(Los Angeles) L’ancien joueur professionnel de football américain Phillip Adams souffrait d’une maladie cérébrale dégénérative, l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), lorsqu’il a abattu six personnes avant de se donner la mort en avril, ont indiqué des médecins spécialistes mardi.

Un examen post-mortem du cerveau d’Adams, effectué par des neuropathologistes de l’université de Boston a révélé que l’homme de 32 ans présentait des signes de lésions cérébrales « inhabituellement graves ».  

« Il présentait une somme extraordinaire de pathologies associées au lobe frontal, la zone du cerveau située derrière le front », a expliqué Ann McKee, une des directrices de l’établissement.  

L’ETC, qui ne peut être décelée sur des individus vivants, est une maladie dégénérative du cerveau causée par des traumatismes crâniens répétés. Elle peut engendrer toute une série de symptômes comportementaux, parmi lesquels l’agressivité, l’impulsivité, la dépression, l’anxiété, la paranoïa, les tendances suicidaires, ainsi que des symptômes cognitifs progressifs tels que la perte de mémoire.  

Le spectre de l’ETC hante la NFL depuis le début des années 2000.

Plusieurs études scientifiques ont mis en évidence un lien entre cette dégénérescence cérébrale et les chocs répétés à la tête, engendrant commotions cérébrales et autres traumatismes crâniens qui émaillent trop souvent la carrière d’un joueur.

La plus récente de ces études, en juillet 2017, a notamment analysé les tissus cérébraux de 111  joueurs passés par la NFL et décédés souvent prématurément : l’ETC a été détectée chez 110 d’entre eux.

Victime de plusieurs commotions cérébrales

Une prévalence qui a obligé la ligue, attaquée en justice au début des années 2010 par 4500 anciens joueurs ou leurs ayant-droits, à s’acquitter d’un dédommagement d’un milliard de dollars pour les victimes, tout en modifiant certaines règles. Ainsi, depuis 2018, les chocs casque contre casque sont proscrits.

Selon sa famille, Adams a subi « plusieurs commotions cérébrales » au cours de sa carrière, passée entre 2010 et 2015 par les San Francisco 49ers, les Oakland Raiders et les Atlanta Falcons.

Il a abattu Robert Lesslie, 70 ans, sa femme Barbara, 69 ans, deux de leurs petits-enfants âgés de 9 et 5 ans, et deux hommes travaillant sur un système de climatisation au domicile des Lesslie à Rock Hill (Caroline du Sud), le 7 avril 2021, avant d’être retrouvé mort peu après, d’une blessure par balle qu’il s’était lui-même infligée dans une maison voisine.

Une analyse toxicologique a par ailleurs révélé la présence dans son organisme d’amphétamines délivrées sur ordonnance, ainsi que du kratom, un extrait de plantes en vente libre qui, à faible dose, agit comme un stimulant.  

« Nous comprenons mieux les troubles mentaux auxquels Phillip a été confronté dans les derniers moments de sa vie. Nous ne sommes pas surpris par ces résultats. Cependant, il est choquant d’entendre à quel point son état était grave », a déclaré sa famille.  

« Nous espérons sensibiliser le public à cette maladie afin que les joueurs puissent comprendre les risques… Phillip n’est pas le premier à s’être battu contre cette maladie et il ne sera pas le dernier », a-t-elle conclu.