(Montréal) B. J. Cunningham se rappelle très bien du repêchage de 2012 de la NFL. Le receveur des Alouettes de Montréal venait de terminer son stage à l’Université Michigan State et avait participé à la séance d’entraînement supervisée de la ligue.

« Environ 250 joueurs de football sur les plus de 2000 du réseau universitaire sont invités par la ligue à cette séance : je savais donc que je m’en allais dans la NFL ensuite », a raconté à La Presse canadienne Cunningham, qui vit le Grand Confinement dans son appartement de Montréal.

« J’étais certain de faire partie des 224 meilleurs joueurs de cette séance », a affirmé Cunningham.

PHOTO D’ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

B.J. Cunningham, alors des Spartans de l’Université Michigan State, captant une passe de 37 verges lors d’un match contre Indiana State le 19 novembre 2011 à East Lansing, au Michigan.

C’était démontrer beaucoup de confiance pour ce jeune homme d’alors 22 ans qui n’avait commencé à jouer au football que cinq ans plus tôt.

« Je jouais au soccer et au basketball à un très haut niveau, a raconté le receveur de six pieds deux et 211 livres. Mais vers la fin du secondaire, j’ai comme frappé un mur, comme un épuisement sportif. J’étais le meilleur buteur de mon club au soccer, mais je n’avais plus de plaisir à y jouer. »

Il a commencé le football et s’est rapidement imposé, au point de recevoir une bourse universitaire.

Cunningham a finalement été repêché au sixième tour, au 183e rang, par les Dolphins de Miami. Il a bien failli ne pas en être témoin.

« Je savais que je n’allais pas être repêché au premier tour. Alors j’avais invité quelques amis pour les tours subséquents, ma famille était là aussi. On regardait le repêchage et les tours passaient, sans jamais que mon nom ne soit mentionné. »

« À la fin du troisième tour, j’ai dit à mes amis : “Je ferme ça. Je ne serai pas repêché”. Et j’ai allumé la PlayStation ! J’étais fâché. On a joué quelques parties — je pense que les gars m’ont laissé gagner ! — et on a remis le repêchage. Je pense que ça ne faisait pas trois minutes que nous avions remis la télé que mon cellulaire s’est mis à vibrer. Quand j’ai levé la tête, à la télévision, ils montraient mes meilleurs moments à l’université. Les Dolphins venaient de me repêcher. »

Cunningham a signé un contrat de quatre saisons de 2,2 millions , dont un boni de signature de 106 000 $. Les Dolphins l’ont toutefois retranché le 31 août de la même année. Il ne jouera que deux matchs dans la NFL, avec les Eagles de Philadelphie, en octobre 2013. Il a aussi fait partie de l’organisation des Bears de Chicago.

« La NFL, c’est un business, explique Cunningham. Je pense que sur le terrain, mes aptitudes étaient suffisantes, mais je n’ai pas développé de relations et c’est crucial dans cette ligue. J’arrivais tôt au complexe, je faisais tout ce que j’avais à faire, mais je ne m’intéressais pas aux autres. Je n’allais pas prendre des nouvelles de mes coéquipiers, de mes entraîneurs. Et pourtant, ce n’est pas moi ça : j’aime parler aux gens, je m’intéresse à eux. Mais je croyais que c’était ce qui allait être le meilleur pour ma carrière. Ce serait facile de dire huit ans plus tard que je le regrette, mais je n’ai pas de regret. J’aurais juste aimé le savoir.

“Quand je suis arrivé dans la Ligue canadienne, j’ai eu la chance d’être entouré de bons vétérans qui sont venus me dire que de bons joueurs en provenance de la NFL, ils en avaient vu un paquet se faire retrancher. Que si je ne voulais pas que ça m’arrive, je devais m’intégrer au reste du groupe. C’est ce que j’ai fait. Je me suis fait un devoir d’aller saluer tous mes coéquipiers, de discuter avec eux et de poser plein de questions à mes entraîneurs.

‘Au final, c’est ce que les entraîneurs recherchent aussi. Le talent bien sûr, mais ils veulent sentir que vous êtes heureux où vous êtes, que vous êtes intéressé par ce qui se passe autour de vous.’

Et c’est le cas pour lui depuis qu’il s’est joint aux Alouettes. Arrivé en 2015, Cunningham a disputé 63 rencontres à Montréal, captant 236 passes pour des gains de 3267 verges et 16 touchés. Après une saison de 1128 verges en 2017, les blessures l’ont limité à seulement 20 rencontres en deux ans.

La saison 2019 a été particulièrement éprouvante pour lui, alors qu’une sérieuse blessure au poignet l’a contraint à ne disputer que six rencontres, aucune après le 9 août. Complètement remis, il attend avec impatience que la LCF ne lance les activités de la saison 2020.

‘Nous avons atteint les éliminatoires l’an dernier : je veux bâtir là-dessus, atteindre la finale d’Association, la finale de la Coupe Grey, jure-t-il. J’ai hâte que ce confinement soit levé : ça fait longtemps que je suis isolé de mes coéquipiers !

‘J’ai bien hâte de retourner sur le terrain avec ces gars-là. Plusieurs de nos jeunes joueurs ont élevé leur jeu d’un cran quand on a fait appel à eux. Je pense à Dante Absher et Mario Alfort, entre autres. C’était beau de voir ça. Nous avons une équipe excitante et confiante. Une fois que vous avez cette confiance, vous pouvez tout faire. On peut être des aspirants dès cette saison.’

Pour ce qui est du repêchage de cette année, entre le tout premier choix — la plupart des experts s’entendent sur le quart des Tigers de l’Université Louisiana State Joe Burrow pour la séance qui s’amorcera avec le premier tour jeudi — et ‘Mr. Irrelevant’, le dernier joueur choisi, 224 joueurs seront sélectionnés par les clubs de la NFL.