Ça semble assez limpide, ou bien Larry Smith a été congédié de son poste de président des Alouettes, ou bien c'est le sort qui l'attendait au cours des prochaines semaines.

Le moment choisi pour annoncer sa démission - à l'aube des éliminatoires - était particulièrement étrange, et l'absence du propriétaire Robert Wetenhall à la conférence de presse parlait d'elle-même.

Lorsque les rumeurs de congédiement de Smith ont commencé à circuler, en août dernier, ce même Wetenhall s'était abstenu de tout commentaire lors d'un entretien avec La Presse sur la galerie de presse du stade Percival-Molson. On lui avait offert une occasion en or de se porter à la défense de son président et le propriétaire des Alouettes ne l'avait pas saisie.

On sait déjà que Wes Smith, le fils de Larry, a été congédié, alors que publiquement, on parlait plutôt de démission. Wetenhall était extrêmement insatisfait du rendement financier de son équipe, autant du point de vue de la location des loges corporatives que des ententes commerciales. La Presse a également appris que le propriétaire a investi beaucoup plus d'argent de sa poche qu'il était d'abord prévu dans le projet d'agrandissement du stade Percival-Molson.

Au final, ce sont les mauvais résultats financiers de l'équipe qui ont mené au départ de Smith, mais il y a eu d'autres facteurs. Certains membres de l'organisation considéraient que le président des Alouettes agissait comme si l'équipe lui appartenait. C'est d'ailleurs en raison de la présence de Wes dans un rôle administratif, de son autre fils, Brad, à titre de receveur, et de son gendre Damon Duval au poste de botteur, que les Alouettes étaient surnommés les «Larry Smith de Montréal» dans l'entourage du club.

La relation difficile entre Smith et le directeur général Jim Popp n'a également pas aidé sa cause. Les deux hommes ont beau répéter qu'il n'y avait aucun problème entre eux, c'est loin d'être la réalité décrite par plusieurs sources. Lorsque Popp se faisait démolir sur la place publique, alors qu'il était l'entraîneur-chef de l'équipe en 2007, Smith ne s'est jamais porté à sa défense. Et ça, le DG des Alouettes ne l'a jamais digéré.

Une autre source a également soutenu que Popp et Smith n'étaient pas d'accord au sujet de l'embauche du nouvel entraîneur-chef de l'équipe, en 2008. Popp préférait Marc Trestman, tandis que Smith aurait aimé que ce soit un entraîneur avec de l'expérience dans la LCF qui obtienne le poste (Marcel Bellefeuille, Greg Marshall ou Chris Jones). Finalement, Wetenhall a tranché en faveur de Trestman.

Ça fait longtemps qu'il y a deux équipes en une chez les Alouettes. Il y a celle du centre-ville, responsable des questions administratives et commerciales, et celle du Stade olympique, où sont prises les décisions en rapport au football. Les deux groupes ont réussi à cohabiter pendant plusieurs années, mais la tension était palpable.

Popp a obtenu une prolongation de contrat de quatre saisons, cet été, alors que Smith s'est fait indiquer la porte de sortie. Au bout du compte, les succès de l'équipe étaient meilleurs sur le terrain qu'à l'extérieur.

Oublier les anciens joueurs

Wetenhall et les Alouettes n'ont toujours pas pris de décision quant à l'éventuel successeur de Smith. Or, les chances qu'il s'agisse d'un ancien joueur de l'équipe sont à peu près nulles. «Je tomberais sur le dos si c'était le cas», a exprimé l'un de nos espions au fait du dossier.

Les noms de Pierre Vercheval, Éric Lapointe et Jock Climie ont été mentionnés dans différents médias au cours des derniers jours, mais l'organisation est plutôt à la recherche d'une personne qui possède beaucoup d'expérience dans le monde des affaires et qui jouit d'une bonne réputation dans ce milieu. La possibilité que deux personnes se partagent le travail n'a également pas été éliminée.

Selon cette même source, l'organisation aimerait que le nouveau président puisse développer et entretenir une bonne relation avec la famille Molson et le Canadien de Montréal, ce qui n'a pas toujours été le cas pendant le règne de Smith.

Si l'on se fie à ces critères d'embauche, la suggestion de mon collègue Réjean Tremblay dans notre édition de mardi a énormément de sens. S'il est intéressé par le poste, Pierre Boivin nous semble le candidat parfait.

Un rôle important

Ses décisions n'ont pas toujours porté leurs fruits, et sa personnalité n'a pas toujours fait l'unanimité. Cela dit, Larry Smith a joué un rôle important dans le développement et la santé du football au Québec, personne ne pourra le nier.

Ne serait-ce que pour ces raisons, les Alouettes ne lui ont pas démontré beaucoup de respect lors de la conférence de presse qui a annoncé son départ, lundi. Le divorce était devenu imminent, c'est évident. La présence de Wetenhall aurait cependant été la moindre des choses - même s'il a mal au portefeuille.