La question n’est plus de savoir si Tom Brady est le meilleur joueur de football de tous les temps. Il faut plutôt se demander s’il est le plus grand sportif tout court. Il y a peut-être Michael Jordan qui rendrait le débat intéressant.

Première équipe de l’histoire à disputer un Super Bowl dans son propre stade, au Raymond James Stadium, les Buccaneers de Tampa Bay et Brady n’ont fait qu’une bouchée des Chiefs de Kansas City, les écrasant 31-9. Ce match qui devait être une confrontation épique entre Brady et Patrick Mahomes s’est malheureusement avéré un pétard mouillé.

Lorsque Leonard Fournette a marqué le quatrième touché des Bucs pour faire 28-9 au milieu du troisième quart, il n’y avait plus de doute : Tampa Bay allait gagner le deuxième Super Bowl de son histoire et Brady, son septième.

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Leonard Fournette (28)

Normalement, un déficit de 19 points avec un quart et demi à jouer n’est pas insurmontable pour Mahomes et les Chiefs. Mais il y avait trop de facteurs qui jouaient contre eux dimanche soir, à commencer par la ligne offensive.

Amputée de ses deux bloqueurs réguliers, la ligne des Chiefs s’est complètement fait dominer par le front défensif des Bucs. Plus le match avançait, plus c’était ardu – et dangereux pour Mahomes. Combien de fois l’a-t-on vu reculer de 10 ou 15 verges en tentant d’esquiver ? Sur un mauvais pied, en plus.

Mahomes avait soutenu que sa blessure à un orteil était presque guérie la semaine dernière. Ce n’était pas le cas. Il n’était visiblement pas à l’aise, et plusieurs de ses passes ont manqué de force parce qu’il ne pouvait pas mettre tout son poids sur sa jambe gauche. Selon les informations qui ont circulé dans les heures ayant précédé le match, Mahomes devra subir une intervention chirurgicale prochainement.

Le quart-arrière des Chiefs a fini le match avec 270 verges, mais n’avait toujours pas atteint les 100 verges avec une minute à jouer au troisième quart. Il a complété 26 de ses 49 passes et a été victime de deux interceptions. Les Chiefs ont été incapables de marquer un seul touché, ce qui est difficile à croire.

Contrairement à ce qu’elle avait fait lors du premier affrontement entre les deux équipes en novembre, la défense des Bucs a positionné ses deux demis de sûreté dans les zones profondes (cover 2) durant tout le match. C’est la meilleure façon de contenir Tyreek Hill, qui avait récolté 200 verges dans le premier quart du match contre les Bucs il y a un peu plus de deux mois. Hill a cette fois été blanchi dans les 15 premières minutes de jeu…

Hill a terminé la partie avec 7 attrapés pour 73 verges, alors que Travis Kelce a saisi 10 passes pour 133 verges. Mais la grande majorité des gains des deux joueurs a été enregistrée alors que le match était déjà hors de portée.

La défense des Bucs s’est assurée de ne pas concéder le long jeu, et l’attaque des Chiefs n’a jamais été en mesure de s’ajuster. L’entraîneur-chef Andy Reid et le coordonnateur offensif Eric Bieniemy n’ont pas connu leur meilleure soirée dans leurs choix de jeux, et aucun des receveurs de soutien des Chiefs n’a réussi un jeu qui aurait pu donner des ailes à l’attaque. Quelques passes échappées ont également fait mal. Un match désastreux.

Brady et Gronk s’amusent

L’attaque des Chiefs était méconnaissable, mais donnons le mérite qui revient à la défense des Buccaneers. Comme elle l’avait fait lors de ses matchs précédents dans les séries, l’unité de Todd Bowles a offert une performance sans bavure. En plus d’avoir réussi trois sacs et deux interceptions, elle a joué avec beaucoup plus d’intensité que l’attaque des Chiefs.

Jason Pierre-Paul, Ndamukong Suh, Lavonte David, Devin White et Antoine Winfield Jr. se sont tous mis en évidence avec de beaux jeux. Si cela avait été possible, c’est la défense qui aurait mérité de recevoir le titre du joueur par excellence, honneur qui est plutôt revenu à Brady pour la cinquième fois de sa carrière.

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Travis Kelce et Devin White

Brady n’a pas eu à être spectaculaire. Après deux séries hésitantes en début de partie, il a orchestré quelques belles séries et a mené les siens à trois majeurs, dont deux de Rob Gronkowski. Le gros « Gronk » a choisi le moment idéal pour connaître son meilleur match dans l’uniforme des Bucs, menant l’équipe avec 6 attrapés et 67 verges.

Brady a fait mouche sur 21 de ses 29 passes pour 201 verges et 3 touchés. Antonio Brown a capté la troisième passe de touché de Brady, qui a confirmé après le match qu’il serait de retour en 2021. Y avait-il vraiment un doute ?

Un mot sur les officiels, qui ont connu une soirée pour le moins difficile. Ultimement, ça n’aurait probablement rien changé au résultat final, mais ils ont multiplié les décisions douteuses au deuxième quart, qui ont toutes été à l’avantage des Bucs. Même les analystes sur le panel du réseau CBS ont critiqué leur travail au cours de l’intermission, ce que l’on voit rarement se produire. Les Chiefs auraient facilement pu retraiter au vestiaire en tirant de l’arrière 10-6 plutôt que 21-6.

Auclair champion

Il a bien sûr été abondamment question de l’embauche de Brady, mais plusieurs autres récentes acquisitions des Bucs ont rapporté, dimanche soir. Leurs quatre touchés ont d’ailleurs été marqués par des joueurs qu’ils ont acquis au cours de la dernière année (Gronkowski, Brown et Fournette).

Les Buccaneers ont également eu la main heureuse au repêchage. Leurs deux premiers choix, le bloqueur Tristan Wirfs et le demi de sûreté Antoine Winfield Jr., ont stabilisé les deux unités les plus faibles du club, soit la ligne offensive et la tertiaire.

Pour Bruce Arians, c’est un titre pleinement mérité. À 68 ans, il est devenu l’entraîneur-chef le plus âgé à gagner un Super Bowl. Selon les rumeurs qui circulaient dans la journée de dimanche, Arians pourrait décider de prendre sa retraite et laisser son poste à Todd Bowles. Un dossier à suivre.

Chose certaine, Bowles et le coordonnateur offensif Byron Leftwich devraient tous deux obtenir un poste d’entraîneur-chef avant longtemps. Si la NFL et ses propriétaires sont honnêtes lorsqu’ils soutiennent vouloir voir plus d’entraîneurs-chefs afro-américains sur les lignes de touche, Bowles et Leftwich devraient être embauchés d’ici un an ou deux au plus tard. Ils ont fait un travail colossal cette saison.

Même s’il n’était pas en uniforme au Super Bowl et lors des trois matchs éliminatoires précédents, Antony Auclair est devenu le deuxième Québécois en deux ans à gagner le Super Bowl. L’ailier rapproché succède ainsi à Laurent Duvernay-Tardif.

Difficile de rester au sommet

Les Chiefs viennent de constater à quel point il est difficile de demeurer au sommet de la pyramide dans la NFL. La marge de manœuvre est à peu près nulle au football. Parce qu’il s’agit d’un sport dur dans lequel les blessures ont toujours un énorme impact sur le cours des choses, et parce que c’est un tournoi à simple élimination.

Kansas City avait l’occasion de devenir la première équipe depuis les Patriots de la Nouvelle-Angleterre de 2003 et de 2004 à gagner le trophée Lombardi deux années de suite, mais pour la 16e année d’affilée, il y a une nouvelle équipe championne.

Une nouvelle équipe championne menée par un habitué des grands honneurs. Brady a pris une excellente décision en choisissant de se joindre aux Buccaneers en mars dernier et a maintenant sept Super Bowls dans sa collection. C’est un de plus que les deux organisations ayant gagné le Super Bowl le plus souvent, les Patriots et les Steelers de Pittsburgh. Incroyable. Et ce n’est pas fini.