Est-ce que Brian Flores recevra le même traitement de la part de la NFL que celui qu’a reçu Colin Kaepernick ? Autrement dit, l’entraîneur se fera-t-il blackbouler ?

Flores a joué gros en intentant une poursuite contre la NFL, les Dolphins de Miami, les Giants de New York et les Broncos de Denver. On ne le saura probablement jamais, mais cette décision lui a peut-être coûté un poste avec les Saints de La Nouvelle-Orléans ou les Texans de Houston. Il était dans la course pour le poste d’entraîneur-chef des deux équipes, qui ont finalement opté pour quelqu’un d’autre.

Flores poursuit la NFL et les trois équipes mentionnées parce qu’il juge leurs embauches discriminatoires. Il soutient également que les Dolphins et leur propriétaire Stephen Ross ont proposé de lui verser 100 000 $ supplémentaires pour chaque défaite que subissait l’équipe en 2020. Ross espérait ainsi mieux positionner son équipe afin de pouvoir ultimement repêcher Joe Burrow au tout premier rang du repêchage. Flores a refusé la proposition et les Dolphins ont fini la saison de 2020 avec une fiche de 10-6.

Flores a été congédié de son poste d’entraîneur-chef des Dolphins en janvier, même si l’équipe avait gagné huit de ses neuf derniers matchs et avait terminé chacune de ses deux dernières saisons avec des fiches gagnantes. Une décision très difficile à comprendre, mais qui s’explique un peu mieux maintenant…

La NFL a déjà dit qu’elle enquêterait sur les allégations selon lesquelles Stephen Ross et les Dolphins voulaient volontairement perdre des parties.

En plus des Saints et des Texans, Flores a également obtenu une entrevue avec les Giants pour devenir leur prochain entraîneur-chef. Le problème, c’est que Bill Belichick a envoyé un message de félicitations à Flores avant même son entrevue avec les Giants. Un message qui était plutôt destiné à Brian Daboll, qui a effectivement obtenu le poste… Flores et Daboll ont tous deux travaillé sous les ordres de Belichick en Nouvelle-Angleterre et celui-ci s’est manifestement trompé de contact en envoyant son message.

Quant aux Broncos, Flores a dit que leur état-major s’était présenté en retard à une entrevue il y a quelques années et qu’il avait eu l’impression que c’était parce que ses membres avaient fêté jusqu’au petit matin, ce que John Elway et les Broncos ont catégoriquement nié. Flores a cru que les Broncos n’avaient aucune intention de l’embaucher et qu’ils ne l’avaient interviewé qu’afin de satisfaire aux exigences de la « Rooney Rule ».

De son côté, la NFL et son commissaire Roger Goodell ont jugé que la situation actuelle était inacceptable en ce qui concerne les embauches d’entraîneurs-chefs issus de minorités visibles. Mike Tomlin (Steelers de Pittsburgh), Ron Rivera (Commanders de Washington) et Robert Saleh (Jets de New York) étaient les seuls entraîneurs-chefs qui n’étaient pas des hommes blancs jusqu’à ce que les Dolphins et les Texans embauchent Mike McDaniel et Lovie Smith récemment.

Pourtant, les candidats afro-américains qui devraient intéresser grandement des équipes sont nombreux. Todd Bowles et Byron Leftwich, qui sont les coordonnateurs défensifs et offensifs des Buccaneers de Tampa Bay, en sont deux. Raheem Morris, qui a dirigé la défense des Rams de Los Angeles en 2021, en est un autre. Et que dire d’Eric Bieniemy ? Le coordonnateur offensif fait de l’excellent boulot depuis de nombreuses années avec les Chiefs de Kansas City, mais n’a jamais obtenu sa chance comme entraîneur-chef.

D’autres mesures incitatives ?

La NFL a mis des mécanismes en place afin d’encourager ses 32 équipes à opter pour des candidats issus de minorités. Par exemple, lorsqu’une équipe perd un entraîneur adjoint ou un assistant au sein de ses opérations football qui est issu d’une minorité et que cette personne obtient un poste d’entraîneur-chef ou de directeur général, elle reçoit un choix de troisième tour additionnel deux années consécutives. Ayant perdu les services de Mike McDaniel, les 49ers de San Francisco recevront donc un choix de troisième tour aux repêchages de 2022 et de 2023. Lovie Smith faisait quant à lui déjà partie de l’organisation des Texans.

La NFL devra ajouter d’autres mesures d’incitation similaires et la première devrait être de récompenser les équipes qui embauchent des candidats issus de minorités dans des postes d’entraîneur-chef et de directeur général. Difficile à comprendre qu’un tel système ne soit d’ailleurs pas déjà en place… Ainsi, une équipe qui embaucherait un entraîneur-chef noir ou une directrice générale pourrait également recevoir des choix au repêchage additionnels, et pourquoi pas de premier tour ?

La fameuse « Rooney Rule » est en place depuis 2003. Proposée par le propriétaire des Steelers de Pittsburgh de l’époque, Dan Rooney, qui est mort en avril 2017, cette règle oblige les équipes de la NFL à interviewer au moins deux candidats issus de minorités lorsqu’elles doivent pourvoir un poste d’entraîneur-chef. C’était un seul jusqu’en mai 2020.

Bien que la « Rooney Rule » soit imparfaite et que ses détracteurs soient nombreux, elle n’a certainement pas nui à l’avancement des candidats des minorités. Un exemple est justement survenu chez les Steelers en 2007 après la retraite de Bill Cowher au terme de la saison 2006.

PHOTO JAY BIGGERSTAFF, USA TODAY SPORTS

Mike Tomlin, entraîneur-chef des Steelers de Pittsburgh

Les deux principaux candidats pour remplacer Cowher provenaient de l’interne, soit Russ Grimm et Ken Whisenhunt, deux hommes blancs. Mais après avoir interviewé Mike Tomlin, la famille Rooney et les Steelers étaient à ce point impressionnés par celui-ci qu’ils lui ont offert le poste. Tomlin est l’entraîneur-chef des Steelers depuis maintenant plus de 15 ans.

La meilleure solution

Or, même si les équipes sont encouragées à le faire notamment grâce à des mesures incitatives, on ne peut évidemment pas les forcer à embaucher des gens contre leur gré. Les propriétaires peuvent choisir le directeur général et l’entraîneur-chef de leur choix. À part les Packers de Green Bay, toutes les équipes sont des entreprises privées.

Et c’est précisément là que se trouve le principal problème de la NFL (et des autres ligues professionnelles, soit dit en passant) : il n’y a aucun propriétaire d’équipe qui est un Afro-Américain dans le circuit Goodell.

Les Broncos de Denver sont actuellement à vendre et on s’attend à ce que le prix de vente soit approximativement de 4 milliards, ce qui serait un record. Le nom de Robert F. Smith, un Afro-Américain qui a fait fortune dans le monde des médias et qui est originaire de Denver, a fait surface comme acheteur potentiel.

Si Smith achète les Broncos, il deviendrait le premier Afro-Américain propriétaire majoritaire d’une équipe de la NFL. Si des propriétaires actuels comme Stephen Ross (Dolphins de Miami), Daniel Snyder (Commanders de Washington) et Jimmy Haslam (Browns de Cleveland), qui sont tous controversés pour une raison ou une autre, sont obligés de se départir de leur équipe, la NFL devrait favoriser l’acquisition de ces franchises par des personnes des minorités, même si une plus grande souplesse est nécessaire sur le plan des capitaux.

Il n’y a pas mille et une solutions pour régler la sous-représentation des minorités dans les postes les plus importants des équipes de la NFL. La meilleure serait effectivement de faire éclater le moule de ce qu’est un propriétaire d’équipe typique.