Il y a un an, Benjamin St-Juste attendait impatiemment le repêchage de la NFL comme des centaines d’autres espoirs. Ce qu’on ne savait pas à ce moment, c’est que le demi de coin québécois avait déjà une très bonne idée du tour dans lequel il serait sélectionné.

« On disait que je partirais en quatrième, cinquième ou sixième ronde, mais je savais déjà que je serais choisi en troisième grâce au travail de mes agents », a raconté St-Juste, mardi après-midi.

« C’était seulement une question de savoir quelle équipe allait me repêcher. Ce qui m’a le plus surpris, c’est que Washington a transigé avec les 49ers [de San Francisco] afin d’améliorer son rang de sélection pour faire mon acquisition. »

Quelques mois avant le repêchage de 2021, les experts estimaient que St-Juste avait d’excellentes chances d’être choisi entre le cinquième et le septième tour. Il a plutôt été le 10e espoir à entendre son nom au troisième tour, au 74e rang au total.

Que la cote de St-Juste ait monté en flèche ne devrait surprendre personne. En raison de son talent et de sa taille de 6 pi 3 po, que l’on voit rarement chez les demis de coin, certes, mais peut-être encore plus parce qu’on parle d’un jeune homme à ses affaires, qui a une bonne tête sur les épaules et les priorités aux bons endroits. Le genre d’individu sur lequel les organisations de la NFL veulent pouvoir compter dans un monde où les jeunes hommes arrivent et partent à coups de centaines.

Après une deuxième moitié de saison gâchée par deux commotions cérébrales, St-Juste a reçu le feu vert des médecins en janvier dernier. Il participe actuellement aux activités d’équipe organisées (OTA) avec les Commanders de Washington sans contrainte et n’est pas inquiet outre mesure malgré les commotions cérébrales subies.

« Je n’avais jamais eu de commotion cérébrale auparavant. Ce sont des risques qui viennent avec le sport. La seule chose que je peux faire, c’est de modifier ma technique pour plaquer un peu et d’être vigilant sur le terrain. »

Des entraîneurs qui connaissent le tabac

Les analystes s’attendaient à ce que la défense de Washington fasse partie de la crème du circuit la saison dernière. Avec quatre anciens premiers choix sur la première ligne, dont Chase Young, et une tertiaire améliorée grâce à l’arrivée du vétéran William Jackson III et de St-Juste, tout semblait en place.

L’équipe a plutôt accordé 227 points en 8 matchs (une moyenne de plus de 28 par partie) et s’est retrouvée avec une fiche de 2-6.

« On a effectivement mis du temps à trouver notre rythme, mais notre défense était très verte. Il fallait du temps pour trouver notre identité, établir notre culture et développer une certaine chimie », a rappelé St-Juste.

Avec une saison derrière nous et encore plusieurs mois pour bien nous préparer, notre défense devrait faire un bond significatif la saison prochaine.

Benjamin St-Juste

Avec autant de talent sous la main, l’entraîneur-chef, Ron Rivera, et le coordonnateur défensif, Jack Del Rio, devraient en principe avoir une défense de premier plan en 2022. Surtout que les deux hommes ont fait carrière comme joueurs défensifs dans les années 1980 et qu’ils sont des entraîneurs de longue date.

« C’est vraiment un avantage d’avoir des entraîneurs qui ont joué à un très haut niveau durant plusieurs années dans la NFL. Ils sont capables de se mettre dans notre peau et ils comprennent bien le processus.

« Ils ne passent pas par quatre chemins pour expliquer ce qu’ils veulent de nous. Il n’y a pas de blabla, pas d’excuses. Mais le blâme n’est jamais jeté sur les joueurs individuellement. Si on effectue un mauvais jeu, on le met derrière nous et on se concentre à ne pas répéter les mêmes erreurs. Leur mentalité est vraiment celle d’un joueur. »

La meilleure version de Carson Wentz ?

Rivera avait exprimé le souhait de voir les Commanders acquérir un quart-arrière expérimenté au cours de l’hiver, et c’est ce qu’ils ont fait en obtenant Carson Wentz, des Colts d’Indianapolis. Wentz connaît bien la division des Commanders (Est de la Nationale), ayant joué durant plusieurs années pour les Eagles de Philadelphie.

« Il apporte beaucoup de connaissances et d’expérience, et c’est un quart talentueux. Si on peut avoir la meilleure version de Carson Wentz, on pourrait se tailler une place dans les éliminatoires cette année », croit St-Juste.

PHOTO MANUEL BALCE CENETA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Carson Wentz

Sur le plan individuel, St-Juste devrait encore faire partie de la formation partante des Commanders et sera mieux outillé pour connaître du succès à son deuxième tour de piste qu’à son premier. Il a connu certaines difficultés en début de saison l’année dernière, ce qui était à prévoir. Très rares sont les demis de coin qui performent à un haut niveau dès leur saison recrue dans la NFL.

« Je me suis constamment amélioré avant mes blessures et j’étais de plus en plus [à l’aise] de match en match. Je n’ai pas encore maximisé mes habiletés ni mon potentiel. »

Soirée-bénéfice et camp pour les jeunes

St-Juste rentrera au Québec prochainement, notamment afin de prendre part à une soirée-bénéfice pour l’une de ses anciennes équipes, les Spartiates du cégep du Vieux Montréal, le 3 mai, au Dock619 à Longueuil.

« Le but ultime, c’est de redonner à mon école, qui m’a forgé en tant qu’humain, homme et joueur de football. C’est un programme qui m’a donné beaucoup de ressources avant mon départ pour l’Université du Michigan.

« On organise cette soirée-là pour le programme de football des Spartiates, qui a vécu des années difficiles sur le plan financier à cause de la COVID-19. C’est une façon pour moi de redonner en participant à cette belle soirée. »

En plus de cette soirée-bénéfice, St-Juste et Invictus, une entreprise montréalaise de gants sportifs, annonceront prochainement la tenue d’un camp de football pour les jeunes footballeurs à Montréal au cours de l’été.

« Ce sera quelque chose d’historique ! Il y aura des légendes du football canadien et du football américain », a précisé St-Juste, qui donnera plus de détails sur l’évènement sur les réseaux sociaux dans quelques jours.

Comme Laurent Duvernay-Tardif, St-Juste demeure bien présent dans le paysage québécois même s’il fait carrière aux États-Unis. Il reste également impliqué dans différentes causes sociales, notamment pour défendre les droits des minorités visibles.

« C’est sûr que j’ai un peu moins de temps depuis que je joue professionnellement, mais c’est toujours l’une de mes priorités. Je le fais parfois en arrière-scène en travaillant avec des communautés ou en m’impliquant dans différentes actions sociales. J’ai toujours une main dans ça. C’est quelque chose qui me tient à cœur. »

Il est encore beaucoup trop tôt pour savoir si St-Juste deviendra un joueur étoile ou non dans la NFL. Mais s’il y fait carrière durant plusieurs années, son nom pourrait fort bien revenir dans la course pour le plus prestigieux des honneurs individuels du football américain : le Walter Payton Man of the Year. Un honneur remis annuellement au joueur de la ligue s’étant le plus impliqué et démarqué à l’extérieur du terrain.