Chip Cox discutait virtuellement avec les médias depuis une quinzaine de minutes lorsqu’il a pris un moment pour se ressaisir. « C’est un sujet difficile », a-t-il avoué.

C’est que le légendaire secondeur des Alouettes, qui vient d’être intronisé au Temple de la renommée du football canadien à sa première année d’admissibilité, estime n’avoir « jamais pris [s]a retraite ».

« Je n’ai jamais signé de papier signifiant que j’avais fini de jouer », souligne Cox, assis dans un gym aux abords d’un terrain de golf de neuf trous, deux entreprises qu’il gère avec sa femme à Columbus, en Ohio.

Sa carrière a pris fin en 2018, certes. Mais cette saison-là, il était « le secondeur le plus productif de l’équipe », explique-t-il. Celui qui « avait défendu le plus de passes à un contre un ». Celui avec « le moins de plaqués ratés ».

Quand j’ai quitté Montréal, je pensais encore que j’allais jouer au football. Voilà la vérité.

Chip Cox

Ce n’est qu’à la fin de l’année dernière qu’il a fini par accepter que sa carrière était bel et bien terminée. Entre-temps, il a été incapable de regarder les matchs des Alouettes, ou même de la LCF. Parce qu’il sentait qu’il était encore capable de jouer.

« C’était trop difficile de regarder, commente celui qui a aujourd’hui 39 ans. Dans le premier match que j’ai tenté de visionner, le gars qui jouait à ma position a raté plus de plaqués que je n’en avais raté durant toute ma dernière saison. […] C’était vraiment frustrant. »

Mais Cox ne veut surtout pas « raconter une histoire larmoyante ». Sa vie le rend « heureux ». Il en est « satisfait ». Et, surtout, il « apprécie énormément » l’honneur que lui a fait la LCF.

« Je suis sans mots, concède-t-il. Parce que j’ai été ignoré [overlooked] pas mal toute ma vie. Et ma carrière s’est terminée de la même façon. Alors quand l’appel est venu, je me suis dit qu’enfin, je n’avais pas été ignoré. Mon travail a fini par payer. »

Et la réalisation allait même plus loin que ça. Parce que « non seulement les gens ont porté attention », « ils ont aussi apprécié » ce qu’il a accompli.

Pour l’amour de Montréal

Le fougueux numéro 11 a joué 13 saisons dans la LCF. Toutes avec les Alouettes. Il a réussi 926 plaqués, 32 sacs du quart et 23 interceptions. Il a été nommé joueur défensif par excellence de la Ligue canadienne en 2013. Des statistiques et des honneurs qui s’ajoutent à ses deux Coupes Grey remportées avec l’équipe, en 2009 et 2010.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Chip Cox avec les Alouettes en 2016

Y a-t-il un moment qui, selon l’Américain, définit son passage professionnel au nord de la frontière ?

Il répond en parlant de la saison 2017 dans son ensemble.

« C’était probablement la pire saison de ma carrière. J’ai joué blessé toute la saison. Mais ça démontrait tout mon engagement envers Montréal.

« Je n’étais investi envers personne. Pas même envers ma carrière, parce que j’ai joué en la mettant en danger. Je n’ai pas joué pour moi, mais bien pour l’équipe. »

Cox fait référence ici à une blessure à un genou qui l’a gêné à partir du troisième match de la saison. Il a fini par subir une déchirure ligamentaire vers la fin du calendrier.

« Je ne me souciais pas de mal paraître en vidéo. Ça ne me passait même pas par l’esprit, parce que j’aimais réellement ce sport, et cette ville. »

« Reconnecter »… et bien manger

Même s’il n’est revenu qu’une seule fois à Montréal depuis 2018, Cox a toujours un attachement profond à la métropole. Ainsi qu’à ses partisans.

« À travers les années, et même quand on ne gagnait pas, ils ont toujours été là pour nous encourager, rappelle l’ancien secondeur. C’était fantastique. Personne ne m’a jamais manqué de respect.

« Moi qui ai l’impression de toujours avoir été ignoré, j’ai aimé me sentir accepté par les partisans. Savoir qu’ils avaient un attachement pour moi. »

Cox sera de retour à Montréal pour le match de vendredi soir contre les Tiger-Cats de Hamilton au stade Percival-Molson. Il a hâte de « reconnecter » avec les fans.

Et de retrouver ses « quatre ou cinq restaurants » favoris.

« Je peux vous garantir que je vais prendre 10 lb à Montréal en visitant tous mes restaurants ! », lance en riant le nouvel immortel de la LCF.