Le meilleur quart-arrière de l’histoire, Tom Brady, contre le meilleur quart-arrière du moment, Patrick Mahomes. C’est la confrontation qui nous attend au 55e Super Bowl, le 7 février à Tampa Bay.

En vertu de leur victoire de 31-26 face aux Packers de Green Bay, dimanche au Lambeau Field, les Buccaneers de Tampa Bay deviendront la toute première équipe de l’histoire à disputer un match du Super Bowl à domicile, dans ce cas au Raymond James Stadium.

Quelques heures après la victoire de Brady et des Buccaneers, Mahomes et les Chiefs de Kansas City ont quant à eux mis fin au beau parcours des Bills de Buffalo avec une victoire de 38-24 à l’Arrowhead Stadium.

Pour Brady, il s’agira d’une incroyable 10e participation au Super Bowl (fiche de 6-3). On dit qu’il faut parfois être chanceux pour être bon et Brady l’a été, dimanche. Le légendaire passeur n’a pas bien joué du tout en deuxième demie, lançant notamment trois interceptions.

Mais Aaron Rodgers et les Packers, qui ont perdu pour la quatrième fois en finale de la Conférence nationale depuis leur dernière conquête du Super Bowl il y a 10 ans, ont été incapables de tirer profit des interceptions de Brady.

Ce fut d’ailleurs la grande différence. Alors que les Buccaneers ont su profiter de leurs occasions en première demie – ils ont marqué six touchés à la suite de revirements de leurs adversaires depuis le début des séries –, les Packers n’ont pas été en mesure de le faire, notamment après les deux interceptions de Jaire Alexander.

Alexander a joué un très bon match, mais on ne peut certainement pas en dire autant des deux autres principaux demis de coin des Packers. Brady a constamment attaqué Chandon Sullivan en lançant des passes aux receveurs qu’il était appelé à couvrir. Kevin King, lui, a commis deux erreurs extrêmement coûteuses.

King a inexplicablement laissé Scott Miller courir derrière lui alors qu’il ne restait que quelques secondes à jouer au deuxième quart et que les Buccaneers se trouvaient à la ligne de 39 des Packers. Miller a ainsi marqué un improbable touché, ce qui a permis aux Bucs de rentrer au vestiaire avec une avance de 21-10.

Ce même King a été pénalisé pour avoir commis de l’interférence à l’endroit de Tyler Johnson en fin de match, ce qui a mis fin aux espoirs des Packers. Même s’il n’avait pas été retenu par King, Johnson ne serait fort probablement pas parvenu à capter la passe de Brady.

Curieuse décision

L’entraîneur-chef des Packers, Matt LaFleur, a quant à lui pris une décision discutable en optant pour un placement au lieu de viser un touché alors que son équipe perdait 31-23 avec un peu plus de deux minutes à faire au quatrième quart et que le ballon était à la ligne de 8 des Bucs.

« De la façon dont notre défense bataillait et jouait, je sentais que c’était la décision à prendre », a commenté LaFleur.

Toutes les fois où ça ne fonctionne pas, on le regrette, n’est-ce pas ?

Matt LaFleur, entraîneur-chef des Packers de Green Bay

Bien qu’on puisse défendre la décision de LaFleur dans la mesure où les Packers avaient encore leurs trois temps d’arrêt en banque à ce moment, le jeune entraîneur a essentiellement enlevé le ballon des mains de Rodgers pour le mettre dans celles de Brady.

Après la rencontre, Rodgers a d’ailleurs ouvert la porte aux spéculations en disant qu’il ne savait pas ce que l’avenir lui réservait. Rodgers a disputé un bon match dans l’ensemble (33 en 48 pour 346 verges, 3 touchés et 1 interception), mais a été incapable de réussir le jeu qui aurait pu permettre aux siens d’accéder au Super Bowl dans les dernières minutes.

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Aaron Rodgers

Brady, lui, a permis aux Buccaneers de se donner une bonne avance, notamment en réussissant plusieurs passes en situation de troisième essai en première demie. En plus de Miller, Mike Evans et Cameron Brate ont capté des passes de touché du numéro 12 des Bucs, qui a réussi 20 de ses 36 passes pour 280 verges, 3 touchés et 3 interceptions. Chris Godwin a mené l’équipe avec 5 attrapés pour 110 verges.

Au sol, Leonard Fournette a été solide une fois de plus. L’ancien des Jaguars de Jacksonville a gagné 55 verges en 12 courses et a marqué un spectaculaire touché de 20 verges grâce à une course le long des lignes de touche.

Les Buccaneers ont également obtenu du bon jeu de leur défense, surtout de la part de leur première ligne. Les chasseurs de quarts Shaquil Barrett et Jason Pierre-Paul ont respectivement réussi trois et deux sacs, profitant ainsi de l’absence du bloqueur à gauche David Bakhtiari.

Antony Auclair au Super Bowl

Pour la deuxième année de suite, il y aura un joueur québécois au Super Bowl. Un an après Laurent Duvernay-Tardif, ce sera au tour d’Antony Auclair.

Auclair a été laissé de côté lors du match à Green Bay, lui qui dispute sa quatrième saison avec les Bucs, une équipe qui peut compter sur plusieurs bons ailiers rapprochés, dont Rob Gronkowski et Cameron Brate.

Si Duvernay-Tardif avait choisi de jouer en 2020, deux des trois joueurs québécois dans la NFL auraient été présents au 55e Super Bowl. L’autre joueur québécois est le doyen Louis-Philippe Ladouceur, des Cowboys de Dallas.

Les coéquipiers de Duvernay-Tardif ont démontré qu’ils étaient nettement supérieurs aux jeunes Bills en les vainquant facilement. Après que les Bills eurent pris les devants, 9-0, les Chiefs ont marqué 21 points d’affilée au deuxième quart et n’ont plus jamais été menacés.

Jouant malgré une blessure à un orteil et après avoir suivi le protocole des commotions cérébrales avec succès au cours de la dernière semaine, Mahomes a été impeccable. Il a complété 29 de ses 38 passes pour 325 verges, 3 touchés et aucune interception.

La défense des Bills n’a jamais trouvé de solution pour ralentir Tyreek Hill et Travis Kelce. Hill possède une vitesse digne des Jeux olympiques et l’a démontré plusieurs fois au cours du match, qu’il a terminé avec 9 attrapés et 172 verges. Kelce a attaqué le milieu de la défense des Bills durant toute la soirée, captant 13 passes pour 118 verges et 2 touchés. Hill et Kelce sont devenus la première paire de receveurs à totaliser plus de 100 verges chacun dans deux matchs éliminatoires de la même année.

Un casse-tête inachevé pour les Bills

Josh Allen a passé une dure soirée aux mains de la défense des Chiefs, qui a joué avec beaucoup d’intensité. Le quart des Bills a fait ce qu’il pouvait (28 en 48 pour 287 verges, 2 touchés et 1 interception), mais on a bien pu voir qu’il manquait encore quelques pièces au casse-tête de la formation de Sean McDermott.

Cela dit, les Bills viennent de connaître leur meilleure saison en 25 ans. Allen s’est établi comme l’un des cinq ou six meilleurs quarts de la NFL, Stefon Diggs a ajouté du punch à une attaque qui en manquait, la ligne offensive est devenue une force, et il y a de bons éléments en défense. Si les Bills ajoutent un porteur de ballon et un chasseur de quarts de premier plan dans les prochains mois, ils seront des aspirants légitimes en 2021.

Pour l’heure, Kansas City demeure toutefois roi et maître de la Conférence américaine. Le prochain et dernier défi des Chiefs, qui ont joué leur meilleur match de l’année face aux Bills, sera maintenant de conserver leur titre du Super Bowl.

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Patrick Mahomes tentera de remporter le Super Bowl pour la deuxième année de suite.

La dernière équipe à avoir réussi cet exploit est l’ancienne de Brady, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui avaient soulevé le trophée Lombardi après les saisons de 2003 et de 2004.

Brady tentera d’empêcher les Chiefs d’y parvenir dans ce qui sera le cinquième affrontement entre lui et Mahomes. Les deux quarts ont deux victoires chacun et Brady a remporté le seul match éliminatoire, la finale de l’Américaine d’il y a deux ans.

Avec sa victoire contre Buffalo, Mahomes est devenu le premier quart-arrière de l’histoire à se rendre au Super Bowl deux fois avant d’avoir fêté ses 26 ans. À 43 ans, le phénoménal Brady vient quant à lui de gagner sa 10e finale de conférence. Un scénario de rêve.