Les Alouettes ont déjà concédé 12 sacs de plus qu'à pareille date l'an dernier. La priorité de l'équipe devient évidente: protéger le quart.

Les Alouettes auraient sûrement préféré qu'on leur cause de l'excellente performance de Damon Duval, mais hier, les méchants journalistes voulaient plutôt savoir ce qui se passe en protection - et dans la fameuse zone payante.

C'est ce qui arrive lorsqu'on concède 12 sacs de plus que l'année précédente à ses quatre premiers matchs de la saison. Ou quand l'attaque passe l'équivalent de presque deux matchs sans inscrire un touché. Les partisans veulent mieux comprendre, alors les méchants journalistes doivent poser des questions, au risque d'irriter au passage quelques joueurs de 300 livres.

Les Alouettes ont permis 13 sacs jusqu'à présent, et au moins trois à chacun de leurs quatre matchs - ils en avaient accordé un seul après quatre rencontres, l'été dernier. En plus, Anthony Calvillo a été frappé solidement lors de plusieurs jeux qui ne se sont pas terminés par un sac.

À commencer par l'entraîneur de l'unité, Jonathan Himebauch, les membres de la ligne n'ont donc pas besoin de quiconque pour leur expliquer que leur rendement a été inégal au cours du premier mois de la saison.

«Évidemment, on ne veut pas qu'Anthony se fasse frapper, et sa protection est au sommet de nos priorités. Mais il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. Ça peut être en raison du plan de match de la défense adverse; des erreurs de nos joueurs de ligne; des receveurs qui se trompent de tracés; du quart-arrière qui garde le ballon un peu trop longtemps», a rappelé Himebauch.

Le front défensif des Tiger-Cats de Hamilton en a donné plein les bras à l'attaque des Oiseaux, jeudi soir, notamment au deuxième quart. La défense de Greg Marshall s'est d'ailleurs attiré les éloges de ses rivaux.

«Il faut donner crédit à la défense des Tiger-Cats, elle a été très créative avec ses blitz, et ça n'a pas été facile pour nous de les bloquer», a analysé Calvillo.

«On s'attendait à beaucoup de permutations, mais on n'a pas nécessairement eu le temps de bien s'entraîner. C'est une chose de le voir à l'écran, mais ce n'est jamais comme sur le terrain. On voyait qu'ils étaient rapides en les étudiant, mais on a peut-être été un peu surpris par leur vitesse», a raconté le garde Luc Brodeur-Jourdain, qui a convenu que son groupe devait élever son niveau de jeu.

«Compte tenu que la communication était extrêmement difficile sur le terrain, en Saskatchewan, je pense qu'on a bien commencé la saison. Mais par la suite, il faut avouer qu'on a connu des moments difficiles en protection - à certains moments isolés du match. On a un défi devant nous au niveau de la protection et on en est conscients», a dit Brodeur-Jourdain.

L'autre garde régulier de l'équipe, Scott Flory, a cependant souligné que l'attaque des Alouettes s'exposait davantage aux sacs que la majorité des autres du circuit.

«On lance beaucoup de passes dans notre attaque, notre protection va donc flancher de temps à autre. Concéder des sacs n'est jamais une bonne chose, mais on travaille fort, on essaie de corriger nos erreurs, et on va apporter les ajustements nécessaires», a commenté le meilleur joueur de ligne d'attaque du circuit en 2008 et 2009.

Comme tous les joueurs de ligne offensive, Flory ne semble pas particulièrement apprécier qu'on revienne constamment sur le nombre de sacs concédés par le quintette. Ces hommes forts estiment qu'on ne parle d'eux que lorsque le quart-arrière se retrouve sur le dos.

«Le nombre de sacs qu'on accorde est la seule statistique qui est analysée lorsqu'il s'agit de la ligne à l'attaque. Le reste du temps, on fait notre travail dans l'anonymat», a d'ailleurs bien résumé Himebauch.

En bon joueur d'équipe qu'il est, Calvillo a pris une partie du blâme, hier. «Dans l'ensemble, la ligne d'attaque a été très solide. Je devrai lancer le ballon plus rapidement dans certains cas», a dit le quart-arrière.

Calvillo a raison: la ligne d'attaque ne joue pas mal. Mais elle a connu des difficultés pendant une partie de la plupart de ses matchs, avant de finalement retrouver son aplomb.

«Heureusement, on compte sur des vétérans qui savent apporter les ajustements nécessaires en cours de route», a noté Himebauch, qui a également précisé que les défenses adverses étaient très bien préparées à les affronter jusqu'à présent.

«Les coordonnateurs défensifs ont élaboré d'excellents plans de match, surtout au cours des deux dernières semaines. Ils ont fait appel à des formations qu'on n'avait pas nécessairement vues.»

Calvillo a également remarqué que les défenses sont moins passives qu'au cours des dernières saisons dans la LCF.

«Plusieurs équipes emploient le blitz plus souvent et utilisent une couverture sans demi de sûreté dans les zones profondes (cover zero). C'est frappant lorsqu'on regarde les matchs à la télé. C'était comme ça il y a quelques années et c'est une tendance qui est de retour en vogue», a expliqué le joueur-étoile.

Trop d'occasions ratées

Outre la protection du quart, l'élément qui cloche au sein de l'attaque est son improductivité à la porte des buts. Les Alouettes ont dû se contenter de six tentatives de placement avant d'enfin franchir la zone payante, jeudi.

«C'est une combinaison de facteurs. On n'a pas réussi certains jeux, mais au bout du compte, on l'a fait lorsque c'était vraiment nécessaire, au quatrième quart. C'est ce qui est encourageant, on joue bien au quatrième quart. On commet moins d'erreurs, et on a de bonnes séries en attaque. Faut maintenant le faire pendant 60 minutes», a indiqué Calvillo, qui a par contre une explication pour le début de campagne un peu laborieux de l'attaque.

«En début de saison, on ne sait pas trop à quoi s'attendre des défenses. Or, ça devient de plus en plus facile de se préparer à les affronter, car on a plus de matchs qu'elles ont disputés sous la main», fait-il remarquer.

«Cela dit, on sait qu'on peut mieux jouer, surtout en attaque. On joue assez bien pour l'emporter, mais on n'a pas encore trouvé notre rythme. Lorsque tout tombera en place, notre attaque devrait toutefois être dominante», croit Calvillo.