Heureusement que les Alouettes ont des joueurs qui possèdent beaucoup d'expérience au sein de leur ligne à l'attaque parce que leur patron change souvent. Jonathan Himebauch est leur troisième entraîneur en autant de saisons.

En provenance de l'Université San Diego State, où il a supervisé le travail de la ligne à l'attaque pendant trois ans, Himebauch tentera de maintenir la qualité de jeu du quintette montréalais au même niveau que pendant le bref passage du très apprécié Vince Martino, qui a quitté l'équipe cet hiver en raison d'un problème de santé.

Himebauch a occupé le même poste avec les Stampeders de Calgary en 2003 et il a porté les couleurs des Argonauts de Toronto alors qu'il était lui-même un joueur de ligne, de sorte qu'il connaît bien le football canadien.

Bien qu'il ait participé à quelques camps dans la NFL, Himebauch a surtout joué au football professionnel au Canada, en Europe, et dans la XFL de Vince McMahon. C'est d'ailleurs avec l'Xtreme de Los Angeles qu'il a rencontré Scott Milanovich, coordonnateur à l'attaque des Alouettes et grand responsable de sa venue à Montréal. Himebauch connaissait également Marc Trestman avant d'arriver au Québec.

«Marc m'a retranché chez les Cards de l'Arizona! a-t-il lancé, hier. Je venais de terminer ma carrière à USC et j'avais été invité au camp d'entraînement des Cardinals. Je n'étais qu'un simple joueur autonome, tout simplement heureux d'être là, mais je me souviens que le coordonnateur à l'attaque (Trestman) avait pris le temps de venir luncher avec moi.

«Avec le recul, j'ai réalisé que je n'étais qu'un corps de plus qui ne servait que pour le camp d'entraînement. Je n'avais pas le physique pour jouer dans la NFL. Marc dit qu'il se souvient vaguement de moi, ce qui est très bien... S'il s'était précisément souvenu de mon jeu, ça n'aurait peut-être pas été une si bonne chose pour moi.»

Pour les vétérans de la ligne à l'attaque, c'est donc un autre retour sur les bancs d'école. Même si Himebauch ne chambardera rien du système mis en place l'été dernier, il n'en demeure pas moins qu'il a son propre procédé.

«Il insiste beaucoup sur la technique, note Bryan Chiu. Ce qu'il recherche avant tout, c'est un effort soutenu et une bonne technique. Ça met les plus vieux joueurs comme moi au défi, et c'est correct. Mais je mentirais si je disais que c'était facile.»

Paul Lambert reconnaît lui aussi que le début du camp est exigeant, mais il juge que c'est un mal nécessaire.

«C'est un peu raide, on travaille fort, mais on va récolter les bénéfices dans un mois ou deux. C'est toujours difficile au camp d'entraînement, mais c'est moins pire que l'année dernière parce qu'on utilise le même système, on ne repart pas à zéro. Il (Himebauch) exige un bon rythme, un bon jeu de pieds et un bon positionnement de mains. Il veut faire sa marque avec nous, et c'est normal», dit le garde.

Himebauch comprend que ses joueurs vivent une transition, mais il semble généralement satisfait d'eux. «Tous les entraîneurs ont leurs propres méthodes, mais on possède un excellent système offensif, alors je m'y suis adapté, a-t-il confié. On a un bon mélange de joueurs ici, de bons vétérans et de jeunes qui poussent. En regardant les matchs de la saison dernière, j'ai rapidement constaté que la ligne fournissait toujours un bon effort, qu'elle connaissait bien les défenses adverses, et qu'elle formait un groupe fier.»

L'analyse de Woodruff

Parmi les jeunes qui poussent, il y a Andrew Woodruff, repêché en deuxième ronde en 2008 et utilisé à plusieurs positions depuis le début du camp.

«Je pense que j'ai plusieurs choses à améliorer, mais si je travaille fort et si je m'adapte bien à la vitesse du jeu, mes chances de demeurer avec l'équipe seront bonnes», analyse Woodruff, qui a disputé sa carrière universitaire à Boise State.

Afin de se donner toutes les chances de connaître du succès dans la LCF, Woodruff a perdu beaucoup de poids au cours des derniers mois, préférant miser sur la mobilité et la vitesse.

Une stratégie qu'a également adoptée Luc Brodeur-Jourdain, qui tente lui aussi de faire sa place sur la ligne à l'attaque à son deuxième camp chez les Alouettes. «Je me sens plus à l'aise sur le terrain que l'année dernière. J'ai changé mon programme d'entraînement après le camp de l'an dernier. J'ai réalisé que même si j'étais capable de lever 430 livres au lieu de 400, ça ne changerait pas grand-chose sur le terrain.

« J'ai donc travaillé davantage sur ma vitesse d'exécution, mon jeu de pieds, mes déplacements latéraux, et moins sur ma force», a expliqué Brodeur-Jourdain, l'ancien du Rouge et Or, dont la carrière de footballeur est présentement dans la balance.

«Si je me fais retrancher, c'est la fin de ma carrière de joueur. Je vais poursuivre ma maîtrise ou je vais réorienter ma carrière vers le coaching. Je ne suis pas ici en touriste. Si on me garde avec l'équipe, je veux que ce soit parce que je le mérite, parce qu'ils croient que je peux être un joueur de la Ligue canadienne.»

Certaines personnes voient en Brodeur-Jourdain le successeur de Chiu. N'allez cependant pas croire que cela influence négativement la relation entre les deux hommes.

«Je ne vois pas ça comme une compétition entre lui et moi, dit Chiu. J'aime bien Luc, il pose plusieurs questions et il est à son affaire. Je pense qu'il s'est beaucoup amélioré au cours de la dernière année. Lorsque je suis arrivé dans la ligue, Pierre Vercheval m'a beaucoup aidé; j'essaie maintenant de faire la même chose. Je ne rajeunis pas, l'équipe doit préparer la relève, je le comprends très bien.»