Après à peine un mois d'activité dans la Ligue canadienne de football, le débat sur les coups à la tête est de nouveau porté à l'avant-scène dans le monde du football. Au cours du deuxième match des Alouettes, nous avons assisté à plusieurs plaqués douteux de la part des joueurs des Roughriders de la Saskatchewan.

D'ailleurs, le maraudeur recrue Craig Butler a été mis à l'amende pour un plaqué illégal aux dépens de S.J. Green. Butler a abaissé la tête de manière à ce que son casque soit le point de contact principal avec le casque de son adversaire.

Les Alouettes ne sont pas en reste. Kitwana Jones a été mis à l'amende pour un geste semblable à l'endroit de Chad Owens lors du match du 15 juillet contre les Argonauts de Toronto.

Cette semaine, Joe Lobendahn, des Blue Bombers de Winnipeg, a solidement frappé Cleo Lemon, des Argos, au moment où le quart-arrière s'était échappé de la pochette protectrice. Lemon en a perdu son casque et n'est pas revenu au jeu en raison de dommages nerveux à une dent. La Ligue canadienne a blanchi Lobendahn, hier.

Au cours de la même rencontre, Buck Pierce, des Blue Bombers, a été plaqué par Ejiro Kuale, qui a immédiatement été expulsé de la rencontre en raison de son coup de casque dirigé directement sur celui du quart-arrière.

Il ne fait aucun doute que les coups sont de plus en plus percutants puisque les joueurs sont plus rapides, plus costauds et plus forts d'année en année. De plus, la culture du football veut qu'on apprenne aux joueurs à frapper pour «faire mal». Jones a même admis publiquement, à la suite de son amende, que c'était son objectif chaque fois qu'il frappait un adversaire.

Dans la NFL, le débat est aussi à la une. Le secondeur des Steelers de Pittsburgh, James Harrison, a reçu 100 000 $ d'amendes la saison dernière en raison de plaqués jugés illégaux. Les débats ont été nombreux dans les vestiaires de football et chez les joueurs, l'opinion est partagée quant aux mesures à prendre dans de telles situations.

Certains disent que c'est la manière dont se joue le football et qu'il faut maintenir le statu quo. Ceux-ci plaident que c'est la nature même du sport et que de réduire les contacts permis aurait pour effet d'atténuer l'aspect «viril» qui caractérise le football.

Les autres, dont je fais partie, prêchent plutôt pour une certaine retenue. Les joueurs doivent réaliser les dangers auxquels ils s'exposent. Les plus récentes recherches sur les commotions cérébrales prouvent les effets dévastateurs sur la santé tant physique que mentale des joueurs (voir autre texte plus bas). Il est impératif que le monde du football prenne en compte cette réalité. À mon avis, il y a moyen de jouer avec robustesse sans pour autant compromettre la santé des joueurs ni affecter le spectacle.

Oui, j'approuve les sanctions financières ou disciplinaires qui peuvent dissuader les joueurs d'attaquer les adversaires en position vulnérable et ce, à tous les niveaux. Est-ce la solution ultime pour enrayer le problème? Non, mais c'est un début et l'envoi d'un message clair. Il faut changer la vision du sport.

Au Québec, plusieurs milliers de jeunes pratiquent le football et ce nombre est en constante progression. Seuls quelques footballeurs vivront de leur sport et même ceux qui réussissent ne joueront que pendant quelques années; la carrière moyenne est d'environ trois saisons. Modifier la culture protégera la santé des joueurs actuels, mais surtout, cela permettra de contrer les effets néfastes qui peuvent se manifester dans l'après-carrière.

La discipline peut servir de moteur dissuasif et peut prévenir d'autres incidents malheureux, mais la clé réside dans l'éducation des joueurs et des entraîneurs. Il faut réduire les contacts au minimum lors des entraînements et enseigner les techniques de plaqué adéquates.

Chez nos voisins du sud, l'Ivy League, au niveau universitaire, a d'ailleurs décidé de réduire les contacts à l'entraînement de 60% et la nouvelle convention collective de la NFL a également des prescriptions en ce sens. Bravo!

Le football est un sport de robustesse, certes. Mais c'est surtout un sport d'agilité, de vitesse et de stratégie, qui ne nécessite pas de coups violents ou dangereux pour être intéressant. Je vous assure que si les professionnels adoptent un style de jeu plus sécuritaire, les jeunes suivront et le football s'en trouvera grandi.