(Miami) Don Shula a souvent dit qu’il espérait qu’on se souvienne de lui pour le respect qu’il portait aux règlements, et c’est ce qui est arrivé lundi.

Dans la foulée de son décès à l’âge de 90 ans, un déferlement d’éloges de partout à travers la Ligue nationale de football a non seulement permis de souligner ses deux triomphes au Super Bowl et son record de 347 victoires à titre d’entraîneur-chef, mais aussi la façon avec laquelle il a gagné.

« Il est l’une des personnalités les plus honorables dans toute l’histoire de notre sport », a déclaré l’ancien entraîneur-chef Marv Levy, des Bills de Buffalo, un rival et ami de longue date.

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L’entraîneur-chef des Bills de Buffalo Marv Levy et Don Shula en conversation sur le terrain après le dernier match dirigé par l’entraîneur des Dolphins le 30 décembre 1995 à Orchard Park, près de Buffalo.

« Le fait qu’il soit l’entraîneur ayant gagné le plus grand nombre de matchs dans l’histoire de la ligue, et qu’il y est arrivé en respectant les règles et en rendant hommage au sport, c’est quelque chose de certainement très impressionnant. On se souviendra de lui pour les succès qu’il a connus et aussi à cause du genre de personne qu’il était, pour son habileté et aussi son caractère. »

Des entraîneurs de la NFL, des joueurs et des commissaires, passés et contemporains, sont de ceux qui ont loué l’héritage que Shula a laissé. Le groupe inclut Jimmy Johnson et Bill Belichick, même si Shula les percevait avec froideur.

« Dans tous les aspects, Don Shula a représenté ce qu’étaient les plus grands critères d’excellence », a témoigné l’ancien commissaire Paul Tagliabue.

« Sa contribution à la NFL, au sport du football, a largement dépassé son total record de victoires. Don a aussi été l’un des plus grands gagnants lorsqu’il était question d’intégrité, d’honnêteté et de classe. »

Shula a passé plus de 20 ans au sein du puissant comité de compétition, qui sert à évaluer les règlements, et il a toujours accordé de l’importance à sa réputation d’homme intègre.

« Il ne transgressait pas les règlements », a déclaré le puissant centre-arrière Larry Csonka, un membre du Temple de la renommée et l’un des joueurs préférés de Shula.

À ses yeux, si nous trichions pour gagner, il s’agissait de la pire forme de défaite.

Le porteur de ballon Larry Csonka.

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Larry Csonka avait trouvé le plan de match de l’équipe adverse dans le vestiaire avant une partie au début des années 70. Don Shula avait refusé de le regarder. Ci-haut Czonka (au centre) lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche, lorsque Shula et son équipe de 1972 championne du Superbowl de 1973 avaient été reçus à la Maison-Blanche par le président Barack Obama en 2013 pour le 40e anniversaire de cette victoire.

Csonka a raconté qu’il avait découvert le plan de match de l’équipe adverse dans le vestiaire avant une partie à l’étranger au début des années 70. Csonka l’a remis à l’instructeur adjoint Monte Clark pour qu’il le donne à Shula, pendant que l’entraîneur-chef se servirait de cette information privilégiée.

Les Dolphins ont perdu. Csonka a relaté que lorsqu’il a demandé à Clark, plus tard, ce qu’il était advenu du plan de match, l’instructeur adjoint a répondu ainsi : « Coach Shula a dit,’Jette-le. Si nous ne pouvons pas les battre en respectant les règlements, nous ne devrions pas gagner.’ »

Shula et Belichick le tricheur

À cause de sa réputation, les commentaires de Shula ont eu plus d’impact encore lorsqu’il a mis en doute l’intégrité de Belichick dans la foulée des scandales liés à de l’espionnage et au ballon dégonflé. En 2015, il a fait allusion à l’entraîneur-chef des Patriots en le surnommant « Belicheat ».

Dans son témoignage lundi, Belichick n’a fait aucune référence à ce désaccord.

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Bill Belichick en 2019 et Don Shula en 1983.

« Don Shula est l’une des grands entraîneurs de tous les temps, et la norme en matière de régularité et de leadership dans la NFL », a-t-il déclaré.

Johnson a également rendu hommage à Shula, même se celui-ci a affiché du ressentiment à l’endroit de celui qui l’a remplacé chez les Dolphins en 1996.

« RIP, l’un des plus grands de tous les temps… Don Shula », a écrit Johnson sur Twitter. « Il a établi la norme. »

D’autres qui ont succédé à Shula au sein de la profession étaient d’accord.

« En Don Shula, nous avons perdu l’un des hommes les plus emblématiques parmi tous les entraîneurs-chefs dans l’histoire de la NFL », a affirmé Bill Cowher, qui a dirigé les Steelers de Pittsburgh de 1992 à 2006.

« Son leadership et sa sagesse m’ont guidé, ainsi que de nombreux autres qui ont passé leur vie à titre d’instructeur au football. Merci, coach Shula. Ton esprit et ton héritage resteront toujours vivants. »