On ne risque pas trop d'errer en disant que la finale de l'Est, disputée samedi, opposera les deux meilleurs quarts-arrières de la présente décennie au football canadien.

Pendant que certaines équipes changent de quart aux 10 jours (les Tiger-Cats de Hamilton, les Roughriders de la Saskatchewan et les Argonauts de Toronto), les Alouettes et les Eskimos d'Edmonton ont le privilège de pouvoir compter sur Anthony Calvillo et Ricky Ray. Et sans rien vouloir enlever à Henry Burris - qui, lui, est peut-être le quart le plus complet -, Calvillo et Ray n'ont pas d'égal en matière de lecture de jeu et de précision.

«C'est difficile de trouver des différences entre les deux, car ils se ressemblent beaucoup. Ils sont très précis, ils prennent rapidement de bonnes décisions et ils comprennent bien ce qui ce passe autour d'eux. C'est un peu comme si on devait comparer Peyton Manning et Tom Brady», a analysé Marcus Brady, le réserviste de Calvillo depuis trois ans.

La comparaison va sûrement en faire tiquer quelques-uns, mais Calvillo et Ray sont effectivement à la LCF ce que Manning et Brady sont à la NFL.

Ray a été dominant dès ses premiers pas dans le circuit canadien, menant les Eskimos à une conquête de la Coupe Grey à sa deuxième saison en 2003. Après un séjour d'un an chez les Jets de New York, il a encore gagné la Coupe Grey en 2005. Les Eskimos ont connu certaines difficultés depuis mais Ray, lui, a rarement déçu.

Ici, les gens ont l'un des plus efficaces passeurs de l'histoire de la LCF sous le nez et ne semblent même pas s'en apercevoir. C'est un euphémisme de dire que Calvillo n'a jamais reçu le mérite qui lui revenait à Montréal. Il n'a pas toujours connu ses meilleurs moments en séries, c'est vrai, mais il serait peut-être temps qu'on réalise à quel point Calvillo est un bon quart-arrière.

«Lorsqu'Anthony est à son mieux et qu'il trouve son rythme, c'est presque impossible de l'arrêter», note Paul Lambert, l'un des cinq joueurs de ligne qui protègent Calvillo.

«C'est l'un des quarts-arrières les plus intelligents que j'ai vus, a estimé quant à lui le secondeur Reggie Hunt, qui a souvent affronté Calvillo avant de se joindre aux Alouettes l'hiver dernier. Si vous voulez vaincre Anthony, vous devrez le faire physiquement, car vous n'aurez pas le dessus sur lui mentalement, ça c'est certain.»

À l'instar de toutes les autres personnes sondées hier, Hunt n'observait qu'une seule véritable différence entre Calvillo et Ray.

«Ray a une touche incroyable dans les longues passes. Le ballon est tellement haut qu'on se demande parfois où il aboutira, et c'est généralement en plein milieu du panier. Mais Anthony est tellement difficile à stopper lorsque le jeu de courtes passes fonctionne! Lorsque j'étais avec les Roughriders, j'avais l'impression qu'on était constamment en retard d'un pas lorsqu'on affrontait Calvillo et les Alouettes.»

Scott Milanovich, l'entraîneur des quarts et le coordonnateur à l'attaque des Alouettes, souligne une autre force que possède son protégé.

«Anthony protège très bien le ballon. On n'a pas à s'inquiéter qu'il l'échappe ou qu'il lance plusieurs interceptions. En tant qu'entraîneur, c'est très rassurant. Et il se prépare tellement bien. Il m'a téléphoné quatre fois lors de notre journée de congé ce week-end afin de discuter de notre match. Ça en dit long sur le type de joueur qu'il est.»

Selon Lambert - et bien des gens - il n'y a aucun doute que Calvillo et Ray sont les deux meilleurs passeurs de la LCF.

«Ce sont deux quarts qui peuvent amasser plus de 500 verges dans n'importe quel match. Ils lancent aussi peu d'interceptions. Ce sera vraiment un match spécial, car les deux quarts sont présentement à leur sommet. Anthony n'a jamais si bien joué depuis plusieurs années et je pense que Ricky Ray a retrouvé la forme qu'il avait avant de quitter pour la NFL.»