Plus on y pense, plus l’idée d’une fusion entre la LCF et la XFL, si on devait un jour y arriver, a du sens. Les deux ligues de football professionnel ont annoncé, mercredi, qu’elles amorceraient officiellement des discussions exploratoires sous peu.

En entrevue avec La Presse, le commissaire de la LCF, Randy Ambrosie, a confirmé que ces discussions débuteraient probablement dès ce jeudi. Mais les deux circuits échangent des idées depuis plusieurs mois déjà.

« On s’est aperçus que nos visions et nos objectifs étaient très similaires. Je pense qu’un jour, les historiens devront retracer de quelle façon toute cette histoire a débuté, mais ce que je peux vous dire, c’est qu’on a vite constaté qu’on partageait plusieurs idées », a dit Ambrosie.

On ne peut savoir où nous mèneront ces discussions, mais nous croyons qu’il est dans notre intérêt de collaborer.

Randy Ambrosie, commissaire de la LCF

La XFL appartient à un groupe composé de Dwayne Johnson, alias « The Rock », Dany Garcia et RedBird Capital. Alors détenue par Vince McMahon, la ligue avait interrompu sa saison en raison de la pandémie l’hiver dernier avant de déclarer faillite quelques semaines plus tard. Il s’agissait de la première saison de la deuxième cuvée de la XFL, le circuit ayant disputé sa seule saison complète en 2001.

Ne serait-ce qu’en raison de la présence de Johnson, qui a joué très brièvement pour les Stampeders de Calgary en 1995 avant de faire carrière dans la lutte professionnelle et au cinéma, la LCF gagnerait en popularité aux États-Unis, et possiblement dans d’autres pays.

Ambrosie a toujours cru qu’une meilleure santé financière de la LCF passait en grande partie par l’international. Selon le commissaire, la XFL serait d’ailleurs intriguée par sa stratégie LCF 2.0, qui se veut essentiellement une tentative de populariser le football canadien internationalement.

La LCF est souvent critiquée, à tort ou à raison, mais le circuit existe tout de même depuis plus d’un siècle. Pour une ligue qui cherche à s’établir comme la XFL, cette stabilité a de la valeur.

« Ils apportent beaucoup de choses à la table, à commencer par des propriétaires sérieux, et c’est vrai qu’on peut parler de complémentarité entre les deux ligues », a convenu Ambrosie.

« Et selon moi, c’est précisément pour cette raison que nous sommes rendus à cette étape dans nos discussions. Nous croyons que nous pouvons nous aider. Il y a un respect mutuel, et c’est très important. Ils apprécient énormément la LCF et sa riche histoire. »

Les règles et les puristes

En 2020, les huit équipes de la XFL résidaient à New York, Washington, Tampa Bay, St. Louis, Seattle, Los Angeles, Dallas et Houston. Il y a neuf équipes dans la LCF (Montréal, Toronto, Ottawa, Hamilton, Calgary, Edmonton, Winnipeg, Saskatchewan et Colombie-Britannique).

Il va sans dire qu’une potentielle ligue à 17 équipes serait plus intéressante et captivante que des circuits de huit ou neuf équipes, notamment parce que l’enjeu et la compétition en saison seraient nettement plus grands. Mais avant d’en arriver à une fusion LCF-XFL, il devra y avoir plusieurs compromis de part et d’autre.

Première question : trois essais ou quatre ?

« Nous n’avons pas encore parlé de ces éléments. Les médias et les amateurs en parlent déjà, et c’est normal, mais nous ne sommes pas encore rendus à ce stade », a soutenu Ambrosie.

Une autre question essentielle touchera le calendrier. La XFL entreprend sa saison après le Super Bowl, en février, alors que celle de la LCF se déroule de juin à novembre.

Ce ne sont que quelques-uns des nombreux obstacles qui se dresseraient devant une potentielle fusion. Puisqu’une bonne partie des amateurs de la LCF sont généralement réfractaires au changement, Ambrosie aurait un beau défi devant lui…

« Les gens que vous décrivez adorent notre ligue et sont très passionnés. Mais ils veulent d’abord et avant tout nous voir connaître plus de succès. Ils veulent voir notre ligue grandir avec une nouvelle clientèle, plus jeune. Ils espèrent voir leurs enfants et leurs petits-enfants aimer la LCF autant qu’eux. Et si on veut que ce soit le cas, il faut être ouverts à de nouvelles idées », a dit Ambrosie.

« Les gens résistent au changement, c’est dans notre nature en tant qu’humains. Et c’est pour cette raison qu’on souhaitait être transparents. Personne ne sait ce qui adviendra de nos discussions avec la XFL, mais je suis convaincu que nos partisans veulent nous voir connaître le plus de succès possible et qu’ils nous soutiendront. Ils savent que nous prendrons les meilleures décisions afin de bâtir une meilleure ligue. »

Rien à perdre

Les cyniques rappelleront que l’expérience de la LCF au sud de la frontière dans les années 1990 avait été un échec. Mais à l’heure actuelle, la ligue doit trouver des solutions et explorer toutes les avenues qui se présentent à elle.

La LCF aurait subi des pertes de 60 à 80 millions en ne jouant pas en 2020, elle qui connaissait déjà des difficultés financières avant la pandémie. Ses trois plus gros marchés, Toronto, Vancouver et Montréal, ont tous encaissé des pertes substantielles au cours des dernières années. Qui plus est, personne ne peut dire avec certitude qu’il y aura une saison en 2021.

En ce sens, une alliance avec la XFL, qui espère disputer une saison en 2022, mais dont la survie est loin d’être assurée, est une piste qui doit être sérieusement étudiée. Très sérieusement.