Depuis le début des années 2000, votre journaliste football s’est souvent obstiné à ignorer Tom Brady lorsque venait le temps de prédire le gagnant du prochain Super Bowl. Trop souvent.

« Il ne va pas encore gagner, ce n’est pas possible », me suis-je convaincu. Mais pas cette fois.

Les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ont eu de grandes équipes durant leurs deux décennies de domination. Leurs trois premières conquêtes du Super Bowl ont été réussies grâce à Brady et à une défense allumée au possible qui carburait aux jeux opportuns. Leur attaque de 2007 était dévastatrice avec Brady, Randy Moss, Wes Welker et compagnie. Plus récemment, il y avait un peu de tout dans les équipes qui ont gagné trois titres de 2014 à 2018.

Mais sur papier, les Patriots n’ont jamais eu une formation aussi talentueuse que celle qu’ont actuellement les Buccaneers de Tampa Bay. Jamais. C’en est presque ridicule, à quel point les Bucs sont forts. Faisons le tour si vous le voulez bien.

Lorsque Brady a choisi de déménager à Tampa Bay, c’est la ligne devant lui qui était la grande source d’inquiétude. Le quintette de mastodontes serait-il assez étanche pour donner la seconde de plus à Brady afin qu’il puisse orchestrer l’attaque ?

Premier choix du club en 2020, Tristan Wirfs a changé la donne. Quatrième joueur de ligne offensive choisi lors de cet encan, le bloqueur à droite a assurément été le meilleur du groupe. Brady s’est également assuré que les quatre autres partants de l’unité jouent à la hauteur de ses attentes, et comme d’habitude, il ne l’a pas fait avec des tapes dans le dos…

Il faut dire que l’arrivée du Gronk n’a pas nui en protection de passe et sur les jeux au sol. Rob Gronkowski a toujours été un excellent bloqueur. Il n’est peut-être plus aussi bon qu’à l’apogée de sa carrière, mais ses deux touchés marqués lors du Super Bowl ont prouvé qu’il demeurait un très bon ailier rapproché. Il est encore l’un des 10 meilleurs de la NFL et peut-être encore le plus complet.

PHOTO SCOTT AUDETTE, ASSOCIATED PRESS

Rob Gronkowski

Cameron Brate est surtout reconnu pour son attrapé du Lombardi après que Brady eut tout bonnement décidé de lui lancer le précieux trophée d’un bateau à l’autre lors du défilé maritime des Bucs. Mais il est un bon ailier rapproché, lui aussi. Il a 223 attrapés et 29 touchés en 98 matchs dans la NFL.

Puis il y a O.J. Howard, un ancien premier choix qui s’est blessé en début de saison et qui ne jouait pas durant la conquête des Bucs. Son potentiel reste considérable et s’il imite Gronkowski, Howard deviendra un très bon ailier rapproché, lui aussi. Ne vous demandez donc pas pourquoi Antony Auclair ne joue plus avec les Bucs…

Au sol, Ronald Jones II est sorti de sa coquille l’an dernier et Leonard Fournette a peut-être connu les meilleurs moments de sa carrière durant les éliminatoires. Si vous n’avez que cinq ou six joueurs près de la ligne de mêlée, Fournette vous le fera payer chaque fois.

Jones II et Fournette sont toujours avec l’équipe, mais ce n’était pas suffisant. Les Buccaneers ont embauché Giovani Bernard, un demi offensif qui se spécialise dans le jeu aérien et qui a capté 342 passes en carrière. Lorsqu’il pose la tête sur son oreiller le soir venu, Brady doit avoir le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Et on n’a même pas encore parlé des ailiers espacés.

Les Bucs ont désigné Chris Godwin comme joueur de franchise… même s’il n’est peut-être qu’au deuxième rang de leurs receveurs. Mike Evans a joué sept saisons dans la NFL, sept saisons de plus de 1000 verges.

PHOTO MARK LOMOGLIO, ASSOCIATED PRESS

Chris Godwin

Si les adversaires des Bucs réussissent à trouver une façon de neutraliser leur jeu au sol, leurs ailiers rapprochés, Evans et Godwin, Brady pourra utiliser la stratégie que Ben Roethlisberger a privilégiée durant près d’une décennie : lancer le ballon à Antonio Brown à profusion.

Brown n’est certes plus le receveur dominant d’il y a quelques années, mais il a maintenant eu une année pour se familiariser avec les Bucs et ses nombreux problèmes personnels semblent derrière lui. Comme Brady, Brown est un bourreau de travail, ne soyez donc pas surpris de les voir faire des ravages ensemble cinq autres années…

Lorsque Antonio Brown est votre troisième receveur, la vie est belle, mes chers amis. Les jeunes Scotty Miller et Tyler Johnson progressent bien et Julian Edelman devrait débarquer en Floride d’une minute à l’autre.

Seule faiblesse ?

Grâce à des chasseurs de quarts de la trempe de Shaquil Barrett et Jason Pierre-Paul, les Bucs ont réussi 48 sacs la saison dernière. Ils ont ensuite eu le luxe de choisir Joe Tryon en première ronde, un autre chasseur de quarts qui a été l’une des étoiles de l’équipe au camp d’entraînement.

Les Bucs ont terminé au premier rang de la ligue contre la course en 2020. Ndamukong Suh reste l’un des meilleurs plaqueurs de la NFL pour congestionner la ligne de mêlée et Vita Vea est sur le point de le devenir. Devin White et Lavonte David forment probablement la paire de secondeurs intérieurs par excellence du circuit.

Tous ces joueurs sont de retour. Tout le monde est de retour ! Les Bucs n’ont pas perdu un seul de leurs 22 partants de l’année dernière, doit-on rappeler. Pas un.

S’il y a une faiblesse à Tampa, elle se trouve dans la tertiaire, comme on a pu le voir jeudi soir contre Dallas. Il y a déjà quelques blessés et les Bucs devront y remédier.

La touche d’Arians

C’est Bruce Arians qui aura la chance de gérer cette équipe de rêve. Arians n’est peut-être pas un grand stratège comme Bill Belichick, mais il est un très bon entraîneur-chef au sens propre du terme. La dynamique et l’ambiance au sein des Bucs semblent très bonnes. On ne devrait d’ailleurs pas se surprendre de voir Brady plus détendu depuis qu’il s’est joint à sa nouvelle équipe.

PHOTO CHRIS O'MEARA, ASSOCIATED PRESS

Bruce Arians, entraîneur-chef des Buccaneers de Tampa Bay

Arians est également l’entraîneur le plus inclusif de la NFL et probablement du sport professionnel. Ses quatre principaux adjoints (Harold Goodwin, Todd Bowles, Byron Leftwich et Keith Armstrong) sont des Afro-Américains, et deux femmes (Lori Locust et Maral Javadifar) font partie de son groupe d’entraîneurs.

Vous êtes tanné de voir le beau Tom faire des conquêtes du Super Bowl ? Vous devrez peut-être prendre votre mal en patience. Il en a déjà 7 et pourrait ultimement se rendre jusqu’à 10. L’auteur de ces lignes pense qu’il en ajoutera une huitième dès cette saison.

Et lorsque sa carrière de joueur prendra fin, peut-être dans 10 ou 15 ans, Brady ferait un excellent directeur général si le cœur lui en dit. Il a prouvé qu’il savait comment bien évaluer le talent en choisissant de se joindre aux Bucs il y a 18 mois.

Les prédictions de Miguel Bujold

  • Philadelphie à Atlanta = Atlanta
  • Pittsburgh à Buffalo = Buffalo
  • Minnesota à Cincinnati = Minnesota
  • San Francisco à Detroit = San Francisco
  • Arizona au Tennessee = Tennessee
  • Seattle à Indianapolis = Seattle
  • Chargers de L. A. à Washington = Washington
  • Jets de N. Y. en Caroline = Caroline
  • Jacksonville à Houston = Houston
  • Cleveland à Kansas City = Kansas City
  • Miami en Nouvelle-Angleterre = Nouvelle-Angleterre
  • Green Bay c. La Nouvelle-Orléans (à Jacksonville) = Green Bay
  • Denver aux Giants de New York = Giants de New York
  • Chicago aux Rams de Los Angeles = Rams de Los Angeles
  • Baltimore à Las Vegas = Baltimore

Trois matchs à ne pas rater

PITTSBURGH À BUFFALO, DIMANCHE, 13 h

Les attentes n’ont pas été aussi élevées à Buffalo depuis au moins 25 ans. Minimum. Josh Allen est l’un des favoris pour remporter le titre du joueur par excellence de la NFL et il y a du talent partout chez les Bills. C’est le début d’une nouvelle ère, de succès, au grand plaisir des partisans des Bills qui n’ont pas été choyés depuis le milieu des années 1990. À Pittsburgh, le dossier T. J. Watt est enfin réglé. Le secondeur a signé une prolongation de 112 millions pour quatre ans qui en fait le joueur défensif le mieux payé de la NFL. Bien mérité. Les Bills ont battu les Steelers lors de leurs affrontements en 2019 et 2020.

CLEVELAND À KANSAS CITY, DIMANCHE, 16 h 25

Les Chiefs et les Browns se sont affrontés au deuxième tour des éliminatoires en janvier dernier, une victoire de 22-17 de Kansas City. On se rappellera que Patrick Mahomes avait été forcé de quitter le match en raison d’une commotion cérébrale. Il sera très intéressant de voir quel rôle jouera Odell Beckham fils dans l’attaque des Browns. Le receveur a raté la majorité de la saison dernière et c’est curieusement à partir du début de son absence que Baker Mayfield et l’attaque se sont mis en marche. Du côté des Chiefs, le jeu de la ligne offensive sera à surveiller. L’organisation a investi beaucoup d’argent et quelques choix au repêchage afin de l’améliorer au cours de la saison morte.

CHICAGO CHEZ LES RAMS DE LOS ANGELES, DIMANCHE, 20 h 15

Les entraîneurs et décideurs des Rams et des Bears ont beaucoup de pression sur eux. À Chicago, le pilote Matt Nagy et le DG Ryan Pace ont obtenu une nouvelle chance de se faire valoir malgré l’échec qu’aura été l’« ère » Mitchell Trubisky. Chez les Rams, l’acquisition de Matthew Stafford devra rapporter des dividendes, et vite. Le prix qu’ont payé les Rams pour l’obtenir a été exorbitant. L’équipe de Sean McVay est l’une des rares de la NFL qui privilégient les joueurs de grand talent (Aaron Donald, Jalen Ramsey, Stafford, entre autres) à la profondeur. Reste à voir si la stratégie de sacrifier plusieurs hauts choix au repêchage en retour de joueurs étoiles comme Ramsey et Stafford est la bonne. Chose certaine, McVay n’a jamais eu autant de pression sur lui.