(Montréal) L’année 2020 n’a ressemblé en rien à ce que s’était imaginé Mario Cecchini en acceptant la présidence des Alouettes de Montréal. Il a cependant bon espoir que 2021 répondra davantage à ses attentes, à commencer par la tenue de matchs devant les partisans de l’équipe.

« J’ai bon espoir de jouer devant des spectateurs, encore plus aujourd’hui, quand je regarde les nouvelles du jour concernant le vaccin de Pfizer qui aurait un taux d’efficacité de plus de 90 % », a-t-il déclaré lundi, au cours d’un entretien avec La Presse Canadienne.

« Je comprends que ce n’est pas fait, que ça pourrait prendre cinq mois à distribuer. Mais même le DAnthony Fauci, dans ses pires scénarios, commence à dire que les sports vont se dérouler devant spectateurs en septembre.

« Pour nous, jouer à l’automne, peut-être que ça veut dire 14 matchs à la place de 18, par exemple. Au fur et à mesure qu’on va avancer dans le temps, on va en savoir davantage. Mais quand je regarde ça aujourd’hui, j’ai bon espoir de jouer devant des spectateurs. Alors ne pas jouer en 2021, surtout dans l’éventualité d’un vaccin d’ici janvier, ne se pose plus. Maintenant, il reste à déterminer quand et comment. »

Dans un entretien accordé il y a deux semaines à La Presse Canadienne, le commissaire de la Ligue canadienne de football (LCF), Randy Ambrosie, s’était montré très enthousiaste en vue de 2021. Il peut compter sur le président des Alouettes pour l’aider à faire progresser ce projet.

« Après avoir présenté mon optimisme, il faut faire preuve de gestion prudente, indique toutefois Cecchini. Ce sont les autorités gouvernementales qui vont décider de tout ça, alors il faut regarder tous les scénarios possibles. Tout est évalué. La bonne nouvelle, c’est qu’on a beaucoup plus de temps que pour la dernière saison. Nous sommes moins pris par surprise. Nous verrons selon la situation du moment quels scénarios ont le plus de sens. »

Et dans tous ces scénarios, Mario Cecchini estime qu’il n’est pas déraisonnable d’envisager l’aide financière du gouvernement fédéral.

« C’est le travail qu’on fait en ce moment : voir tous les scénarios possibles, incluant ceux exigeant une aide financière gouvernementale, qui nous permettront de jouer. La grosse différence, c’est que nous avons du temps devant nous et que la volonté de jouer est très, très forte. Est-ce qu’il faut ajuster certains aspects de notre plan ? Peut-être.

« L’aide gouvernementale demeure importante. Je regarde encore [lundi] matin l’aide qu’on veut accorder à Air Canada. C’est ce qu’on dit : nous sommes une compagnie, une ligue importante pour les Canadiens. Nous en parlons beaucoup, présentement, de l’importance du sport, du défoulement mental, de s’échapper. Quand je regarde le football comme [dimanche], mentalement, ça fait du bien. Il y en a d’autres pour qui c’est le tennis, le golf. Certains oublieront un peu le confinement de novembre en regardant le Masters ce week-end.

« Je pense que l’importance d’une ligue, d’une industrie, ça se reconnaît. Je pense que les gouvernements commencent à le voir et je ne suis pas gêné du tout de dire que nous devons trouver une façon pour que le gouvernement participe à nous aider à passer à travers cette crise-là.

« Nous sommes très flexibles sur la façon dont le gouvernement peut faire ça, tout en respectant l’argent des contribuables. J’espère que le gouvernement va être attentif aux demandes de la ligue. »

Par contre, de tous les scénarios envisagés, celui qui plaît le moins aux Alouettes est celui d’une ville bulle.

La bulle, c’est le dernier des scénarios. On voit les difficultés, l’impact sur les joueurs. Ce n’est pas le scénario préféré de personne. Nous n’avons pas non plus réfléchi à présenter Montréal comme candidat possible. Ce n’est pas un élément de réflexion dans nos dossiers présentement.

Mario Cecchini, président des Alouettes

Ambrosie a par ailleurs noté que la LCF devait envisager de faire les choses différemment.

« Je ne peux pas m’avancer trop loin, car rien n’est déterminé, a indiqué Cecchini. Nous avons de belles discussions sur des façons de faire qui seront différentes. Autant avec les partisans, notre contrat de télé, la gestion interne, certains enjeux économiques, un meilleur partage d’informations, de ressources et de compétences. Je pense que la COVID a amené les équipes à mieux travailler ensemble. »

Le commissaire espère pouvoir faire des annonces à ce sujet en début de semaine prochaine.

« On le souhaite, a confirmé Cecchini. Ce sera dans le cadre de la semaine de la Coupe Grey virtuelle. En principe, on travaille à annoncer certains éléments de ce côté. »

Des Alouettes solides

Localement, malgré des pertes pour la ligue estimées entre 60 et 80 millions par le commissaire Ambrosie, les Alouettes sont en bonne posture.

« Nos finances se portent toujours bien. Notre propriétaire, Gary Stern, a même fait quelques entrevues – ce n’est pas son habitude – pour le souligner. Il est aussi engagé [qu’en janvier], il ne regrette pas son achat. Il comprend très bien la situation. Nous avons bon espoir de redresser la situation financière des Alouettes. C’est ma priorité, et je n’ai pas de doute qu’on va y arriver.

« [Pour la ligue], économiquement, ç'a été tout un défi. Nous, les gouverneurs, avons donc décidé de sacrifier la saison pour épargner l’avenir. Des deux maux, on a préféré le mal à court terme. Nous sommes à travailler sur plusieurs choses qui remettront la ligue de belle façon sur le plan financier. Nous ne pouvons pas annoncer quoi que ce soit pour l’instant, car nous sommes au milieu de notre réflexion, mais ça se présente bien. »

Et la pandémie n’aura pas eu raison d’un des objectifs principaux de Cecchini : doter l’organisation d’un complexe réunissant toutes les sections du club.

« La pandémie nous a lancé une courbe, mais le projet avance. On pourra peut-être blâmer la pandémie pour le timing. Nous avons eu des rencontres très intéressantes, pas plus tard qu’il y a trois semaines. Des villes nous ont proposé des projets plus que complets. On attend un peu de voir l’évolution de la situation dans les prochains mois, mais ça demeure un projet très actif. »

Il n’y a pas de doute, les Alouettes sont entrés dans une nouvelle ère.