Étienne Boulay est un homme occupé, dernièrement. Sa participation à l'émission Le défi des champions est prenante; sa fiancée Zoey Gulmi-Landy donnera naissance au premier enfant du couple dans quelques mois; et le maraudeur se prépare déjà en vue de sa sixième saison chez les Alouettes.

Ce sixième tour de piste, c'est sans son grand complice et rival Matthieu Proulx que Boulay le parcourra. Le poste de maraudeur régulier ayant été partagé par les deux joueurs au cours des trois dernières saisons, il devrait maintenant logiquement appartenir à Boulay. Non?

«Je ne peux pas penser de cette façon. L'équipe a embauché Tad Crawford, et je suis convaincu qu'il y aura d'autres candidats pour le poste au camp d'entraînement. Marc Trestman aime lorsqu'il y a beaucoup de concurrence dans l'équipe», observe Boulay, qui était pourtant bien établi à titre de partant avant de partir pour son essai avec les Jets de New York, en 2008.

«Si on m'avait dit que les choses se dérouleraient ainsi lorsque je suis revenu de New York, je ne l'aurais pas cru. J'étais clairement le partant quand Chris Jones (coordonnateur défensif) était ici, mais c'est devenu davantage une compétition avec l'arrivée de Trestman.»

Comme n'importe quel autre joueur, Boulay aurait préféré jouer davantage au cours des dernières années. Il estime par contre que ce fut une expérience formatrice et très profitable.

«Matthieu a saisi sa chance lorsque j'étais à New York en élevant son niveau de jeu d'un cran. J'ai donc dû faire la même chose à mon retour. Je ne serais pas un aussi bon joueur s'il n'y avait pas eu cette concurrence.»

Dorénavant, Boulay sera en concurrence avec Crawford, qu'il a rencontré par l'entremise de Davis Sanchez lors des Jeux d'hiver de 2010, à Vancouver. «Il a l'air d'un bon vivant, un gars sérieux, mais qui est capable d'avoir du plaisir. Je pense que je vais bien m'entendre avec lui.»

Même si son temps d'utilisation était limité, Boulay a établi un sommet en carrière avec quatre interceptions, en 2010, et a connu sa meilleure saison depuis que Trestman dirige l'équipe. Âgé de 28 ans, il fait maintenant partie des principaux vétérans du club. Son rôle dans l'équipe n'aura probablement jamais été aussi grand qu'il le sera à compter de juin.

«Il n'y a pas de substitut à l'expérience. Alors c'est certain que je me sens plus comme un vétéran - on a remporté deux championnats, et j'ai cinq saisons derrière moi. Mais je ne changerai pas parce que Matthieu est parti, je vais rester le même gars. Je n'essaierai pas de le remplacer.»

Proulx et Boulay ne se divisaient pas seulement le travail sur le terrain. Ils étaient également les deux joueurs les plus sollicités par les médias - à l'exception d'Anthony Calvillo. Une personne plus timide aurait pu avoir des appréhensions à la suite du départ de Proulx. Or, ce n'est pas le cas de Boulay, qui ne craint pas du tout de devenir le «Québécois de service».

«Je ne pense pas que j'aurai deux fois plus de demandes d'entrevue parce que Matthieu n'est plus là. De toute façon, cette partie du travail ne me dérange pas. J'aime ça, et ça me fait plaisir de le faire. Les médias ont toujours été très gentils avec moi.»

De six à huit autres saisons

La retraite de Proulx changera le rôle et les responsabilités de Boulay chez les Alouettes. La décision de son ami lui a aussi rappelé qu'il y avait une date d'expiration à sa propre carrière. «C'est inévitable d'y songer. On a passé cinq années inoubliables, et le temps a filé tellement vite. Ça m'a fait réfléchir à mon avenir, à ce qui m'attend après ma carrière. Mais j'espère que ça ne sera pas avant plusieurs années encore (la retraite)», ajoute-t-il.

«Dans un monde idéal, j'aimerais jouer de six à huit autres saisons. Je me sens bien, et j'ai encore beaucoup de plaisir. Et j'ai toujours dit que je continuerais de jouer aussi longtemps que mon niveau de jeu demeurerait bon et que je m'amuserais.»

Pour l'instant, Boulay s'amuse au Défi des champions - même si sa participation à l'émission de TVA nécessite beaucoup de temps et d'énergie.

«C'est énormément de travail! C'est difficile physiquement, mais c'est intéressant de découvrir de nouvelles choses. Les athlètes s'entendent bien, et tous nos entraîneurs sont très bons. C'est une belle aventure.»