La patience de Paul Woldu a été mise à rude épreuve depuis qu'il s'est joint aux Alouettes, en 2008. En raison des nombreuses blessures dans la tertiaire de l'équipe, le demi de coin canadien a enfin l'occasion de démontrer ce qu'il peut faire.

Woldu et l'Américain Greg Laybourn se sont partagé le poste de demi de coin du côté large lors des trois derniers matchs des Oiseaux. Et jusqu'à présent, on ne peut certainement pas dire que Woldu paraît mal, bien au contraire. Le natif de Regina a réussi quelques beaux jeux, la semaine dernière à Winnipeg, et semble presque toujours en bonne position sur le terrain.

«J'estime avoir démontré que je possédais les habiletés afin d'être un joueur partant dans cette ligue, à une position qui est rarement occupée par un Canadien. Sauf erreur, je crois même être le seul demi de coin canadien partant de la ligue présentement, et j'en soutire une certaine fierté», a dit Woldu, hier.

Au cours des dernières saisons, les Alouettes ont souvent préféré des joueurs américains à Woldu lorsque l'un de leurs demis défensifs se blessait. Woldu aurait pu facilement se décourager. Il a plutôt choisi l'option du verre à moitié plein.

«Je m'entraîne quotidiennement en affrontant l'une des meilleures attaques de l'histoire de la ligue, qui est menée par l'un de ses plus grands quarts-arrière. L'expérience que j'ai acquise à titre de réserviste est peut-être plus profitable que celle que j'aurais pu obtenir en étant un partant dans une autre équipe.»

En jetant un coup d'oeil autour de lui, Woldu peut constater que la patience finit souvent par rapporter. Certains joueurs connaissent actuellement du succès après avoir attendu leur tour pendant plusieurs années.

«S.J. Green a fait partie de notre équipe de développement pendant trois ans, et Brandon Whitaker a été remercié trois fois à sa première saison avec l'équipe», fait remarquer Woldu.

Cela dit, la patience a ses limites, et Woldu croit qu'il mérite dorénavant d'être un membre régulier de la défense. C'est la seule façon de voir les choses, selon lui.

«Je dois démontrer que je suis capable de bien jouer et que je veux conserver le poste. Sinon, ça ne servirait à rien d'être ici. Je ne veux pas que les Alouettes me paient à ne rien faire», affirme celui qui écoule actuellement la dernière année de son contrat.

Un joueur instinctif

Opposé au géant Greg Carr, des Blue Bombers, le 30 septembre, Woldu a très bien joué. Marc Trestman pense même qu'il a remporté sa bataille individuelle contre Carr.

«Il connaît bien notre défensive et on est à l'aise avec le fait qu'il soit partant. Il devait couvrir leur receveur principal ce soir-là et il l'a très bien fait. Il a notamment réussi un jeu d'une très grande importance en rabattant une passe», a souligné l'entraîneur-chef.

«Il n'est certainement pas le plus imposant, mais c'est un joueur instinctif, qui est toujours près du ballon et qui réussit des jeux. Est-il parfait? Aucun joueur ne l'est. Il commettra des erreurs comme tout le monde, mais je pense qu'il progresse bien», a affirmé Trestman.

«Je ne suis pas le plus grand ou le plus gros, alors il est critique pour moi de bien maîtriser le jeu et d'avoir un bon sens de l'anticipation. Ça fait quatre ans que je suis ici et les occasions de démontrer ce que je peux faire sont rares. Lorsqu'elles passent, je dois les saisir.»

C'est ce que cet ancien champion provincial de lutte amateur semble en voie de faire. Ne pesant que 165 livres, Woldu croit d'ailleurs que son expérience de lutteur lui sert bien au football.

«Je n'ai lutté que pendant un an, mais j'ai été classé deuxième au pays dans ma catégorie (110 livres). Le football m'a aidé pour la lutte, puis la lutte m'a aidé pour le football», a-t-il expliqué.

Intelligent, combatif, instinctif, studieux et confiant. Qu'il soit canadien ou pas, Woldu mérite sa place dans la défense régulière, une opinion qu'il partage. «Je pense que je peux jouer aussi bien qu'un Américain», dit-il.