C’est finalement le receveur Kevin Mital qui avait raison ! Le Rouge et Or de l’Université Laval a passé la gratte samedi après-midi à London pour mériter la 11e Coupe Vanier de son histoire et sa première depuis 2018. Une performance sans bavure en deuxième demie de la formation québécoise a mené à la perte des Huskies de la Saskatchewan par la marque de 30-24 au Western Alumni Stadium devant 8420 spectateurs.

Pour plusieurs amateurs du Rouge et Or, cette victoire ramène la Coupe Vanier dans sa vraie maison. Le programme de l’Université Laval a remporté le précieux trophée 42 % du temps depuis le début de son histoire avec 11 championnats canadiens en 26 saisons. Une moyenne astronomique de près d’une fois sur cinq depuis le début du circuit universitaire canadien avec 11 réussites en 57 saisons pour 19,2 %. L’entraîneur-chef Glen Constantin remporte sa dixième victoire en match ultime contre seulement deux échecs.

Le receveur Kevin Mital a inspiré sa troupe avec une performance de huit attrapés pour 142 verges tout en étant incommodé par plusieurs blessures. Il a également lancé une passe de touché sur un jeu truqué en formation Wildcat à la ligne d’une verge au début du quatrième quart pour mener les siens à la victoire. Son quart-arrière Arnaud Desjardins a réservé son meilleur football au quatrième quart pour terminer sa journée de travail avec 397 verges aériennes. Le botteur Vincent Blanchard a égalisé une marque de la Coupe Vanier avec cinq placements.

Un mélange de fierté et d’euphorie habitait l’entraîneur-chef Glen Constantin après la victoire difficile des siens.

Chaque Coupe Vanier est différente et chaque groupe a son histoire. Je suis très fier de ce groupe de joueurs. Je pense qu’on n’a pas été en mesure d’égaliser leur niveau d’intensité en première demie, nos couvertures n’étaient pas à point et il y avait des erreurs sur le front défensif. Je suis content des ajustements qui ont été faits à la demie et il y avait plus de pression sur le quart-arrière pour le reste de la rencontre.

Glen Constantin, entraîneur-chef du Rouge et Or

Il ne faisait pas de doute pour le chevronné pilote que la performance du receveur Kevin Mital a été en mesure de galvaniser sa formation.

« C’est un battant. Sa mission personnelle était d’être champion et il n’allait pas se reposer avant de l’être. Il a tout donné aujourd’hui et il a eu un gros impact aujourd’hui. Je ne sais pas combien de temps il va jouer à Québec, mais il faut que les gens en profitent parce que c’est un joueur générationnel. »

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Les joueurs du Rouge et Or

Pas des promesses en l’air

Le numéro 8 du Rouge et Or avait le sentiment du devoir accompli. Avec le cigare dans la bouche et un énorme sourire sur le visage, il était simplement heureux de pouvoir dire qu’il était champion canadien. Sa performance lui a valu d’être élu le joueur par excellence de la rencontre.

« Tous les objectifs qu’on voulait accomplir en début de saison, on a réussi à les faire. Il n’y a personne qui peut enlever nos accomplissements. Là, je vais vraiment tout apprécier en même temps. Le trophée Hec Crighton, le joueur le plus utile de la Coupe Vanier, celui de la Coupe Dunsmore et évidemment la Coupe Vanier. On a vraiment passé la gratte. »

Le joueur vedette a boité une bonne partie du match, mais ça ne l’a pas empêché de tenir sa promesse de ramener le gros trophée à Québec.

« Je suis magané du dernier match face à London. C’était le temps que ça finisse. J’avais deux entorses, j’avais quelque chose en arrière du genou, mon épaule a débarqué dans le match, mais ça valait la peine. J’ai maintenant huit mois pour m’en remettre. Tout le monde dit que j’ai une grande gueule, mais on l’a backé toute la saison et je suis content que les gars avaient mes arrières également. »

Le plus gros jeu de l’athlète de 23 ans est arrivé au début du quatrième quart quand il s’est improvisé quart-arrière l’instant d’un moment, avec une feinte de jeu au sol en formation Wildcat pour effectuer une passe d’une verge à son coéquipier David Dallaire. Un majeur qui donnait l’avance à sa formation 27 à 17.

« C’était une carte cachée qu’on avait depuis des mois. On se disait, Justin ne va jamais l’appeler. On le pratique une fois par semaine et on était prêt pour l’exécuter. Je suis un en un comme quart-arrière avec un taux de passe complétée de 100 %. »

La défensive se lève

Après une première demie difficile, l’unité défensive de Marc Fortier a joué du football beaucoup plus inspiré en deuxième demie. Le secondeur Charles Alexandre Jacques a mené la charge avec une performance de 10 plaqués pour mériter le titre de joueur défensif du match.

« On a donné beaucoup de jeux à la Saskatchewan en première demie avec plusieurs erreurs d’assignation. À la demie, on s’est dit que c’était terminé et qu’on allait se serrer les coudes. C’est ce qu’on a fait et pour le trophée Bruce Coulter, c’est flatteur. Ça reste que c’est la Coupe Vanier qu’on voulait venir chercher. »

Le jeu clé du match est survenu avec un pointage de 27-17 et les Huskies de la Saskatchewan qui menaçaient à la porte des buts de la formation québécoise. La passe du quart Mason Nyhus a été interceptée dans la zone des buts par le demi défensif Félix Petit. Un jeu qui redonnait la possession du ballon à Laval en gardant le tableau indicateur inchangé pour le seul revirement de la partie.

« C’est drôle parce que toute la saison Marc Fortier me disait que j’étais incapable d’attraper des ballons. Chaque pratique que j’en échappais, il me revenait avec ça. Aujourd’hui, le ballon m’est tombé dans les mains et je l’ai attrapé. Je ne pouvais pas être plus content de faire l’interception. On avait besoin d’un revirement à ce moment et j’ai couru presque tout le terrain après mon jeu tellement j’étais content. »

Un botteur qui fait le travail

Vincent Blanchard a connu un séjour fructueux à London en inscrivant neuf placements en dix tentatives. Il a égalé un record de la Coupe Vanier avec cinq placements qu’il partage avec quatre autres botteurs. Aucun placement n’a été plus important que celui réalisé à la toute fin de la première demie. Le botteur de précision a réussi un long placement de 49 verges qui égalisait le score 17 à 17 pour rentrer au vestiaire. Un botté qui a semblé donner des ailes à la formation lavalloise pour le reste de la rencontre.

« J’étais confiant et je savais que j’avais la jambe pour le faire. Ma distance maximale était de 55 verges avec le vent dans le dos. J’étais dans ma bulle à London. L’exécution était parfaite et je suis content d’avoir la Coupe Vanier à ma deuxième saison. »

Devoir accompli

Arnaud Desjardins a connu une excellente rencontre spécialement en deuxième demie où il semblait posséder toutes les réponses aux stratégies défensives adverses. Le longiligne pivot de deuxième année était très heureux de mettre la main sur son premier championnat de football de sa carrière.

« C’est un sentiment difficile à décrire et on avait un club incroyable avec une superbe cohésion d’équipe. C’est la concrétisation de tous nos efforts de l’année. J’ai eu de nombreuses déceptions dans ma carrière avec des grosses équipes avec le Vieux-Montréal au collégial et c’est vraiment spécial de gagner. »

Le receveur Antoine Dansereau-Leclerc a connu lui aussi un excellent match avec huit attrapés pour 119 verges. Son attrapé tard au quatrième quart sur un tracé poteau a donné un gros coup de main à sceller l’issue de la partie.

« C’est un jeu qu’on avait manqué contre Western et qu’on a réussi cette semaine. On a inversé le terrain de bord rapidement avec ce long jeu. Cela a donné un gros placement après. C’est possiblement mon dernier match en carrière, et si c’est la fin, c’est la plus belle partie de football que à laquelle j’ai participé. »

Vestiaire euphorique et message à un ancien

Comme chaque fois qu’un championnat d’une équipe sportive est remporté, la joie et l’émotion prennent rapidement le dessus. Le demi défensif, Maxym Lavallée, est l’exemple parfait. Habituellement réservé, le capitaine défensif en avait long à dire.

« À la fin de la journée, c’est nous les champions. Quand tu gagnes une Coupe Vanier comme capitaine, c’est vraiment spécial. Je n’ai jamais été aussi fier du leadership de cette équipe. »

Le numéro 22 avait aussi un message très clair pour l’ancien joueur du Rouge et Or Arnaud Gascon-Nadon, qui a critiqué ouvertement le Rouge et Or à quelques reprises lors de la saison sur ses réseaux sociaux.

« Où est-ce qu’il est, Arnaud Gascon-Nadon après tous les commentaires qu’il a dit sur nous ? Il est où lui ? Tu lui diras qu’il vienne me voir. »

En bref

  • Emmenez-moi de Charles Aznavour a été la première chanson de célébration du Rouge et Or en arrivant dans le vestiaire.
  • Plusieurs anciens joueurs du Rouge et Or étaient sur place pour assister au triomphe de leur alma mater dont Yannick Morin-Plante, Adam Auclair, Antony Auclair et Martin Bédard. Francesco Pepe Esposito et Jacques Cloutier étaient également du nombre pour voir leurs enfants soulever le précieux trophée, ils avaient soulevé la première Coupe Vanier de l’histoire du programme en 1999.
  • Le placement de 49 verges de Vincent Blanchard était le deuxième plus long de l’histoire de la Coupe Vanier.
  • Kalenga Muganda a réussi son premier touché en carrière pour le Rouge et Or au premier quart.

Ce qu’ils ont dit

Les plus belles victoires sont souvent les plus difficiles et on a affronté des criss de bonnes équipes.

Maxym Lavallée, demi-défensif

Je pense que j’égalise le record de mon entraîneur Christopher Milo. Avoir su, je m’aurais forcé pour faire un placement de plus pour pouvoir le taquiner un peu.

Vincent Blanchard, botteur

C’est le trois semaines de football le plus intense de toute ma vie et je suis encore sous le choc.

Nicolas Guay, joueur de ligne à l’attaque de dernière année

Une dixième Coupe Vanier comme entraîneur-chef, ça représente simplement l’excellence de notre programme.

Glen Constantin, entraîneur-chef

Je suis content pour les vétérans qui s’en vont avec le gros trophée, je suis content de l’expérience qu’on va retirer du séjour à London et je suis content pour le groupe.

Kevin Mital, receveur

On a tellement travaillé fort depuis la Coupe Dunsmore de l’an dernier et on a créé une chimie d’équipe incomparable.

Charles-Alexandre Jacques, secondeur

Gagner la Coupe Vanier, ça donne le goût d’en gagner plusieurs autres !

Arnaud Desjardins, quart-arrière

On va fêter ça en grand, fais-moi confiance !

Charles-Lee Alarie-Tardif, ligne défensive