C’était sur les ondes du NFL Network, lundi soir. L’animateur Rich Eisen a demandé à l’analyste et ancien joueur Michael Irvin si les Bengals de Cincinnati cette année lui rappelaient les Cowboys de Dallas de 1992. Irvin était bien sûr le receveur étoile des Cowboys à cette époque, en plus d’en être le leader émotif.

Irvin a répondu par l’affirmative, et il est difficile d’être en désaccord. Comme les Cowboys de 1992, les Bengals sont allés battre une puissance qui était largement favorite pour l’emporter, en terre hostile, en finale de conférence. Dallas avait surpris Steve Young et les 49ers au Candlestick Park de San Francisco en finale de la Nationale, il y a 29 ans. C’est ce match qui avait annoncé au reste de la NFL que les Cowboys étaient de retour après une décennie moins glorieuse.

Il y a une semaine et demie, Joe Burrow et les Bengals ont joué le même tour à Patrick Mahomes et aux Chiefs de Kansas City en finale de l’Américaine à l’Arrowhead Stadium. Et il est fort possible que ce soit cette partie qui catapultera les jeunes Bengals au rang de poids lourds du football américain.

À l’époque, les Cowboys étaient menés par un ancien premier choix au total, le quart-arrière Troy Aikman. Burrow a été le premier espoir choisi de son encan, lui aussi. La différence, c’est qu’Aikman avait mis quelques années avant d’atteindre un niveau de jeu digne d’un quart d’équipe championne. Burrow, lui, a excellé dès son arrivée dans la NFL.

Grand architecte de la dynastie des Cowboys du début des années 1990, Jimmy Johnson avait également eu besoin de quelques années avant de commencer à gagner. L’entraîneur-chef avait terminé ses deux premières saisons à Dallas avec des fiches de 1-15 (1989) et de 7-9 (1990). Zac Taylor, le pilote des Bengals, a amorcé sa carrière à Cincinnati avec des saisons de 2-14 (2019) et de 4-11-1 (2020).

Les Bengals possèdent plusieurs bons jeunes joueurs, principalement en attaque, une autre similitude qu’ils partagent avec les Cowboys d’il y a trois décennies. Le Michael Irvin des Bengals est bien sûr Ja’Marr Chase.

Même si Chase avait opté pour ne pas jouer en 2020, notamment en raison de la COVID-19, et que les Bengals avaient cruellement besoin d’aide sur leur ligne offensive, le receveur a été sélectionné au cinquième rang du repêchage de 2021 par Cincinnati. Une décision que plusieurs ont remise en doute lorsque Chase n’attrapait plus rien durant le calendrier préparatoire, en août dernier.

Mais Chase et Burrow avaient fait la paire à l’Université d’État de la Louisiane (LSU) en 2019. Ils avaient même remporté le championnat national du football universitaire américain avec les Tigers. Burrow avait également gagné le trophée Heisman, remis au meilleur joueur de la NCAA, et Chase, le trophée Fred Biletnikoff, remis au meilleur receveur. Les probabilités étaient donc fortes que les deux jeunes joueurs trouvent leur zone de confort à Cincinnati, ce qui s’est produit dès le début de la saison.

Burrow s’est établi comme l’un des cinq meilleurs quarts de la NFL à son deuxième tour de piste, tandis que Chase a été le receveur de première année le plus impressionnant depuis Randy Moss en 1998.

Chase a capté 81 passes pour 1455 verges et a marqué 13 touchés. Seuls Cooper Kupp, Justin Jefferson et Davante Adams ont récolté plus de verges que lui. Burrow a réussi 70,4 % de ses passes et a gagné une moyenne de 295,6 verges par match. Il a lancé 34 passes de touché, contre 14 interceptions, et son coefficient d’efficacité (108,3) a été le deuxième derrière celui d’Aaron Rodgers. Tout ça derrière l’une des pires lignes offensives de la NFL.

Le style de « Joe Burr… »

Comme le reste des Bengals, Chase aime de toute évidence jouer avec Burrow, qui fait l’unanimité. Le receveur apprécie également le style de son quart-arrière : « Joe a énormément de swag », a résumé Chase plus tôt cette semaine.

À première vue, Burrow avait l’air d’un jeune homme plutôt discret. Né en Ohio, il avait regardé le repêchage assis entre ses deux parents lorsqu’il a été confirmé qu’il devenait un membre des Bengals. Mais la personnalité de Burrow s’éloigne de plus en plus de l’idée qu’on pourrait se faire d’un jeune athlète du Midwest américain.

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Joe Burrow

La grande étoile des Bengals porte des manteaux flamboyants, une chaîne de diamants (« Je gagne trop d’argent pour que ce ne soit pas de vrais diamants », a-t-il dit) et fume des cigares après des victoires importantes. On le voit danser dans le vestiaire des Bengals, sa gestuelle et son sourire narquois sont là pour prouver qu’il ne manquera jamais de confiance en ses moyens.

Burrow est déjà surnommé « Joe Cool » par certains, le même sobriquet que Joe Montana dans les années 1980 et 1990, et « Joe Burrr » par d’autres – parce qu’on dit de lui qu’il garde toujours son sang-froid. Bref, Burrow joue et se comporte comme s’il était invincible, et ses coéquipiers emboîtent le pas, qu’il s’agisse de Chase, de Joe Mixon, de Tee Higgins ou de n’importe qui d’autre.

Et c’est un autre élément qui rappelle les Cowboys du début des années 1990. Les Cowboys étaient jeunes, talentueux, stylés et, surtout, extrêmement confiants. L’une des différences, c’est que Dallas possédait une ligne offensive dominante à cette époque, pas une passoire comme celle des Bengals…

Au risque de se répéter, ce sera fort probablement la clé du 56e Super Bowl, dimanche soir, à Los Angeles. Si l’excellent front défensif des Rams malmène la ligne offensive des Bengals, Burrow et ses coéquipiers quitteront fort probablement le SoFi Stadium avec la queue entre les jambes sans fumer de cigare.

Le jeu des comparaisons est certainement agréable et il y a effectivement de nombreuses similitudes entre les Bengals actuels et les Cowboys de 1992. Mais avant de pouvoir vraiment être comparés à Aikman, Irvin, Emmit Smith et au rouleau compresseur que formaient les Cowboys d’il y a une trentaine d’années, les Bengals devront franchir l’étape la plus difficile.