Il est de retour à Montréal depuis une semaine. Laurent Duvernay-Tardif vient de vivre une saison hors de l’ordinaire, comme toute sa carrière depuis le début, diront certains. Entre son retour au jeu et l’arrêt cardiaque de Damar Hamlin, le garde des Jets de New York a eu une immense chance : vivre son rêve pour la deuxième fois.

« Sur le terrain, tu regardes la foule. En plus, à Seattle, c’est un beau stade, c’est bruyant. Tu en profites. Quand tu sors du caucus, tu marches vers le ballon et tu mets ta main à terre », raconte Duvernay-Tardif au bout du fil à propos de son premier, et seul, départ de la saison, le 1er janvier dernier.

LDT avait rejoint l’équipe d’entraînement des Jets à la mi-novembre, à la 10e semaine d’activité, après avoir passé le début de la saison sans contrat. Il a rejoint l’équipe habituelle quelques semaines plus tard, mais sans voir d’action sur le terrain.

Les Jets étaient alors en visite au Lumen Field, domicile des Seahawks. Les visiteurs se sont inclinés par la marque de 23-6. En revanche, sur le plan personnel, le Québécois était soulagé.

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Laurent Duvernay-Tardif (66) lors de son seul départ cette saison, le 1er janvier dernier, face aux Seahawks, à Seattle

Pas moins de 357 jours s’étaient écoulés entre ses deux derniers départs. « C’était surréel. Je suis sorti de là avec le sourire. On n’a pas gagné, mais ce match-là me rappelle de bons souvenirs, parce que j’ai juste joué au football de nouveau. »

Entre sa résidence en médecine, les activités de sa fondation et ses autres tâches connexes, il a douté. « C’est un privilège d’avoir été partant à nouveau dans un match de la NFL, alors qu’un peu avant, on ne savait pas trop ce qui allait arriver. »

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Le secondeur des Seahawks de Seattle Uchenna Nwosu (10) est plaqué par Laurent Duvernay-Tardif (66) après avoir récupéré un ballon échappé.

En foulant la pelouse, il était « fébrile ». « Je me disais que je n’étais pas revenu en vain. Je m’étais promis de profiter de chaque moment », ajoute-t-il.

« Les gens ne comprennent pas »

Duvernay-Tardif est impatient de voir quel sort sera réservé à ses anciens coéquipiers des Chiefs de Kansas City au Super Bowl. Mahomes et sa bande tenteront de prendre la mesure des puissants Eagles de Philadelphie.

D’ailleurs, l’homme de 31 ans n’a pas hésité à expliquer, en détail, en quoi Mahomes était un quart-arrière unique.

Le célèbre numéro 15 a terminé au premier rang de la NFL pour le nombre de passes de touché et de verges par la passe cette saison. Toutefois, pour avoir joué avec lui pendant trois ans et demi, la domination de Mahomes ne se traduit pas seulement en statistiques, assure Duvernay-Tardif.

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Patrick Mahomes

Les passes par en dessous, les passes de la main gauche. Les gens ne comprennent pas à quel point c’est difficile de lire une défensive en faisant une feinte de remise, un pas vers la gauche et en évitant un gars qui vient te plaquer. Il est capable de faire une lecture de tout ce qui se passe en couverture. C’est dans ces moments-là que tu te dis qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui sont capables de faire ça.

Laurent Duvernay-Tardif

Les éloges se sont poursuivis : « Il n’y a pas beaucoup de quarts qui sont capables de diriger une ligne offensive pour rendre nos blocs tellement plus faciles, parce qu’il sait d’où la pression arrive, il sait à qui il veut lancer. Il sait où il veut avoir une pochette ferme. Il est capable de diagnostiquer tellement en peu de temps et il fait des mouvements athlétiques avec tellement de sang-froid. »

L’occasion de réfléchir

L’année 2023 avait bien mal commencé dans la NFL. Le 2 janvier, Damar Hamlin, des Bills de Buffalo, s’est effondré sur le terrain lors du match du lundi soir contre les Bengals de Cincinnati.

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Le cœur de Damar Hamlin a arrêté de battre après un contact avec Tee Higgins, des Bengals de Cincinnati, le 2 janvier dernier.

Son cœur a arrêté de battre après un contact avec Tee Higgins. Il a dû être réanimé sur le terrain, avant de passer plusieurs jours à l’hôpital.

Lorsque c’est arrivé, LDT jouait à des jeux de société avec des coéquipiers. La partie jouait en trame de fond, sur sourdine.

Puis, la catastrophe. Une onde de choc. « Tout le monde est resté silencieux », se souvient-il.

Qui a été le plus ébranlé de Laurent Duvernay-Tardif joueur de football ou du médecin ? « Ah… le joueur de foot », admet-il, en baissant la voix. Comme si les émotions étaient encore vives. Le ton de la discussion a immédiatement changé.

« La préoccupation n’était pas de savoir s’il allait revenir jouer un jour, mais plus s’il allait bien, s’il allait sortir de l’hôpital. Ça fait réfléchir. »

La seule bonne nouvelle, s’il y en a une, c’est qu’« il n’y avait pas vraiment de meilleur endroit que sur un terrain de la NFL pour que ce genre d’incident arrive ».

De son avis de médecin, habituellement, les chances de survie pour les victimes d’un arrêt cardiaque hors d’un hôpital ou d’un centre de santé « ne sont pas super élevées ».

La suite

Duvernay-Tardif ignore si son avenir se trouve dans la NFL. Pour l’instant, il souhaite se « déposer ».

À court terme, son principal objectif est de trouver un moyen d’utiliser sa plateforme pour continuer à faire la promotion des saines habitudes de vie.

« J’ai toujours eu tendance à me lancer dans un million de projets et de tournées médiatiques, précise-t-il, mais là il faut que je pense à la suite. »