C’est le genre de victoire qui peut changer le cours d’une saison. Le genre de victoire auxquelles les Alouettes nous avaient habitués en 2019.

En s’entretenant avec les journalistes, vendredi, Khari Jones a dit qu’il sentait que c’était cette semaine que son équipe se mettrait en marche. Bonne prémonition. Ses joueurs ont effacé un déficit de deux touchés pour vaincre les Tiger-Cats, 23-20, en prolongation dans ce qui a probablement été le meilleur match de la saison dans la LCF, samedi à Hamilton. Il s’agissait du premier revers à domicile des Tiger-Cats depuis 2018.

Vernon Adams fils a fait fi d’une blessure à une cheville pour orchestrer la remontée, lui qui avait quitté la rencontre en première demie. Matt Shiltz l’a remplacé et a complété quelques belles passes durant son absence, mais Adams fils était de retour à son poste au retour de l’intermission.

« Les médecins m’ont assuré qu’il ne pourrait pas aggraver sa blessure, mais que ce serait douloureux. Vernon était un peu craintif, mais je lui ai raconté que j’avais moi-même joué sur une mauvaise cheville et en dépit d’une épaule amochée à l’époque. Je lui ai souhaité la bienvenue dans le club ! » a raconté Jones.

C’était 17-3 en faveur des Tiger-Cats au milieu du troisième quart et l’attaque des Als n’avait toujours pas trouvé son rythme. La défense des Ti-Cats jouait bien, comme d’habitude, et les changements au poste de quart (d’Adams fils à Shiltz à Adams fils) n’aidaient certainement pas. Les Oiseaux se dirigeaient tout droit vers une cinquième défaite à leurs six derniers matchs et leurs espoirs de revenir dans la course pour le premier rang dans l’Est ne tenaient plus qu’à un fil.

Mais le plaqueur Woody Baron a fait perdre le ballon au receveur Bralon Addison dans le champ arrière des Tiger-Cats, et deux jeux plus tard, Adams fils a rejoint Jake Wieneke dans la zone des buts. Avec son sixième touché de la saison, Wieneke a diminué le déficit des siens de moitié et les a ramenés dans le coup.

Après qu’un placement de David Côté eut porté la marque à 17-13, Adams fils a lancé sa deuxième interception de la rencontre profondément dans le territoire des Tiger-Cats et alors qu’il ne restait approximativement que deux minutes à écouler au quatrième quart. C’est l’ancien demi défensif des Als, Ciante Evans, qui a réussi le jeu, qui semblait à toutes fins utiles avoir achevé les visiteurs.

La défense de Barron Miles avait autre chose en tête. Assez discret depuis le début de la saison, le secondeur Chris Ackie a plaqué le quart Jeremiah Masoli derrière la ligne de mêlée sur un blitz, un sac qui a gardé les Alouettes en vie avec 1 : 25 à faire en temps réglementaire.

Et c’est à partir de ce moment qu’Adams fils et Eugene Lewis ont uni leurs efforts pour réaliser deux très beaux jeux dans des moments cruciaux. Lewis a d’abord réussi un bel attrapé le long des lignes de touche sur un troisième essai avec quatre verges à franchir pour obtenir un premier jeu à la ligne de 18 des Tiger-Cats.

Puis, alors qu’il ne restait que 29 secondes à écouler au cadran, sur un troisième essai avec 20 verges à franchir, Adams fils a lancé un plomb dans la zone des buts que Lewis est parvenu à capter malgré la présence de quelques rivaux autour de lui, perdant même son casque protecteur sur la séquence. L’ailier espacé a démontré une superbe concentration sur la séquence.

« Je pense que la coordination entre mes yeux et mes mains est l’une des forces de mon jeu et j’en soutire beaucoup de fierté », a dit Lewis au sujet de son attrapé.

De 3-17 à 20-17, les Als jubilaient. Un placement de 55 verges du botteur Taylor Bertolet sur le dernier jeu du quatrième quart a toutefois forcé la tenue d’une prolongation. Le ballon a traversé la barre transversale de quelques centimètres à peine.

Lors de la première possession de la prolongation des Tiger-Cats, le Québécois Sean Thomas Erlington a échappé et perdu le ballon à la suite d’une remise de Masoli. Les Alouettes ont quant à eux joué de prudence et Côté a concrétisé leur victoire avec un placement de 36 verges.

« Notre équipe a démontré beaucoup de résilience et j’en suis fier. On a encore commis des erreurs, mais on n’a jamais abandonné. C’était le cas de notre équipe en 2019 et c’est la première fois que je nous voyais en démontrer autant cette saison. On a battu une très bonne équipe, qui n’avait pas perdu ici depuis très longtemps », a commenté Jones.

« Cette victoire est un peu similaire à certaines qu’on avait remportées en 2019, mais c’est une équipe différente et on essaie de trouver notre propre identité », a dit Adams fils.

Une ligne offensive amochée

L’effort des Alouettes est constant depuis le début de la saison, personne ne peut le nier. Mais parce qu’ils ont commis trop de revirements et écopé de trop de pénalités, les victoires n’ont pas suivi.

Adams fils a joué en dépit d’une blessure à une cheville ; la défense n’a jamais bronché et a multiplié les gros jeux ; et que dire de la ligne offensive ? Le centre Sean Jamieson, le garde Philippe Gagnon et le bloqueur Tony Washington ont tous quitté le match en raison de blessures et les deux premiers ne sont jamais revenus au jeu. À un certain moment, l’ailier défensif David Ménard a été utilisé comme garde parce qu’il n’y avait plus un seul joueur de ligne offensive disponible…

« Ce match a prouvé qu’on est une équipe de battants et qu’on restera unis, peu importe ce que diront les partisans et les médias. On va continuer de se battre et de s’améliorer », a résumé Adams fils.

Les Alouettes se sont ainsi approchés à deux points des Tiger-Cats et du premier rang de leur division. Ils disputeront cinq de leurs sept dernières parties à domicile. Alors grâce à leur belle victoire au Tim Hortons Field, rien n’est joué et Jones l’a rappelé.

« Je pense que ce match servira de catalyseur pour le reste de notre saison. J’ai dit à nos joueurs que notre saison venait probablement de commencer aujourd’hui. »