Danny Maciocia et les Alouettes devront faire des choix difficiles au cours des prochains mois.

Ayant récemment obtenu le feu vert de la Ligue canadienne de football (LCF) pour embaucher des joueurs, l’équipe n’a toutefois pas hésité longtemps lorsque l’occasion de rapatrier William Stanback s’est présentée.

« La première chose que j’ai faite, pour être bien transparent avec vous, c’est de téléphoner à William, a raconté Maciocia. Il [Stanback] m’a dit clairement qu’il voulait être de retour à Montréal. »

« J’ai toujours dit que c’est à Montréal que je voulais jouer si je revenais dans la LCF. Je suis une personne loyale », a commenté Stanback, qui a accepté un nouveau contrat de deux saisons avec les Alouettes.

« La toute première fois que j’ai mis les pieds à Montréal, je me suis senti à la maison. Qu’il s’agisse de nos partisans, des gens dans la rue ou tout simplement de l’équipe, tout le monde m’a accueilli à bras ouverts. »

À sa deuxième saison avec les Alouettes, en 2019, Stanback avait récolté 1093 verges en 170 courses, en plus d’attraper 33 passes pour 329 verges. Son excellente saison lui avait permis d’obtenir un essai avec les Raiders de Las Vegas, dans la NFL.

Le retour de Stanback permettra aux Alouettes de compter sur une attaque polyvalente. Leur jeu au sol devrait demeurer l’un des plus productifs du circuit.

« Lorsqu’on a un joueur comme William, qui fait partie des meilleurs demis offensifs de la Ligue canadienne, c’est sûr que ça donne des problèmes aux défenses adverses », a estimé Maciocia.

« Si les défenses ajoutent quelques joueurs de plus dans la boîte, ça va certainement nous donner des confrontations individuelles favorables dans le jeu aérien, a poursuivi le directeur général. Je pense qu’on a une meilleure équipe aujourd’hui, avec l’ajout de William, et ça devrait nous permettre d’avoir une attaque excitante en 2021. »

Mort de ses parents

Les chances de Stanback de se tailler un poste avec les Raiders semblaient relativement bonnes lorsqu’il a accepté leur offre en janvier dernier. Il n’y avait pas vraiment de valeur sûre derrière le partant Josh Jacobs chez les porteurs de ballon.

Mais les Raiders ont libéré Stanback le 23 août, une décision qui l’a surpris et qu’il a eu de la difficulté à encaisser.

« Ç’a été difficile à accepter. L’équipe me faisait vraiment sentir que j’allais obtenir une occasion, au minimum avec l’équipe de développement. Je sentais qu’on avait une bonne relation, l’entraîneur-chef [Jon Gruden] et moi. Il venait me parler avant et après tous les entraînements afin de voir comment j’allais, car je vivais des moments difficiles à ce moment. »

Un mois avant d’être remercié par les Raiders, Stanback avait effectivement vécu des semaines particulièrement pénibles. Son père William est mort des suites d’un cancer de la vessie à l’âge de 75 ans, le 21 juillet, puis sa mère Patricia est morte d’un arrêt cardiaque à l’âge de 68 ans neuf jours plus tard, le 30 juillet.

« Cette période a été très difficile. Ce sont mes frères et ma famille qui m’ont aidé à traverser cette épreuve. Je n’étais pas seul », a raconté Stanback.

C’est également au cours de l’été que Stanback et sa conjointe ont appris qu’ils seraient les parents d’une petite fille en mars prochain. Une nouvelle qui lui a donné la motivation pour retourner au camp des Raiders, qu’il avait quitté après la mort de ses parents.

C’était difficile de me concentrer sur le football, car je communiquais avec mon père plusieurs fois par jour. Sa mort m’a donc vraiment affecté.

William Stanback

« L’une des dernières choses qu’il m’a dites, c’est de m’assurer de jouer avec fierté et de toujours donner le meilleur de moi-même parce qu’on ne sait jamais quand ce sera notre dernier jeu, notre dernier match ou notre dernière saison.

« Je veux célébrer leur vie, car mes parents étaient des gens formidables qui étaient appréciés de plusieurs personnes. »

Ici pour rester

En se liant aux Alouettes pour les deux prochaines années, Stanback a par le fait même mis une croix sur son rêve de jouer dans la NFL. Il sera âgé de 28 ans au terme de sa nouvelle entente, un âge où les porteurs de ballon sont généralement sur leur déclin dans la NFL.

« J’ai essayé de me tailler un poste dans la NFL pendant longtemps et je n’ai pas obtenu les résultats que j’espérais, même si j’estimais être assez bon pour jouer dans cette ligue. Mais la vie est composée d’étapes et ne se déroule pas toujours comme on le souhaiterait.

« Je suis très reconnaissant d’avoir un domicile comme Montréal. C’est le rêve de plusieurs jeunes de jouer dans la NFL, mais ce n’est pas la fin du monde [de ne pas y être parvenu]. J’ai hâte d’être de retour à Montréal et d’être avec mes coéquipiers. »

Stanback était à New York lorsqu’il s’est entretenu avec les journalistes, lundi après-midi, mais s’apprêtait à aller rejoindre sa conjointe à Powder Springs, en Géorgie. Stanback s’amènera à Montréal dès qu’il le pourra afin de trouver un logement.

« Je préfère Montréal à Las Vegas. Autant la ville que les gens, qui sont très chaleureux à Montréal. J’ai rencontré plusieurs personnes dans la ville, que ce soit dans des restaurants ou des bars, et elles ont toujours été respectueuses avec moi. Ça n’a pas toujours été le cas dans les autres villes où j’ai habité », a dit Stanback, qui avait également participé au camp des Packers de Green Bay en 2017.

« Je n’ai pas fait partie d’une équipe aussi unie depuis l’école secondaire. Je sentais donc que je devais faire partie des Alouettes. Et j’espère que c’est avec cette équipe que je prendrai ma retraite. »

Un budget à respecter

Selon Maciocia, Stanback a accepté de mettre de l’eau dans son vin pour signer un contrat avec les Alouettes. Et les autres joueurs qui voudront l’imiter devront en faire autant.

« On a identifié un noyau de joueurs qu’on estime être notre fondation et à qui on veut donner un contrat », a indiqué Maciocia, qui négocie actuellement avec plusieurs joueurs.

Si on peut garder notre noyau de joueurs en place, on pourrait avoir une équipe très compétitive en 2021, mais tout le monde devra faire des sacrifices.

Danny Maciocia, directeur général des Alouettes

« Dans le contexte actuel, ce serait malhonnête de dire qu’on pourra garder tous nos joueurs, mais on va tout faire pour avoir une équipe qui nous permettra d’être compétitifs à tous nos matchs. En espérant qu’on pourra jouer du bon football en deuxième moitié de saison, qu’on pourra se qualifier pour les séries éliminatoires et connaître du succès en novembre. »

Le plafond salarial pour la saison 2021 sera de 5,3 millions par équipe, alors que le plancher sera de 4,8 millions. Maciocia devra respecter un budget précis qui a été établi par les propriétaires de l’équipe, Gary Stern et Sid Spiegel, et le président du club Mario Cecchini.

« Ils m’ont donné les directives, et c’est à moi de les respecter et de les suivre à la lettre », a dit Maciocia, qui a confirmé que la masse salariale des Alouettes serait inférieure au plafond de 5,3 millions en 2021.