Vernon Adams fils devra composer avec une pression supplémentaire cette saison. Celle de savoir qu’il pourrait perdre sa place de partant à tout moment au profit de Trevor Harris. Mais « ça fait partie du travail », rappelle l’entraîneur des quarts-arrières des Alouettes, Anthony Calvillo.

Calvillo a rencontré La Presse dans le cadre du Marche-o-Thon pour le pouvoir du sport organisé par la Fondation Communauté Montréal à Cœur, samedi. Il a accepté de répondre à quelques questions football, notamment au sujet de la lutte qui se dessine entre Adams fils et Harris au poste de quart-arrière en vue du camp d’entraînement, qui débutera le 15 mai.

En théorie, Adams fils est le quart-arrière d’avenir des Alouettes. Il a le talent pour mener la troupe montréalaise au sommet. Mais il a connu une campagne en dents de scie en 2021. Une blessure à l’épaule l’a tenu à l’écart du terrain dans la dernière ligne droite de la saison ainsi que pour le match éliminatoire à Hamilton.

Acquis des Elks d’Edmonton en octobre, Harris est venu en relève. En quatre matchs, le vétéran de plus d’une décennie dans la LCF a lancé huit passes de touché et deux interceptions. Pendant la saison morte, les Oiseaux ont prolongé le contrat d’Adams fils de deux ans, avant d’offrir un nouveau contrat d’un an à Harris quelques mois plus tard.

Tout le monde sait que Vernon est notre quart-arrière partant. Ça a été établi et il comprend ça, mais en même temps, toute organisation doit s’assurer que tous les gars sont prêts à jouer. C’est comme ça depuis toujours, depuis que j’ai joué moi-même.

Anthony Calvillo

S’il y en a un qui sait ce que c’est, c’est bien Calvillo.

« Si on regarde ma carrière… Les Alouettes ont dû faire signer 50 quarts-arrières, a-t-il résumé. Ils veulent avoir quelqu’un qui est prêt à performer et à remplacer le quart-arrière partant, juste au cas où il ne joue pas à son plein potentiel ou se blesse. »

Calvillo se souvient de la mise sous contrat de Jesse Palmer par les Als, entre autres. À l’époque, « les médias disaient que l’équipe avait trouvé mon remplaçant et qu’il était le nouvel homme de confiance », se souvient-il.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Vernon Adams

« Moi, je me disais : je sais que l’organisation va s’assurer qu’ils sont prêts, mais personne ne va me voler mon travail. Ils vont devoir le mériter. Alors, je m’assurais que j’étais prêt toutes les semaines, chaque année, peu importe qui ils amenaient dans l’organisation. C’était ma philosophie, ma façon de penser. Parce que c’est comme ça que ça marche. »

L’ancien numéro 13 des Als rappelle que la responsabilité revient aux joueurs de performer à leur plein potentiel.

« Nous verrons ce qui arrive ensuite, dit-il. Mais en ce moment, nous avons un beau groupe de quarts-arrières et j’ai juste hâte de les voir sur le terrain et de les voir jouer de façon constante. »

Contenir ses émotions

Vernon Adams fils est reconnu pour ses qualités de leader. Mais son émotivité n’est plus un secret pour personne. Il lui est arrivé, la saison passée, de laisser ses émotions prendre le dessus. Il a parfois mal réagi à l’adversité. Mais il est l’homme de confiance de l’organisation.

Tous les quarts-arrières sont assez émotifs. Et nous vivons dans une ère différente, spécialement avec les médias sociaux. Des gens de partout dans le monde peuvent te critiquer. C’est difficile, parfois. Moi, j’essayais de ne pas lire les journaux quand je jouais, mais parfois, je le faisais parce que j’étais curieux. Et quand je le faisais, parfois, ça me mettait en colère. Maintenant, tout est accessible tout le temps.

Anthony Calvillo

À la fin, c’est la façon de composer avec ces critiques qui est importante. Calvillo se rappelle avoir lui-même déjà répondu à certaines d’entre elles en ligne, pour rétablir les faits.

« Ça n’est pas arrivé souvent, mais c’est arrivé, reconnaît-il. C’est des montagnes russes d’émotions, mais en même temps, il faut être capable d’être assez mature pour le mettre de côté. Il y aura de ces moments où on va perdre le contrôle, ça fait partie du travail. »

Retour

Le groupe d’entraîneurs des Alouettes est de retour au bureau depuis lundi afin de se préparer pour le camp d’entraînement de l’équipe, qui aura lieu du 15 mai au 2 juin au stade Diablos de Trois-Rivières. Pour Calvillo, il s’agira d’un premier camp avec la formation montréalaise depuis 2017.

« Je veux aider Khari [Jones, l’entraîneur-chef] le plus possible », a-t-il répondu lorsqu’on l’a interrogé sur ses attentes pour la saison. « Il a beaucoup de pain sur la planche et je veux m’assurer qu’il se sent assez bien pour me demander de l’aider pour telle ou telle chose. Mais ça vient avec le temps. »

« La chose la plus importante, ce sera de nous assurer que nos joueurs sont prêts à jouer », a-t-il ajouté.

Un programme bénéfique

Les Alouettes ont annoncé au cours des derniers jours qu’ils avaient invité, dans le cadre du programme de stages pour quarts canadiens, le partant des Carabins de l’Université de Montréal Jonathan Sénécal à prendre part à leur camp d’entraînement. « Quand je jouais, je sentais que la seule fois où les quarts-arrières canadiens avaient la chance de voir la compétition, c’était quand ils finissaient leur sport universitaire, explique Anthony Calvillo. Soudainement, ils apparaissaient au camp et se disaient : “Oh, mon Dieu, je dois compétitionner avec tous ces joueurs.” C’était un peu intimidant, selon moi. Maintenant, ils amènent ces quarts-arrières plus tôt pour qu’ils puissent avoir un avant-goût de ce à quoi ils peuvent s’attendre pour la suite. Et je pense que c’est énorme. »