Chip Cox a obtenu sa place au Temple de la renommée du football canadien dès sa première année d’admissibilité, a annoncé la Ligue canadienne (LCF), mardi. Pour une fois, l’ancien secondeur des Alouettes a reçu le mérite qui lui revenait.

Sous-estimé, Chip Cox ? Pas juste un peu !

La meilleure preuve, c’est que les Alouettes ne lui ont jamais organisé de soirée-hommage, comme ils l’ont pourtant rapidement fait pour l’autre grand joueur défensif du club du dernier quart de siècle, John Bowman.

Je n’ai pas vu jouer les grandes équipes des Alouettes des années 1970, mais depuis le début de leur deuxième vie, en 1996, il ne fait aucun doute que Cox et Bowman ont été les deux meilleurs joueurs défensifs du club. Et dans cet ordre, à mon avis.

Mais probablement en raison de leurs personnalités diamétralement opposées, Bowman a toujours été plus populaire que Cox. Sympathique et souriant, Bowman a toujours eu beaucoup d’entregent. Sa générosité avec les journalistes a rarement fait défaut.

On ne peut pas dire les mêmes choses de Cox. Plus réservé, un brin taciturne, il n’aimait pas parler avec les journalistes. On m’a même expliqué que sa stratégie était d’être le plus plate possible en entrevue pour que les journalistes abdiquent et qu’ils ne lui posent plus de questions. Cette attitude lui a assurément nui sur le plan de la popularité.

Sur le terrain, Chip Cox était un joueur spectaculaire, comme on en voit rarement dans la Ligue canadienne. Un joueur qui réussissait souvent ses plus gros jeux dans les moments cruciaux.

Je me souviens d’avoir écrit un texte dont le titre était « Chip Cox, le Troy Polamalu de la LCF » il y a une dizaine d’années. C’est exactement ce qu’il était. Un joueur explosif, robuste, spectaculaire et polyvalent, aussi doué pour réussir un sac ou plaquer un porteur de ballon que pour réussir une interception. Un joueur hybride, qui excellait près de la ligne de mêlée.

Ses statistiques en carrière le prouvent : 926 plaqués, 32 sacs, 23 interceptions, 28 échappés provoqués et 6 touchés en 228 matchs de saison. Le chiffre le plus remarquable est peut-être qu’il n’ait raté que 6 matchs en 13 saisons, lui qui n’a pourtant jamais lésiné sur l’effort, la robustesse et le sacrifice de son corps.

Un demi de coin dans la NCAA et lors de ses essais avec les Lions de Detroit et les Redskins de Washington dans la NFL, Cox avait connu des saisons difficiles en 2007 et 2008, qui a été la première de Marc Trestman à Montréal. Trestman a décidé de muter Cox au poste de secondeur du côté large en 2009 et tout a changé à partir de ce moment. Les Alouettes ont d’ailleurs gagné la Coupe Grey en 2009 et en 2010, et Cox a été un joueur important dans ces deux championnats.

La dernière fois que je lui ai parlé, il y a un an ou deux, Cox m’avait dit qu’il se sentait encore capable de jouer. En raccrochant, j’en étais même convaincu moi-même.

« Je connais bien Chip, car nous sommes deux gars originaires de l’Ohio. On s’entraîne même ensemble à l’occasion », a raconté Trevor Harris, mardi.

« Il me dit souvent qu’il n’aurait besoin que d’une autre saison afin d’atteindre le plateau des 1000 plaqués (926) en carrière ! »

Farfelu de croire que Cox, qui aura 39 ans vendredi, pourrait aider les Alouettes près de quatre ans après avoir disputé son dernier match ? Peut-être.

Mais si quelqu’un est capable de réussir un tel exploit, c’est bien l’ancien numéro 11. Cox a toujours été un athlète exceptionnel qui prenait un soin jaloux de sa forme physique. L’ajout d’un vétéran de sa trempe ne nuirait certainement pas au sein d’une défense qui n’est pas très expérimentée derrière la première ligne.