Un juge manitobain se demande si les stades devraient réglementer les ventes de bière pour assurer la sécurité des spectateurs.

Cette question figure parmi celles ayant été soulevées par les quelque 50 témoins s'étant succédés à la barre d'une enquête qui aura duré 15 mois et qui a été déclenchée à la suite de la mort accidentelle d'un spectateur.

En août 2006, Andrew Szabo a fait une chute mortelle du haut des gradins du stade Canada Inns, où il était venu assister à une partie des Blue Bombers de Winnipeg, une équipe de la Ligue canadienne de football (LCF).

L'un des avocats de la LCF et des Blue Bombers a plaidé qu'il s'agissait d'un accident qui n'aurait pu être empêché par une réglementation plus stricte sur la vente d'alcool. Selon Me Bob Sokalski, des millions de personnes ont monté et descendu les marches de ce stade depuis des années.

La chute de M. Szabo, a-t-il affirmé, était un événement «unique et extraordinaire» qui n'aurait pu être prévu.

Andrew Szabo, âgé de 52 ans, était alcoolique. Son épouse Barbara l'a confirmé dès le début des audiences, l'an dernier. Par contre, il ne semblait pas en état d'ébriété ce jour-là, avait-t-elle noté.

Avant le début de la partie, il a trébuché, déboulé les marches et s'est écrasé sur le béton plusieurs mètres plus bas. Il a été déclaré mort à l'hôpital quelques heures plus tard, des suites d'une hémorragie interne et d'une fracture du pelvis.

Les résultats des tests sanguins, réalisés cinq heures après la chute, sont venus contredire les allégations de Barbara Szabo. Ils étaient cinq fois supérieurs à la limite légale permise pour la conduite - un taux que l'on atteint après avoir consommé 12 bières, ou l'équivalent en boisson fortement alcoolisée.

Andrew Szabo avait consommé l'essentiel de cette quantité à la maison. Au stade, avant la partie, il avait bu deux bières avant sa chute fatale.

Malgré tout, la juge de la cour provinciale, Mary Kate Harvie, a demandé aux avocats représentant les deux parties de se prononcer sur la nécessité, pour les Blue Bombers, d'imposer des restrictions en ce qui concerne la vente de bière. Actuellement, la seule restriction consiste à empêcher les consommateurs d'acheter plus de deux bières à chaque visite au comptoir.

Bob Sokalski a rejeté l'idée. Selon lui, les vendeurs sont entraînés pour détecter l'état d'ébriété des clients et peuvent refuser de servir ceux qui sont ivres.

«Personne, y compris sa femme (de M. Szabo) n'avait détecté l'état d'ébriété de l'homme», a-t-il souligné.

La juge, qui se questionne aussi sur la nécessité d'imposer des normes de construction plus strictes, devrait rendre compte de ses conclusions dans la première moitié de l'année 2011.