On le sait tous, il est toujours plus prudent d’avoir un plan B dans sa manche. La pandémie de COVID-19 et ses répercussions nous l’ont malheureusement rappelé au cours des derniers mois.

Mathieu Betts a ce proverbial plan B. L’ailier défensif des Eskimos d’Edmonton est titulaire d’un baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé de l’Université Laval. Le problème est que, comme pour la saison de la Ligue canadienne de football (LCF), personne ne sait si les cours d’éducation physique reprendront dans les écoles secondaires du Québec à l’automne. Betts avait commencé à faire de la suppléance à l’école Saint-Jean Eudes à Québec l’hiver dernier.

« S’il n’y a pas de saison, c’est certain que c’est une avenue qui m’intéresse beaucoup, mais on ne sait pas ce qui en sera de la rentrée scolaire au secondaire. Il n’y a pas d’éducation physique à l’école primaire depuis que les classes ont recommencé. Alors je me pose beaucoup de questions en ce moment, tant par rapport au football qu’à l’enseignement. »

Heureusement, Betts ne semble pas trop du type à faire de l’urticaire. Pragmatique et calme, il garde les choses en perspectives. Il avoue tout de même ressentir une certaine nervosité.

« Oui, c’est sûr que c’est un peu stressant. De façon générale, je suis quelqu’un qui est assez relaxe. Mais c’est frustrant. Le football, c’est ce que j’aime faire et c’est mon travail. On n’a qu’une petite fenêtre pour jouer professionnellement, les carrières n’étant pas très longues. »

« C’est plus l’incertitude qu’il y a par rapport à plusieurs situations, pas seulement le football, que je trouve frustrante. »

S’il n’y avait pas de saison en 2020, Betts aurait très peu joué depuis qu’il a fini sa carrière avec le Rouge et Or de l’Université Laval à l’automne 2018. Il s’est joint aux Eskimos alors que la saison était en cours l’an dernier, quelques semaines après avoir été libéré par les Bears de Chicago au terme de leur camp.

PHOTO FOURNIE PAR LES BEARS DE CHICAGO

Mathieu Betts au mini-camp des Bears de Chicago en juillet 2019

« C’est certain que ce ne serait pas une situation idéale pour moi. Je souhaite qu’il y ait une quelconque saison en 2020, ne serait-ce que pour obtenir plus d’expérience dans la Ligue canadienne et pour éviter d’être environ deux ans sans jouer beaucoup. Ce sont des matchs qui seront soustraits de ma carrière. »

Encouragé et optimiste

De nombreuses rumeurs ont circulé dans les dernières semaines quant au format que pourrait prendre une potentielle saison de la LCF en 2020. C’est bon signe aux yeux de Betts.

« Je trouve ça important que la Ligue canadienne soit à la recherche de solutions pour permettre la tenue d’une saison en 2020. Je trouve ça encourageant qu’ils explorent différentes avenues. »

Il n’y aura aucun match qui sera disputé avant le 1er septembre au minimum. Betts rappelle que le portrait de la situation pourrait évoluer considérablement jusqu’à cette date.

« C’est dans deux mois et demi. Il y a trois mois, au Canada et au Québec, la COVID-19 ne faisait pas encore autant partie de notre réalité. J’ai donc la conviction que les choses peuvent changer. Mais je suis très loin d’être un expert en santé publique et je n’ai pas la prétention de dire que je sais de quelle façon ça évoluera. »

Je me prépare donc comme s’il allait y avoir une saison. Je préfère voir le verre à moitié plein, même si c’est sûr que tous les joueurs seront affectés par cette situation.

Mathieu Betts

« Je vais me concentrer sur la saison 2020 tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas une annonce officielle pour nous dire qu’elle est annulée. Et je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort s’il n’y en a pas. Je vais trouver une façon proactive pour tirer profit de la situation et pour être fin prêt pour 2021 dans le pire des cas. »

Heureux chez les Eskimos

Puisque Betts avait déjà un contrat en poche qui lui garantissait essentiellement de participer au camp des Bears l’année dernière, les Eskimos ont causé une certaine surprise en le sélectionnant avec le troisième choix du repêchage de 2019. Une décision qui pourrait leur rapporter gros en fin de compte. Betts a le potentiel pour devenir un bon chasseur de quarts dans la LCF.

« J’étais très content de voir qu’ils me faisaient confiance et j’étais très motivé en vue de 2020. Je pense que j’obtiendrai un peu plus de temps de jeu, autant en défense que sur les unités spéciales, s’il y a une saison », a indiqué Betts, dont le contrat viendra à échéance après la saison 2021.

Betts pourrait obtenir son autonomie dans moins de deux ans, mais lorsqu’on a évoqué la possibilité qu’il puisse un jour jouer à Montréal, sa ville natale, il a insisté pour dire qu’il était heureux chez les Eskimos.

« Je m’investis à 100 % dans les Eskimos et ce serait injuste pour moi et l’équipe de penser à d’autres possibilités. Mais c’est sûr que Montréal, c’est la ville où j’ai été élevé et où ma famille vit. À moyen ou à long terme, je prendrai la décision que je jugerai être la meilleure pour ma vie professionnelle et personnelle, mais en ce moment je suis super excité avec ce qu’on peut accomplir à Edmonton. Je pense qu’on a un bon noyau de joueurs et qu’on peut viser la Coupe Grey. »

Pas de croix sur la NFL

Betts a vécu un rêve en participant au camp des Bears l’été dernier. Même s’il se dit très heureux dans la LCF, il n’a pas perdu espoir de jouer dans la NFL éventuellement.

« Je ne changerais rien à mon parcours et à mon expérience, et je suis super reconnaissant que les Bears m’aient donné une occasion dans la Ligue nationale de football. En acceptant leur offre, je savais qu’il y avait plusieurs bons joueurs à ma position et c’était à moi de leur prouver que je méritais ma place. Ils ont décidé d’aller dans une autre direction, mais je ne pense pas que c’était parce que j’ai mal fait, car j’ai eu un bon camp. »

« Pour le moment, je veux aider mon équipe à gagner, et je veux essayer de devenir l’un des meilleurs joueurs de la ligue à ma position. D’explorer mes options dans la Ligue nationale de football dans deux ans, c’est quelque chose qui m’intéresse, mais c’est un peu trop loin pour penser à ça en ce moment. »