de bien plus qu'un simple changement de joueur. En effet, les entraîneurs et les directeurs généraux doivent absolument être conscients du ratio de joueurs canadiens et américains au sein de leur formation

Le titre de la ligue nous l'indique. Il s'agit de la Ligue CANADIENNE de football. Ainsi, la convention collective négociée par l'Association des joueurs prévoit qu'un nombre minimum de Canadiens doit faire partie de la formation chaque semaine. Les Alouettes peuvent présenter un groupe d'au plus 42 joueurs en uniforme pour chacune des parties. De ce nombre, trois sont désignés comme quart-arrière et un maximum de 19 des 39 postes restants peuvent être attribués à des joueurs provenant de l'extérieur du pays.

Par ailleurs, l'équipe doit désigner un minimum de sept joueurs canadiens partants. Ces derniers doivent détenir un poste régulier en défense ou en attaque et y évoluer pendant toute la rencontre.

La majorité des équipes utilisent les joueurs canadiens dans des positions données. Dans la plupart des cas, plusieurs joueurs de ligne offensive, un centre-arrière, un receveur et un maraudeur seront canadiens. En fonction des joueurs disponibles, on retrouvera également des Canadiens évoluant à d'autres positions. Généralement, les équipes feront jouer les meilleurs Canadiens et pourvoiront les autres postes avec des Américains.

Un «joueur canadien» n'est pas nécessairement un joueur né ici. Il n'a pas non plus forcément joué tout son football au Canada. Certaines exceptions permettent à un joueur étranger d'être considéré comme «non importé». Par exemple, un joueur peut être considéré comme canadien s'il a habité au Canada pendant une période de 7 années au cours de ses 15 premières années de vie ou encore, s'il a entrepris son football au nord de la frontière.

La règle du ratio fait en sorte qu'un joueur canadien blessé doit être remplacé par un autre joueur de la même nationalité. Sinon, l'équipe se trouvera à enfreindre le règlement du nombre de joueurs canadiens partants. Conséquence: il y a deux semaines, lorsque Shea Emry s'est blessé et ne pouvait jouer la première des deux parties contre les Tiger-Cats de Hamilton, les Alouettes ont dû le remplacer par un Américain, faute d'un réserviste canadien. Pour compenser, on a donc retiré Eric Wilson (Américain) de la formation au profit de J.P. Bekasiak (Canadien) sur la ligne défensive. Un choix coûteux car Avon Cobourne a couru pour plus de 100 verges. Je ne prétends pas que c'est la seule cause des insuccès des Alouettes contre le jeu au sol, mais cela a assurément été un facteur. On aurait pu décider d'utiliser un Canadien au poste de receveur, soit Éric Deslauriers ou Danny Desriveaux, et maintenir la défense intacte.

Les entraîneurs doivent avoir ce genre de remaniement et de réflexion en tête sur une base hebdomadaire. Cette subtilité propre à la Ligue canadienne est importante puisqu'elle assure une participation pour nos jeunes joueurs et nos footballeurs locaux. Nous ne sommes pas au même niveau que nos voisins du Sud, mais la qualité du football s'améliore rapidement au Canada. Les jeunes joueurs doivent pouvoir aspirer aux rangs professionnels et doivent avoir des modèles canadiens auxquels ils peuvent s'identifier pour se motiver à consacrer les efforts nécessaires à la pratique de leur sport.