Il y a deux ans, Khari Jones et Vernon Adams fils sont un peu sortis de nulle part. Jones était coordonnateur offensif jusqu’à ce que Mike Sherman soit congédié au terme du camp d’entraînement. Adams fils avait amorcé ce camp au quatrième échelon dans la hiérarchie des quarts-arrières de l’équipe.

La belle saison de 2019 a donc été aussi inattendue que rafraîchissante. Après des années marquées par un désintérêt graduel de Jim Popp et l’incompétence de son successeur, Kavis Reed, Jones et Adams ont pris le contrôle de l’équipe au pied levé et l’ont sortie de son coma.

Comme les huit autres formations de la LCF, les Alouettes n’avaient pas joué un match depuis presque deux ans lorsqu’ils ont amorcé leur saison le 13 août dernier. On pouvait excuser la rouille et le jeu chancelant, d’autant qu’il n’y avait eu aucune rencontre préparatoire, ce qui n’est vraiment pas souhaitable dans un sport qui dépend autant du synchronisme.

Elle a duré un bon moment, mais la lune de miel est terminée.

Pour la première fois depuis qu’ils sont devenus l’entraîneur-chef et le quart partant des Alouettes, Jones et Adams fils ont la pression de gagner. C’est ce à quoi s’attendent les partisans du club après la renaissance de 2019, ce qui était plus ou moins le cas il y a deux ans.

Les Alouettes doivent trouver leur erre d’aller dès ce vendredi soir à Toronto. Leur talent se compare avantageusement avec celui de la plupart des autres clubs du circuit et le moment est venu de le démontrer. Tout a été dit et redit. Les victoires doivent maintenant commencer à s’additionner.

Le jeu aérien pointé du doigt

Les unités spéciales des Alouettes ont eu des hauts et des bas jusqu’à maintenant, mais ont été correctes dans l’ensemble. La défense n’a pas été parfaite, mais a généralement permis à l’équipe de rester dans ses matchs. À l’exception de la partie contre Hamilton, William Stanback et le jeu au sol ont fait ce qui était attendu d’eux, et on peut dire la même chose de la ligne offensive.

Il reste le jeu aérien. Il est facile de jeter tout le blâme sur Adams fils, qui a été capable du meilleur comme du pire cette saison. Mais les receveurs peuvent certainement jouer avec plus de combativité et de constance, et en tant que coordonnateur offensif, Jones peut certainement être plus créatif pour permettre à Adams de trouver sa zone de confort.

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Khari Jones, entraîneur-chef des Alouettes de Montréal

On a demandé à Jones si c’était effectivement le jeu aérien qui était responsable du décevant début de saison de son équipe, jeudi. Il a répondu que c’était toute l’équipe qui devait mieux jouer, ce qui n’est jamais faux. Présumons cependant que Jones veut couver son quart-arrière autant qu’il le peut alors qu’il traverse une mauvaise période. Avec un jeune quart-arrière émotif comme Adams fils, c’est la seule stratégie possible.

De l’avis d’une majorité d’observateurs, c’est toutefois l’attaque qui devait représenter la force des Als cette année. Il y avait de nouveaux visages à presque toutes les positions en défense, mais l’attaque allait porter l’équipe sur son dos durant la première partie de la saison. Ça ne se passe pas comme prévu.

L’importance de l’avantage du terrain

Il est encore tôt dans la saison et les Alouettes ont encore autant de chances de remporter le championnat de leur division que n’importe quelle autre équipe. Cela dit, si leur jeu de passe ne s’améliore pas, une simple participation aux éliminatoires est loin d’être assurée.

Un tel scénario serait catastrophique pour l’organisation.

Depuis qu’il s’est porté acquéreur du club, Gary Stern a assurément essuyé des pertes financières majeures en raison de la pandémie. En 2020 évidemment, mais également cette saison. Disons qu’un match éliminatoire à domicile dans quelques mois ferait grand bien. Pour que ce soit le cas, les Oiseaux devront finir premiers ou deuxièmes dans l’Est.

En ce moment, les Tiger-Cats et les Argonauts ont respectivement deux victoires et une victoire de plus qu’eux. Les Alouettes ont des matchs en main, mais s’ils perdent vendredi soir à Toronto et le 2 octobre à Hamilton, la situation se compliquera drôlement. Les Moineaux peuvent s’estimer chanceux de jouer 4 de leurs 14 parties contre Ottawa…

Derechef, il est un peu trop tôt pour parler de course aux séries, mais même Jones a convenu qu’il devait y avoir un sentiment d’urgence au sein de son équipe. « Le moment est venu de jouer comme on sait qu’on est capables de le faire, et durant les quatre quarts. »

Le retour de Chris Jones

Il y a deux semaines, les Argonauts ont annoncé que leur coordonnateur défensif, Glen Young, et leur entraîneur des demis défensifs, Josh Bell, avaient quitté l’équipe pour des raisons personnelles. Selon toute vraisemblance, c’est parce qu’ils ne voulaient pas se faire vacciner contre la COVID-19.

Cela a mené au retour dans la LCF de nul autre que Chris Jones, grand stratège du jeu défensif au football à trois essais s’il en est. Jones ne s’est pas fait trop d’amis en Saskatchewan lorsqu’il a quitté son poste d’entraîneur-chef des Roughriders une semaine après avoir signé une prolongation de contrat… C’était pour devenir adjoint chez les Browns de Cleveland.

Après deux saisons dans la NFL, Jones est devenu l’entraîneur-chef d’une équipe d’école secondaire au Tennessee (South Pittsburg High School), un poste qu’il a qualifié d’« emploi de rêve ». L’emploi de rêve a pris le bord lorsque Ryan Dinwiddie, le pilote des Argos, lui a passé un coup de fil.

N’empêche, Jones a gagné partout où il est passé dans la LCF. Et c’est lui qui dirigera la défense des Argonauts dès ce vendredi.

« Il a toujours ajusté son système de jeu en fonction du personnel de joueurs qu’il avait sous la main. Il affectionnait beaucoup la pression et les blitz au début de sa carrière comme coordonnateur, ce qui a été moins le cas par la suite », a expliqué Khari Jones, jeudi.

Bonne nouvelle pour les Alouettes, Jones et les Argos ne pourront compter sur les secondeurs Henoc Muamba et Cameron Judge, ce qui pourrait permettre à Stanback de connaître un autre bon match. Mais tôt ou tard, le jeu de passe des Als devra produire. Au football à trois essais, il peut difficilement en être autrement si l’on veut gagner régulièrement.