Avant le fameux débat «Carey Price ou Jaroslav Halak» avec le Canadien, il y avait déjà l'éternelle compétition entre les maraudeurs Matthieu Proulx et Étienne Boulay chez les Alouettes. Ça fait quatre ans qu'elle dure et compte tenu des bonnes performances de Boulay depuis un mois et du retour au jeu de Proulx, vendredi, elle est une fois de plus d'actualité.

Blessé à la cuisse droite lors du deuxième match de la saison, à Edmonton, Proulx affrontera les Roughriders de la Saskatchewan, vendredi soir. Le coordonnateur défensif Tim Burke a cependant confirmé que Boulay demeurerait le partant au poste de maraudeur.

«Étienne amorcera le match mais les deux joueront. Matthieu sera toutefois utilisé pour un nombre substantiel de jeux et ils seront sur le terrain en même temps à l'occasion», a indiqué Burke, qui a par la suite fait savoir que Proulx reprendrait son poste de partant tôt ou tard.

«Il devra travailler fort afin d'y arriver mais il redeviendra notre partant. Cela étant dit, Étienne a très bien joué pendant son absence, de sorte que les deux joueront beaucoup pendant le reste de la saison. Ce n'est probablement pas une situation qui les enchante, mais pour l'équipe, c'est une bonne chose.»

Boulay a probablement disputé son meilleur football depuis 2007 au cours du dernier mois. Il a réussi une interception et a administré plusieurs percutants coups d'épaule, qui sont devenus sa marque de commerce.

«Étienne pourrait être le maraudeur régulier de plusieurs équipes de la ligue», a mentionné Burke, hier.

Le grand responsable de la défense montréalaise estime cependant que Proulx maîtrise remarquablement bien son système de jeu. «C'est probablement à ce niveau que Matthieu détient un léger avantage sur Étienne. Il possède un peu plus d'expérience et est extrêmement intelligent. Cela ne veut pas dire qu'Étienne ne l'est pas, bien au contraire. Il a fait du très bon travail dans le positionnement des joueurs de la tertiaire au cours des quatre derniers matchs. Matthieu est un joueur cérébral, tandis qu'Étienne est probablement un meilleur athlète, très rapide et physique.»

Si Proulx maîtrise aussi bien le jeu, c'est grâce à son amour du ballon ovale.

«J'ai une capacité d'apprendre et d'analyser rapidement, et j'ai une passion pour la science du football. Je crois que c'est pour cette raison que je me suis rendu à ce niveau, j'aime apprendre les systèmes de jeu et étudier les attaques», a-t-il raconté.

Or, plusieurs observateurs sont d'avis que Boulay connaît ses meilleurs moments depuis son retour des Jets de New York, il y a deux ans.

Boulay, qui dispute sa cinquième saison dans la LCF, croit que les dernières semaines lui ont été très bénéfiques. «De pouvoir disputer tous les jeux dans les matchs et les entraînements pendant l'absence de Matthieu m'a beaucoup aidé. Ça m'a permis de reprendre confiance et de retrouver mon rythme de 2007. Je pense que j'ai le vent dans les voiles en ce moment, et il faudra que ça continue, même si on devra maintenant alterner.»

De la façon dont il joue dernièrement, Boulay n'a peut-être pas encore atteint son apogée, même s'il est âgé de 27 ans.

«J'ai encore un apprentissage à faire. Je me sens bien physiquement, mais je pense que je peux encore m'améliorer», a-t-il convenu.

Tannés d'en parler

Leur compétition ne déchaîne pas autant les passions que ne le faisait celle entre Halak et Price mais les deux maraudeurs québécois sont tout de même las d'en parler.

«Ça fait cinq ans qu'on en parle, alors on est tannés. Mais c'est notre réalité. On est deux Québécois, deux joueurs qu'on voit souvent... Ce serait peut-être différent si je ne m'étais pas blessé 18 fois au cours de ma carrière», a expliqué Proulx.

«On possède deux maraudeurs partants dans notre équipe. C'est sûr que j'aimerais être sur le terrain pour tous les jeux mais lorsqu'on est en santé, on alterne», a dit Boulay.

La situation que vivent les deux maraudeurs serait probablement plus difficile si leur communication n'était pas aussi bonne.

«Ça rend le quotidien plus facile parce qu'on n'a pas l'impression qu'on se joue dans le dos. On communique bien, et on est très conscients qu'on veut la même chose: obtenir tout le temps de jeu. On n'est pas aveugles et on ne joue pas à l'imbécile. La réalité, c'est que je veux être le joueur partant et c'est la même chose pour Étienne», a commenté Proulx.

«Qu'on soit des amis ou pas, on est deux gars compétitifs, et on veut être sur le terrain en tout temps. Ça nous permet toutefois d'avoir une bonne communication et de pouvoir se dire ce qu'on pense. Mais ça reste frustrant de ne pas pouvoir disputer tous les jeux», a conclu Boulay.