L’ascension de Catherine Raîche dans la NFL se poursuit. Les Eagles de Philadelphie ont annoncé jeudi qu’elle était promue au poste de vice-présidente des opérations football de l’équipe.

La Québécoise, qui était coordonnatrice des opérations football et du personnel des joueurs des Eagles, hérite donc de responsabilités accrues au sein de l’organisation. Jamais une femme n’a-t-elle occupé une fonction aussi élevée hiérarchiquement dans la NFL.

« Dans son nouveau rôle, Raîche sera impliquée dans tous les aspects des opérations football et du personnel des joueurs, soit le recrutement professionnel et collégial, la gestion des contrats, le développement des joueurs et du personnel et la recherche football », lit-on dans le communiqué de l’équipe.

Raîche fait ainsi un pas de plus vers son rêve de devenir directrice générale d’une équipe de la NFL, rêve dont elle ne s’est jamais cachée. En entrevue avec notre collègue Ariane Lacoursière en décembre dernier, elle s’exprimait ainsi : « Si on attend toujours de voir quelqu’un qui nous ressemble faire quelque chose, c’est peut-être pour ça que ça fait 30 ans qu’il n’y en a pas, de femme DG, dans la ligue. »

Des Alouettes aux Eagles

Raîche travaille dans le monde du football depuis 2015. C’est Jim Popp, alors DG des Alouettes, qui l’avait engagée comme stagiaire non rémunérée. Elle a ensuite occupé le poste de coordonnatrice de l’administration football chez les Alouettes, avant d’être nommée en janvier 2017 adjointe au directeur général.

« Jim est extrêmement progressiste, avait-elle confié en décembre dernier. Quand vient le temps d’engager les gens, il ne se met pas de barrières par rapport au genre ou à la couleur de peau. Il veut avoir les meilleures personnes autour de lui. Les plus compétentes.

« Plus tu veux, plus il t’en donne. Ça m’a permis de me développer rapidement. Il m’a fait confiance. J’ai appris beaucoup de lui et grandi beaucoup. […] Il faut que quelqu’un te donne l’opportunité de montrer ce que tu peux faire. Et j’ai eu cette chance-là avec Jim. »

Raîche s’est ensuite retrouvée chez les Argonauts de Toronto, où elle a rejoint Popp, qui en était à sa deuxième année comme directeur général. Elle y a occupé un poste où elle négociait des contrats et gérait le plafond salarial. Elle touchait également au recrutement.

« C’était quelque chose sur quoi je travaillais. Étudier la game dans les détails pour être capable de mieux évaluer les joueurs. J’ai raffiné mes compétences. J’ai été capable de continuer ça avec Jim qui est un très bon évaluateur », dit-elle.

Elle s’est ensuite fait offrir un plus grand rôle pour les Vipers de Tampa Bay dans la XFL, une équipe dirigée par Marc Trestman, qui était entraîneur-chef des Argonauts lors du passage de Raîche dans la Ville Reine.

Trestman avait proposé à Raîche le poste de directrice des opérations football. « Il voulait que je monte l’équipe », avait-elle expliqué. Mais six mois plus tard, les Eagles l’appellent pour lui offrir un poste aux opérations et au recrutement. C’est Dawn Aponte, qui travaille à la NFL, qui a recommandé Catherine Raîche aux Eagles. Cette comptable de formation, qui a occupé plusieurs postes d’envergure, a beaucoup aidé Raîche dans son développement.

Un monde d’hommes

Consciente qu’elle vit dans un monde d’hommes, Catherine Raîche reconnaît qu’elle a pris l’habitude d’arriver « vraiment bien préparée ». « Je fais vraiment mon travail en détail, avait-elle expliqué. Je ne sais pas si les hommes ressentent la même pression. Mais je me mets, oui, une pression, pour être plus préparée. Je veux que mes arguments soient soutenus. »

Durant la pandémie, Catherine Raîche a aussi créé avec une collègue un groupe réunissant les femmes qui travaillent directement aux opérations football dans la ligue.

« On est 85 dans le groupe. Il y a 32 équipes dans la ligue, avait-elle révélé à La Presse. Ça fait moins de trois femmes par équipe. Ce n’est pas beaucoup. Mais c’est plus que je pensais », dit-elle.

Catherine Raîche organisait ponctuellement des évènements virtuels avec ce groupe. « On amène un directeur général, un entraîneur… Des gens qui sont en position de pouvoir. Pour qu’ils se rencontrent et sachent que ces femmes existent. La proximité du pouvoir, c’est une chose très importante. Les hommes ont l’avantage. C’est un boys club. Ils se connaissent. Et nous, il faut qu’on entre dans ce club-là. »

Raîche est diplômée en droit de l’Université de Sherbrooke et titulaire d’une maîtrise en fiscalité.