Attaque, défense et unités spéciales. Voilà les trois facettes du jeu au football. La majorité des entraîneurs-chefs vous diront avec conviction que les unités spéciales constituent un tiers de la partie, mais seulement un nombre restreint y investira le temps nécessaire pour en faire une composante solide de son équipe.

Pour les néophytes, les unités spéciales sont responsables de chacun des jeux où un botté est exécuté: botté d'envoi, de dégagement ou de placement. Les stratégies y sont normalement plutôt simples. Il s'agit de créer une série d'affrontements à un contre un, ou deux contre un à l'occasion, entre les joueurs sur la surface de jeu. Il est donc du ressort des joueurs de gagner ces batailles afin de permettre à l'équipe d'obtenir une position avantageuse sur le terrain.

L'importance de cette troisième phase du jeu est indéniable. La guerre du positionnement sur le terrain est un aspect primordial du jeu et les unités spéciales en donnent régulièrement le ton, particulièrement au football canadien. En raison de la règle des trois essais, les bottés de dégagement sont en effet beaucoup plus fréquents qu'au football américain.

C'est un secret de polichinelle que les unités spéciales des Alouettes constituent le maillon faible de l'équipe depuis quelques saisons. Néanmoins, l'équipe montréalaise a réussi à connaître du succès grâce à une attaque dévastatrice et une défense généralement solide. Cette année, avec une attaque moins dominante et une défense qui cherche toujours à se forger une identité, les lacunes des unités spéciales sont encore plus notables.

Les retourneurs ont souvent été montrés du doigt pour les piètres retours de botté chez les Alouettes. Mais peut-on vraiment demander à Tim Maypray, Trent Guy ou encore Noel Devine de déjouer cinq ou six joueurs si leurs coéquipiers perdent leurs batailles devant eux, comme c'est trop souvent le cas chez les Moineaux? Même Deion Sanders n'y parviendrait pas!

Trop de chapeaux pour un entraîneur

Les Alouettes investissent-ils vraiment dans les unités spéciales comme ils semblent le prétendre? Je n'en suis pas certain.

D'une part, l'équipe s'est départie de la plupart de ses meilleurs joueurs dans les unités spéciales au cours des dernières années. Que l'on pense à Walter Spencer, Kitwana Jones, Ramon Guzman ou Mike Giffin, par exemple.

D'autre part, depuis le départ de Scott Squires en 2009, personne n'a reçu le titre d'entraîneur exclusif des unités spéciales (à l'exception du très bref passage de Richard Kent en 2010). C'est donc Andy Bischoff qui cumule les rôles d'entraîneur des demis offensifs et d'entraîneur des unités spéciales en plus de voir à la logistique organisationnelle de l'équipe au quotidien.

Bischoff est un entraîneur de qualité et une personne encore plus extraordinaire, mais on lui demande d'accomplir l'impossible.

Entraîner les unités spéciales exige d'analyser chacun des joueurs des équipes adverses afin de dénicher les confrontations avantageuses et les stratégies optimales lors d'une rencontre. Également, l'entraîneur des unités spéciales doit pouvoir insuffler de la fierté à son groupe, lui rappeler l'importance de cette facette du jeu et motiver les joueurs à participer activement à la préparation des stratégies employées.

À mon avis, il est primordial que le groupe d'entraîneurs d'une équipe de football canadien compte dans ses rangs une personne attitrée uniquement aux unités spéciales

Demain, les Argonauts seront les adversaires des Alouettes au stade Percival-Molson. L'équipe torontoise compte des unités spéciales solides pilotée par l'ancien joueur étoile Mike O'Shea et possède un retourneur extraordinaire en Chad Owens. Marc Trestman a mentionné que ses unités spéciales avaient offert une meilleure performance lors du match contre les Tiger-Cats de Hamilton, samedi dernier. Il faudra voir si cette progression se poursuivra.