Aucune autre équipe de la LCF n'a effectué plus de changements que les Argonauts pendant la saison morte, ce qui était fort prévisible. Toronto n'a gagné que sept de ses 36 matchs depuis deux ans, et vient de connaître sa pire saison depuis 1981 (3-15).

Et la partie la plus importante de la métamorphose aura certainement été la vente de l'équipe à David Braley, qui possède également les Lions de la Colombie-Britannique. Que Braley soit maintenant le propriétaire de deux équipes ne semble pas trop indisposer la Ligue canadienne et son commissaire, Mark Cohon.

«On sait très bien que toute interaction entre les deux équipes sera scrutée à la loupe par certaines personnes, mais je peux vous assurer qu'on sera deux fois plus vigilants qu'eux. On se réserve le droit d'apposer un veto à toute transaction entre les deux organisations», a commenté Cohon lorsque la vente a été conclue.

L'organisation torontoise n'a cependant pas attendu le transfert avant de remercier l'entraîneur-chef Bart Andrus, qui n'aura passé qu'une saison dans la Ville reine. Une de trop, diront les mauvaises langues.

Si les Argos espéraient dupliquer le succès qu'ont connu les Alouettes avec Marc Trestman en embauchant Andrus, ils ont vite déchanté. Les deux hommes ont passé plusieurs années dans la NFL, c'est vrai, mais la différence, c'est qu'on avait déjà entendu parler de Trestman avant qu'il n'arrive au Canada.

Le mandat de relancer les Argonauts reviendra à Jim Barker, un vétéran de la LCF qui a dirigé ces mêmes Argos en 1999, et les Stampeders de Calgary en 2003. S'il possède une riche expérience dans la LCF, il n'en demeure pas moins que Barker a une fiche de 14-22 comme entraîneur-chef. Or, son arrivée permettra minimalement à l'organisation d'être prise au sérieux, ce qui est déjà une amélioration.

Mike O'Shea et Orlondo Steinauer, deux anciens joueurs des Argos, entameront quant à eux leur deuxième carrière, le premier dans le rôle d'entraîneur des unités spéciales, le second en tant qu'entraîneur de la tertiaire.

Notons également la nomination de Jaime Elizondo aux postes de coordonnateur à l'attaque et d'entraîneur des quarts, lui qui s'était attiré quantité d'éloges alors qu'il dirigeait les receveurs des Alouettes en 2008. Son énergie servira la cause de l'attaque des Argonauts, qui a peut-être été l'une des pires de l'histoire du football professionnel en 2009.

Quatre nouveaux quarts-arrières

À un certain moment cet hiver, on ne retrouvait plus un seul quart-arrière dans la formation régulière des Argos. Puis, Barker a fait le plein en l'espace de quelques semaines alors qu'il en a embauché quatre. Le problème, c'est qu'aucun d'eux ne possède de l'expérience dans la LCF.

Dalton Bell était le troisième quart des Roughriders de la Saskatchewan la saison dernière, mais n'a pas joué; Gibran Harndan et Cleo Lemon s'amènent au Canada après des passages plus ou moins fructueux dans la NFL; la recrue Danny Brannagan tentera quant à lui de démontrer qu'un passeur canadien peut obtenir un poste dans une ligue professionnelle.

Du lot, Lemon est le plus connu, ayant commencé huit matchs avec les Dolphins de Miami en 2007 et 2008. Sa fiche de 1-7 dans ces matchs est cependant là pour tempérer l'enthousiasme...

Brannagan a mené les Golden Gaels de l'Université Queens à la conquête de la Coupe Vanier l'an dernier. La mécanique de ses relais est peu orthodoxe et il n'est pas très grand pour un quart-arrière (6'0), mais les passes de Brannagan sont généralement précises et sa force de bras est adéquate.

Reste à voir s'il saura bien s'acclimater au jeu professionnel. S'il y parvient, il y a fort à parier que Brannagan passera sa première saison dans l'équipe de développement.

Après Picard, au tour de Marcoux-Gagné

Pour une deuxième fois en autant d'années, les Argonauts ont embauché un jeune joueur québécois afin d'améliorer leur ligne à l'attaque. Cédric Marcoux-Gagné a imité Dominic Picard en acceptant une offre des Argos alors qu'il profitait d'une pleine autonomie.

L'ancien des Alouettes et des Stampeders, Jeremaine Copeland, a été obtenu par voie de transaction en février, et les Argos espèrent qu'il ajoutera un peu de punch à un groupe de receveurs qui en manquait cruellement en 2009.

Tous ces changements réussiront-ils à redonner une certaine pertinence à ce qui est considéré comme l'une des plus prestigieuses équipes de la LCF? Car même si la compétition et la menace de la NFL n'aident pas la cause des Argos, il est indéniable que le triste spectacle qu'ils offrent sur le terrain constitue l'élément central du désintéressement progressif des Torontois à l'endroit de leur équipe professionnelle. Et qu'on le veuille ou non, la LCF a grandement besoin de Toronto, probablement plus que Toronto a besoin de la LCF.

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