Quand une équipe mène par 12 points avec 95 secondes à jouer dans la Ligue canadienne de football, elle l'emporte habituellement. C'est pourquoi les Alouettes de Montréal ont bien hâte d'en découdre avec les Argonauts de Toronto, vendredi, afin de mettre une croix sur «l'incident Winnipeg».

Il y a deux semaines, Stefan Logan a franchi la zone des buts pour procurer une avance de 40-28 aux Alouettes contre les Blue Bombers. Avec 1:35 à faire, les joueurs ont commencé à célébrer sur les lignes de côté. Après tout, la défense de Noel Thorpe est l'une des meilleures, sinon la meilleure du circuit Ambrosie. Pas raison de s'en faire, non?

Les Bombers ont plutôt inscrit 13 points dans ces quelques secondes, notamment après avoir surpris les unités spéciales montréalaises avec un botté court.

«Nous en avons parlé avec les joueurs au début de la semaine. On ne s'en cachera pas: au début de la saison, l'offensive n'était pas à point. On ne marquait pas assez de points. On manquait de constance. La défensive nous a permis de garder les matchs aussi serrés, a expliqué l'entraîneur-chef Jacques Chapdelaine après l'entraînement de mercredi, au Stade olympique. Même quand on commettait un revirement, c'était comme les Marines: la défense allait sauver notre journée. Contre Winnipeg, nous menions par près de deux touchés. Avec le temps qu'il restait, peut-être que l'élément humain a pris le dessus et tout le monde s'est dit que c'était impossible que ça arrive, et nos Marines ont peut-être relâché un tout petit peu.»

Chapdelaine refuse toutefois de jeter la pierre à sa défense.

«Dans la dernière séquence offensive, quand Logan a compté, nous aurions pu éviter de sortir en touche - deux fois! Ça nous aurait avantagés d'environ 46 à 48 secondes, au moins. Si tu regardes le temps qu'il restait quand ils ont fait le botté court - 44 secondes - nous n'en parlerions même pas.

«J'ai toujours dit que tu ne perdais pas le match sur une facette de jeu seulement, mais sur l'allure du match, le déroulement des événements. C'est ce qui s'est passé. On gagne ensemble et on perd ensemble. On aurait pu aider notre défensive. Ces secondes-là nous permettent par contre de comprendre et d'apprendre. Mais nos Marines sont toujours des Marines!»

Le quart Darian Durant - très efficace lors de cette rencontre avec 27 passes complétées sur 35 pour 348 verges et deux touchés contre une interception - abondait dans le même sens.

«Nous aurions pu en faire davantage pour mettre ce match hors de leur portée, a-t-il dit. Nous avons fait des erreurs mentales, comme de sortir en touche sur la dernière séquence. Vous ne voulez jamais dire aux gars de ne pas marquer, mais si Stefan (Logan) se retrouve au sol sur cette course, on se retrouve avec une nouvelle séquence, peut-être qu'on peut mettre le genou au sol une fois... Avec le recul, on a toujours une vision parfaite. Mais je ne blâme jamais la défense. Je pense toujours à ce que l'attaque aurait pu faire pour gagner ce match.»

L'unité défensive a toujours ce revers de travers dans la gorge par contre, et elle souhaite pouvoir tourner la page une fois pour toutes contre les Argos.

«Après une défaite comme ça, vous voulez rapidement la sortir de votre système. Nous avons eu une très bonne semaine d'entraînements, à très haute intensité, a indiqué le demi de sûreté Dondre Wright, qui amorcera un premier match vendredi, en remplacement de Chris Ackie. Dès le Jour 1, on aurait dit que nous étions déjà au Jour 2. Chaque jour, l'intensité a monté d'un cran.»

Les Argos et les Alouettes s'affronteront à compter de 19 h 30 au stade Percival-Molson, vendredi.