Après trois semaines d'activités, les Alouettes présentent une fiche parfaite. Au cours de cette période, ils ont été dominants aussi bien en défense qu'en attaque. Difficile d'en dire autant, par contre, des unités spéciales.

La situation est loin d'être catastrophique et il ne faut pas sonner l'alarme immédiatement. Mais il s'agit tout de même du point faible de l'équipe jusqu'à présent cette saison. De toutes les équipes de la Ligue canadienne, les Alouettes ont accordé le plus grand nombre de verges sur les retours de bottés de dégagement (15 verges par retour) et sur les bottés d'envoi (24,5 verges par retour).

Mais où est le problème?

Afin d'y répondre, il faut analyser la séquence des éléments-clés lors d'un botté.

La distance, la précision et le temps de suspension des bottés sont cruciaux. Si le ballon atteint le retourneur trop rapidement, il aura le temps d'analyser ses blocs et de prendre son élan. Également, plus le ballon est placé au milieu de la surface de jeu, plus le botteur laisse du terrain et de l'espace au porteur de ballon. Finalement, le ballon doit demeurer le plus longtemps possible dans les airs afin de permettre à l'unité de couverture d'encercler le retourneur et de limiter tout retour potentiel.

Ensuite vient l'étape de la couverture. Contrairement à ce que pensent bien des gens, les bottés d'envoi et de dégagement sont aussi bien planifiés que n'importe quel jeu offensif ou défensif. Ils ne sont pas aussi complexes, mais ils requièrent toujours une analyse stratégique. Chaque joueur possède une responsabilité unique et doit absolument respecter deux critères en tout temps: son couloir et sa profondeur. Le couloir que doit protéger le joueur sur l'unité de couverture est déterminé par la position des joueurs adverses ou par un point de repère prédéterminé sur le terrain. Comme un râteau, il faut ratisser le terrain de façon égale afin de ne laisser aucune faille que l'adversaire pourrait exploiter. La profondeur est établie à l'avance et sépare les joueurs en différents niveaux sur le terrain. Certains doivent attaquer à pleine vitesse pour ainsi forcer une prise de décision rapide de la part du retourneur. D'autres joueurs doivent rester un peu en retrait, agissant comme une valve de sécurité dans le cas où le retourneur réussirait à passer la première ligne d'attaque.

D'après ce que nous remarquons cette année, c'est souvent un ou l'autre de ces éléments qui fait défaut. Les bottés ne sont pas toujours à point et il est arrivé aux joueurs de dévier du plan préétabli en sortant de leur couloir ou en étant trop agressifs. Tout ceci compromet l'intégrité de la couverture et donne bien souvent des résultats fâcheux.

Chose certaine, ce n'est clairement pas un problème d'effort. Les joueurs des Alouettes ont le talent ainsi que l'acharnement requis pour accomplir le boulot et remporter les bagarres sur les unités spéciales.

Chaque saison est un processus d'apprentissage pour les joueurs qui doivent prendre conscience de leur rôle et s'y tenir. Lorsque les joueurs auront compris qu'ils cadrent dans une stratégie intégrée de 12 joueurs sur chaque jeu, les choses se replaceront. Parions qu'au moment où les unités spéciales offriront des performances au même niveau que l'attaque et la défense, il n'y aura pratiquement rien qui pourra stopper la troupe de Mark Trestman.