Il faut remonter à 2002 pour retrouver un duel Rouge et Or/Carabins après que les deux équipes ont été battues la semaine précédente. Surprises par Sherbrooke et Concordia le week-end dernier, les deux puissances traditionnelles du football universitaire se retrouveront ce samedi soir à Québec avec l’objectif de relancer leur saison.

Après l’annulation de la saison 2020 et l’arrivée de deux cohortes de recrues, un nombre inhabituel de nouveaux venus vont se retrouver au cœur de l’action. Pour deux d’entre eux, ce match sera aussi l’occasion de retrouvailles. En 2018, Jonathan Sénécal et Kevin Mital ont mené le Phénix du Collège André-Grasset au Bol d’or de la division 1 du football collégial, après une saison au cours de laquelle ils ont réécrit le livre des records du RSEQ.

Sénécal, le quart-arrière, a amassé 2769 verges des gains par la passe pour pas moins de 27 touchés et seulement 6 interceptions. Mital a été sa cible de prédilection avec 48 réceptions, plus de 1000 verges de gains et 17 touchés. Trois ans plus tard, après bien des détours, les deux anciens complices se retrouvent face à face.

Recruté par l’Université du Connecticut, Sénécal est parti pour les États-Unis l’hiver dernier, mais la saison des Huskies a été annulée et il a préféré revenir au Québec où l’attendaient des propositions des Carabins et du Rouge et Or. Il a opté pour les Bleus en raison notamment de la présence de l’entraîneur-chef Marco Iadeluca, qu’il avait côtoyé à Grasset et avec Équipe Québec.

« C’est évident que la pandémie a un peu bouleversé mon parcours, a raconté l’étudiant de 20 ans cette semaine en entrevue. Avec ma blessure [une déchirure du ligament croisé antérieur du genou gauche lors du premier match du Phénix en 2019], j’ai été inactif pendant deux saisons.

« Bien sûr, ça m’a permis de bien me rétablir, mais c’est certain que je vais avoir besoin d’une période d’adaptation avant de revenir à mon meilleur niveau. La défaite de la semaine dernière m’a confirmé que ce serait le cas. »

Sénécal peut toutefois compter sur deux excellents mentors pour l’aider à poursuivre son développement. Iadeluca, on l’a dit, et aussi Anthony Calvillo, coordonnateur offensif des Carabins. « Honnêtement, je ne travaille pas beaucoup avec Marco, car il a beaucoup d’autres choses dans son assiette en ce moment avec la pandémie et la gestion de toute l’équipe.

PHOTO JAMES HAJJAR, FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Jonathan Sénécal (12), quart-arrière des Carabins de l’Université de Montréal

« Je travaille davantage avec Calvillo et ça se passe très bien pour le moment. Pendant les matchs, on est pris dans l’action et on ne se parle pas beaucoup, mais la semaine, quand on regarde les vidéos et qu’on prépare nos plans de match, c’est intéressant de voir comment il travaille, comment il analyse les défensives adverses.

« Avec tous les changements, nous n’avions d’ailleurs pas grand-chose pour nous préparer contre Concordia, mais je ne doute pas que les entraîneurs vont faire les ajustements nécessaires afin que je sois plus à l’aise samedi. »

Ce sera une première visite dans l’antre du Rouge et Or pour Sénécal.

Je n’ai jamais joué au PEPS, mais les gars m’ont dit que c’était toujours de gros matchs, avec beaucoup d’ambiance. La préparation est d’ailleurs spéciale cette semaine, car on sait que l’enjeu est très important.

Jonathan Sénécal

Et il y aura Mital sur l’autre banc… « Nous avions une belle complicité, c’est vrai, a rappelé Sénécal. Je pense que chacun de nous a fait le meilleur choix pour lui. Je comprends qu’il soit allé à Québec et je ne suis pas surpris de voir qu’il a vite fait sa place avec le Rouge et Or. Mais dimanche, ce sera un adversaire comme les autres et je vais aller là pour gagner ! »

Mital impressionne

Après une saison à l’Université de Syracuse, Kevin Mital savait ce qui l’attendait au football universitaire québécois. Et il a vite fait ses preuves. Celui qui avait marqué 35 touchés et amassé 2438 verges par la passe – deux records du RSEQ – en trois saisons à Grasset domine déjà les statistiques cette saison avec le Rouge et Or (20 réceptions, 269 verges de gains et 2 touchés).

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Kevin Mital (8), du Rouge et Or de l’Université Laval

Je suis ici pour gagner. Les statistiques ne veulent rien dire si on perd…

Kevin Mital

Le Rouge et Or a justement perdu son dernier match, la première défaite de son histoire face au Vert & Or de Sherbrooke, malgré 11 réceptions et 180 verges de gain pour Mital. « Ce que je retiens de ce match, c’est qu’on a dominé en attaque, avec 450 verges de gains, mais qu’on a commis des revirements et qu’on n’a pas été en mesure de finir nos séries dans la zone payante. On a travaillé là-dessus cette semaine et je pense qu’on va être prêts pour affronter les Carabins », a-t-il insisté, cette semaine en entrevue.

Mital a vite compris que la rivalité était très forte non seulement entre les deux équipes, mais entre les deux villes ! « C’est vraiment fort ici et les vétérans n’ont pas manqué de nous rappeler le dernier match, en finale de la Coupe Dunsmore de 2019, quand les Carabins sont venus gagner 25-10. Personne ne l’a oublié ici. »

À 6 pi 1 po et 235 lb, Mital mise à la fois sur sa vitesse et sa puissance, une combinaison qui aurait pu lui permettre de faire sa marque dans la NCAA.

« Je suis arrivé tardivement à Syracuse et je n’ai pas joué la première saison (Redshirt). Sur le plan football, j’ai quand même beaucoup appris et j’aurais eu ma place, mais j’ai réalisé que la maison me manquait et que je ne me voyais pas passer les quatre prochaines années là-bas. »

La rumeur a vite couru que le receveur pourrait revenir au Québec et l’entraîneur-chef Glen Constantin, pour qui Mital est « un joueur d’exception », raconte avoir reçu comme un cadeau le texto confirmant la venue du joueur.

« Au Québec, le Rouge et Or a toujours été mon premier choix, raconte Mital. J’aime l’équipe, les entraîneurs, et je me suis vite adapté à la vie ici, dans un environnement que je connais bien tout en étant près de ma famille. »

Et s’il aurait aimé retrouver son ancien complice Sénécal sur le campus de l’Université Laval – les deux étudient en administration –, il comprend le choix de son ami. « Nous avons chacun choisi ce qui nous convenait le mieux », estime Mital.

« Et ce sera plaisant de le retrouver sur le terrain, samedi, après le match ! »

Concordia au premier rang !

Les Stingers de Concordia ont réussi une autre folle remontée, vendredi soir à McGill, pour s’imposer 36-33 devant les Redbirds. Les Stingers ont comblé un déficit de 31-11 au quatrième quart, avant de l’emporter en prolongation grâce à un placement de 21 verges d’Andrew Stevens. Le quart Olivier Roy a encore brillé en fin de rencontre, réussissant trois passes de touché à Olivier Morency (6 verges), Jacob Salvail (35 verges) et Jeremy Murphy (2 verges). Il avait aussi réussi une passe de touché de 50 verges à Jaylan Graves au troisième quart. Du côté des Redbirds, le quart Dimitrios Sinodinos a réussi des passes de touché à Darius Simons (60 verges) et Simon Crevier (20 verges), Elijah Williams a marqué sur une course de trois verges et le joueur de ligne défensive Joshua Archibald a récupéré un échappé pour marquer après un retour de 39 verges. Avec une fiche de 2 victoires et 1 défaite, les Stingers se retrouvent au premier rang de la conférence québécoise de football universitaire à égalité avec le Rouge et Or de l’Université Laval. Ces derniers pourront toutefois reprendre l’avantage ce samedi soir quand ils recevront les Carabins de l’Université de Montréal au PEPS.