Les pénalités trompent les statistiques cette année dans la LCF.

Généralement, on considère que l'indiscipline est l'une des raisons pour lesquelles des équipes peuvent perdre des matchs. Or, les Eskimos d'Edmonton, qui présentent la meilleure fiche de la ligue, sont ex aequo au troisième rang (49) des équipes les plus pénalisées. À l'inverse, les Lions de la Colombie-Britannique, toujours à la recherche de leur première victoire, sont les moins pénalisés (30). Cette statistique n'a donc pas de lien avec les succès sur le terrain jusqu'à présent en 2011.

Cinq parties ne font toutefois pas une saison... L'indiscipline est beaucoup plus qu'une simple statistique et peut, tôt ou tard, faire très mal à un club.

Bien sûr, il y a les pertes sèches de verges sur le terrain. Mais l'indiscipline peut également changer le «momentum» lors d'une partie. On ne le dira jamais assez, l'aspect psychologique joue un rôle primordial dans tout sport.

Au cours du dernier match des Alouettes, les Tiger-Cats menaient 16-13 au troisième quart lorsqu'un joueur d'Hamilton a échappé le ballon. John Bowman l'a récupéré et a filé sur une distance de 27 verges pour mettre son équipe en position de marquer. Malheureusement pour les Alouettes, le jeu a été annulé en raison d'un bloc illégal d'un coéquipier de Bowman. Le ballon a été remis aux Tiger-Cats, qui ont marqué trois points à la suite d'un botté de précision. C'était 19-13.

Que se serait-il passé si la pénalité n'avait pas eu lieu? Si les Alouettes avaient compté un touché, auraient-ils perdu le match? Quel impact aurait eu ce revirement sur l'état d'esprit de l'ensemble des joueurs, tant chez les Alouettes que chez les Tiger-Cats? Évidemment, on ne peut que spéculer, mais la question se pose tout de même.

Par ailleurs, la discipline sur le terrain est souvent le reflet de ce qui se passe dans le vestiaire. Une équipe disciplinée sur le terrain est généralement une équipe disciplinée dans sa préparation d'avant-match. Y a-t-il présentement la même précision et la même ardeur au travail que par les années passées dans les salles de réunion? Voilà une autre question qui mérite d'être posée.

On le sait, Marc Trestman a tout fait pour que son équipe oublie les deux dernières conquêtes de la Coupe Grey et se prépare pour une NOUVELLE saison. A-t-il atteint son but? Quelques défaites comme les deux que viennent de connaître les Alouettes leur permettront peut-être de mieux comprendre le message de l'entraîneur: rigueur et discipline sont à la base de toute équipe championne.

Montréal est l'équipe la plus pénalisée du circuit depuis le début de la saison (52). Le nombre de pénalités est dérangeant mais ce qui est plus agaçant, c'est le genre de pénalités dont ils écopent. La troupe de Trestman en a reçu 14 pour rudesse excessive! C'est le genre de gestes que l'on pose par frustration, par manque de jugement ou tout simplement parce qu'on perd la boule à la Zidane. Ce sont souvent des gestes que je qualifierais d'égoïstes et, fait à noter, ce sont régulièrement les mêmes joueurs qui sont pris en défaut...

Généralement, une équipe championne constituée de vétérans peut s'attendre à ce que ce genre de joueur rentre dans le rang et mette son ego de côté afin de remporter des championnats. Les vétérans connaissent les attentes à leur égard, leur rôle dans l'équipe et les façons de faire au sein de l'organisation. Ceux-ci vont habituellement s'assurer que les joueurs plus turbulents se comportent de manière adéquate. Les Alouettes ont plusieurs excellents leaders dans leur vestiaire, des joueurs qui savent ce qu'il faut faire pour gagner une Coupe Grey. Est-ce que ces joueurs s'occupent des coéquipiers qui ont des écarts de conduite? Voilà une dernière question qui mérite d'être posée.

Dans une ligue où la ligne est mince entre la victoire et la défaite, les détails peuvent faire une grande différence. Malgré des statistiques trompeuses depuis le début de la saison, la discipline peut finir par rattraper un club aux grandes aspirations.