Alors qu’il était l’entraîneur-chef des Alouettes, Tom Higgins avait expliqué le retrait de la formation de John Bowman en utilisant une analogie douteuse. « Tous les joueurs ont une date d’expiration », avait lancé Higgins. Un commentaire que Jim Popp et les Wetenhall n’avaient pas apprécié du tout et qui avait été un facteur dans le congédiement de l’entraîneur-chef, survenu quelques semaines plus tard.

C’était en 2015… Bowman a totalisé une cinquantaine de sacs depuis. Comme me l’avait très bien résumé l’ancien centre Dominic Picard il y a de ça plusieurs années : « Bowman est une bête ! » En effet. Une bête et le meilleur chasseur de quarts de l’histoire des Alouettes par quatre ou cinq longueurs d’avance.

Il est toujours délicat de mettre fin à une association avec un joueur de la trempe de Bowman. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas un hasard si les Alouettes ont annoncé qu’ils ne lui offriraient pas de nouveau contrat un vendredi après-midi. Le week-end du Super Bowl en boni.

Cela dit, cette fois, le moment était effectivement venu de tourner la page. Bowman, qui aura 39 ans la saison prochaine, voudra peut-être poursuivre sa carrière avec une autre équipe. Mais les Alouettes, eux, doivent trouver leur prochain ailier défensif de premier plan.

L’organisation l’a peut-être déjà trouvé avec la récente embauche de Datone Jones, ancien premier choix des Packers de Green Bay.

Mais ce joueur aura de gigantesques bottines à chausser. Bowman a réussi 134 sacs en 14 saisons. C’est deux fois plus que son ancien coéquipier et mentor, Anwar Stewart, qui en a totalisé 66 et qui occupe le deuxième rang de l’histoire des Alouettes à ce chapitre. Deux fois plus que le second !

Après avoir joué 11 matchs à sa première saison, en 2006, Bowman a disputé au moins 14 parties dans les 13 saisons suivantes. Une durabilité inhabituelle à sa position. Fiable.

Bowman était le doyen du club, le seul qui faisait déjà partie des Alouettes lorsque j’ai commencé à couvrir l’équipe, il y a une quinzaine d’années. Ce sera étrange de ne plus le voir lors des matchs et des entraînements.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHVIES LA PRESSE

John Bowman avait les yeux rouges après l'éliminatoire des Alouettes en novembre 2019.

Lorsque les Alouettes ont été éliminées par Edmonton en novembre 2019, Bowman pleurait à chaudes larmes dans le vestiaire de l’équipe. Il savait que les probabilités étaient bonnes qu’il s’agisse de son dernier match avec le club. La pandémie et l’annulation de la saison qui allaient suivre ont réglé la question.

Les Alouettes ont déjà fait savoir qu’ils célébreraient la carrière de Bowman dans une cérémonie au moment opportun (réservez une date pour Chip Cox, aussi). Les joueurs de défense n’obtiennent jamais les accolades et l’attention que reçoivent ceux de l’attaque. Ces deux grandes étoiles ont pourtant fait bondir les partisans de leur siège des dizaines et des dizaines de fois.

Danny Maciocia a pris une décision difficile, pour laquelle il serait injuste de le critiquer. Un directeur général ne gagnera pas en construisant son équipe avec les émotions. Toute bonne chose a une fin.

Heureusement, c’est Maciocia qui a décidé du moment de la fin, et non Higgins.