Luc Brodeur-Jourdain n’aurait pas été le centre partant des Alouettes durant le gros de l’ère Trestman s’il n’avait pas été un joueur studieux et intelligent. Et ces aptitudes le servent drôlement bien dans ses fonctions d’entraîneur de la ligne offensive.

En 2019, Brodeur-Jourdain était l’adjoint de Paul Dunn, qui était alors l’instructeur de la ligne à l’attaque. Deux ans plus tard, le quintette devant Vernon Adams fils est un groupe amélioré et probablement le plus constant des Alouettes cette saison.

« Luc est capable de voir des clés qui nous permettent de savoir de quelle façon les défenses vont nous attaquer. C’est un entraîneur qui nous prépare très bien », a expliqué le garde Kristian Matte après l’entraînement de l’équipe, mercredi.

« On forme une unité expérimentée. On n’avait pas tous joué ensemble auparavant, mais on est tous des vétérans qui ont au moins quelques saisons d’expérience », a également noté Matte.

Solide à presque tous ses matchs depuis le début de la saison, la ligne a été sérieusement éprouvée, samedi dernier à Hamilton. Pas moins de trois des cinq partants se sont blessés, soit le centre Sean Jamieson, le garde Philippe Gagnon et le bloqueur Tony Washington. Ce dernier est toutefois revenu au jeu durant la partie.

Washington s’est entraîné mercredi et devrait être à son poste lorsque les Alouettes recevront le Rouge et Noir d’Ottawa, lundi. Mais ce ne sera pas le cas de Jamieson et de Gagnon.

L’entraîneur-chef Khari Jones n’a pas voulu trop en dire, mais on parle d’une absence de moyenne durée dans le cas de Jamieson. Les nouvelles seraient toutefois plus encourageantes dans le cas de Gagnon, qui pourrait revenir au jeu prochainement. David Brown remplacera Jamieson comme centre, tandis que David Foucault sera le nouveau garde à droite. Matte sera quant à lui muté du côté gauche.

Choix des Alouettes en 2014, Foucault obtiendra donc son premier départ avec l’équipe. Embauché par la formation montréalaise l’année dernière, Foucault avait joué pour les Panthers de la Caroline (NFL) et les Lions de la Colombie-Britannique avant de se joindre aux Alouettes.

« C’est vraiment une belle sensation. Je viens de Montréal, et c’est ici que j’ai commencé à apprendre à jouer au football. Je suis vraiment content de faire partie de l’équipe et de porter le chandail des Alouettes », a commenté le joueur de 6 pi 8 po.

Je me sens très à l’aise depuis mon premier jour avec l’équipe. Luc Brodeur-Jourdain prépare chaque joueur comme s’il était un partant.

David Foucault

« On a vraiment un bon groupe [la ligne offensive], je n’ai jamais eu autant de plaisir à jouer. Plusieurs de nos joueurs possèdent beaucoup d’expérience, alors on sait à quoi s’attendre. Et je pense qu’on a démontré lors de notre dernier match qu’on possédait de la profondeur », a estimé Foucault.

« Il possède un bon bagage dans la Ligue canadienne, alors c’est un réserviste de grande qualité. C’est une belle occasion qui se présente à lui », a dit Brodeur-Jourdain au sujet de Foucault, qui est devenu garde chez les Lions après avoir été bloqueur avec les Panthers et les Carabins.

« C’est lorsque je me suis fracturé un orteil que j’ai changé de position. J’avais moins d’équilibre, et Wally Buono croyait que je serais plus performant comme garde, et je suis très à l’aise à cette position. »

D’une pierre deux coups

Au début de la saison, on s’inquiétait de la ligne offensive des Alouettes. Brodeur-Jourdain la dirigeait pour la première fois. Jamieson n’avait jamais été centre. Gagnon et le bloqueur à droite, Landon Rice, n’étaient pas considérés comme des valeurs sûres.

Deux mois plus tard, William Stanback mène la ligue avec 677 verges au sol (moyenne de 6,2 par course), et Adams fils a presque toujours pu profiter d’une excellente protection devant lui. Il n’a été victime que de 10 sacs en 7 matchs.

Selon Brodeur-Jourdain, deux facteurs en particulier expliquent le bon rendement de son groupe : l’adaptation de Jamieson, qui dispute sa cinquième saison dans la LCF et avec les Alouettes, comme centre, et le retour de Matte au poste de garde, rendu possible par le jeu de Jamieson à sa nouvelle position.

« C’était une position à laquelle [Jamieson] n’avait jamais évolué, mais c’est un joueur qui s’est toujours préparé de façon exceptionnelle. Il aime en apprendre sur le jeu, il en mange. Il veut comprendre le volet stratégique et améliorer ses connaissances football en général », a détaillé Brodeur-Jourdain.

« À mon avis, Kristian a toujours été un garde dominant dans la Ligue canadienne. Il était un très, très bon joueur de centre, mais il aime particulièrement le volet physique du jeu. Il aime ça, brasser, mais on ne peut pas toujours le faire au centre. »

L’amour de la stratégie

Brodeur-Jourdain est dans son élément comme entraîneur. Il a toujours apprécié la complexité du football et la préparation qui s’impose pour l’obtention d’un bon résultat le jour du match.

« Au camp d’entraînement, on instaure nos règles de base, notre pain et notre beurre, si je peux dire. Par la suite, à chacune de nos parties, il s’agit de faire des ajustements au niveau stratégique pour nous avantager par rapport aux équipes adverses. Et c’est ce qui est le plus intéressant lorsqu’on devient entraîneur », estime-t-il.

« Même lorsqu’il jouait, Luc investissait beaucoup de temps dans sa préparation. Il étudiait énormément les défenses adverses et voulait toujours être prêt pour toute éventualité. Il était déjà un coach », croit Matte, qui a joué le gros de sa carrière au côté de Brodeur-Jourdain.

Il faut toujours être bien préparés, mais Luc vient juste de terminer sa carrière, alors il sait qu’on n’aura pas toujours le résultat qu’on souhaite. On ne pourrait pas demander mieux comme entraîneur, j’adore jouer pour lui.

Kristian Matte

Jones aussi tient Brodeur-Jourdain en haute estime.

« Je ne suis pas étonné de son succès parce que j’ai vu qu’il avait les aptitudes pour le travail, même en 2018 lorsqu’il nous donnait un coup de pouce. Je l’ai vu rassembler les joueurs et j’ai pu constater qu’il était un bon pédagogue. Il accorde une grande importance aux détails.

« Le centre est en quelque sorte le quart-arrière de la ligne offensive, il [Brodeur-Jourdain] devait donc savoir ce que tous les joueurs de l’unité avaient à effectuer. Il connaît très bien le jeu, et c’est agréable de travailler en sa compagnie. Les joueurs le respectent beaucoup. »

William Stanback absent de l’entraînement

PHOTO PETER POWER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

William Stanback (31)

Blessé à un pied ou à une cheville, samedi dernier, Vernon Adams fils sera à son poste contre le Rouge et Noir. Les Alouettes pourraient toutefois devoir se passer de William Stanback, qui n’était pas à l’entraînement des siens, mercredi. « Il est amoché, alors on a jugé que c’était préférable de lui accorder une journée de repos », a expliqué Khari Jones. Si Stanback doit s’absenter, la recrue Cameron Artis-Payne, qui a porté les couleurs des Panthers de la Caroline durant quatre saisons (de 2015 à 2018), obtiendra son premier départ.