Dans la trop longue liste des victimes collatérales de la COVID-19, les athlètes professionnels arrivent bien loin, même si leur industrie a été complètement paralysée pendant trois mois. Ils sont jeunes, en santé, et l’écrasante majorité ont des ressources financières largement suffisantes pour s’en sortir.

Pour les athlètes-étudiants, cependant, c’est une autre paire de manches. Non seulement ils n’ont pas de salaire, mais ils sont aussi à une étape cruciale dans le but de devenir professionnels.

Prenez Pier-Olivier Lestage. Le joueur de ligne offensive des Carabins de l’Université de Montréal doit disputer en 2020 une dernière saison avant d’être repêché en 2021 et – qui sait ? – peut-être attirer l’attention d’une équipe de la NFL avec une autre bonne année.

« Ça fait trois mois que je n’ai pas accès à un gym, pendant qu’aux États-Unis, il y a du laisser-aller. Ce ne sont pas trois mois perdus, mais ce n’est pas la même qualité d’entraînement que les Américains, estime Lestage. Là, c’est positif, on recommence les entraînements, on recommence à aller au gym. J’espère juste que je n’aurai pas trop de bâtons dans les roues. »

Le plus gros bâton dans les roues, pour Lestage comme pour les autres, serait évidemment l’annulation de la saison 2020 au Québec. Les activités ont déjà été annulées dans les trois autres conférences canadiennes (Atlantique, Ontario, Canada Ouest), mais ici, aucune décision n’a été prise.

Cette semaine, les joueurs des Carabins étaient même invités à un retour progressif à l’entraînement en groupe.

Si le RSEQ [Réseau du sport étudiant du Québec] avait voulu suivre les trois autres conférences, la saison aurait déjà été annulée.

Marco Iadeluca, entraîneur-chef des Carabins

« On est contents [que le RSEQ ait] attendu et qu’on garde le plus de chances possible de jouer, poursuit le nouvel entraîneur-chef des Carabins. La réalité de la conférence du Québec est différente. Toutes les équipes sont dans la même province et le plus long voyage est trois heures. »

Toute la semaine, à raison de deux séances par jour, les athlètes pouvaient donc renouer avec leurs coéquipiers, sur une base volontaire. Aucun exercice de football, aucun tracé : seulement de l’entraînement sur terrain, en petits groupes, tout en respectant la distanciation. Des exercices faits en pleine canicule en début de semaine…

  • Toute la semaine, à raison de deux séances par jour, les athlètes ont pu donc renouer avec leurs coéquipiers, sur une base volontaire.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Toute la semaine, à raison de deux séances par jour, les athlètes ont pu donc renouer avec leurs coéquipiers, sur une base volontaire.

  • Des exercices faits en pleine canicule, alors que le mercure dépassait largement les 30 ˚C… Dur retour à la réalité !

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Des exercices faits en pleine canicule, alors que le mercure dépassait largement les 30 ˚C… Dur retour à la réalité !

  • Évidemment, tous les exercices ont été faits en respectant la distanciation physique recommandée par le gouvernement et la Santé publique.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Évidemment, tous les exercices ont été faits en respectant la distanciation physique recommandée par le gouvernement et la Santé publique.

  • Aucun exercice de football, aucun tracé : seulement de l’entraînement sur le terrain, en petits groupes.

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    Aucun exercice de football, aucun tracé : seulement de l’entraînement sur le terrain, en petits groupes.

  • La situation est évidemment loin d’être idéale, mais les joueurs ont au moins pu chasser la rouille en attendant de savoir si leur saison allait se mettre en branle comme prévu.

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    La situation est évidemment loin d’être idéale, mais les joueurs ont au moins pu chasser la rouille en attendant de savoir si leur saison allait se mettre en branle comme prévu.

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« Lundi, à 8 h, il faisait 33, 34 ˚C ! rappelle Lestage. C’était vraiment difficile, on n’a pas terminé l’entraînement. Côté forme, j’en ai perdu un peu. C’était dur ce printemps de remplacer nos entraînements par des sessions vidéo sur Zoom. Ça va prendre deux ou trois semaines pour enlever la rouille. »

« Il fallait être disciplinés, car on était seuls chez nous. Quand ils ont commencé les sessions sur Zoom, ça a fait du bien, parce que ça a amené une structure, ajoute son comparse de la ligne offensive Marc-Antoine Lemay, joueur de troisième année.

Là, ça fait du bien de se retrouver ensemble sur le terrain.

Marc-Antoine Lemay, joueur de ligne offensive des Carabins

La situation est évidemment loin d’être idéale, mais Iadeluca, éternel optimiste, préfère rappeler tout le progrès accompli depuis que les trois autres conférences ont annulé leur saison, le 8 juin.

« Il y a tellement des choses qui changent avec ce virus-là. Si tu m’avais dit, il y a deux semaines, qu’on serait sur le terrain cette semaine, je ne suis pas sûr que je t’aurais cru, avance Iadeluca. On garde espoir, les deux dernières semaines ont été super positives, on se prépare comme s’il y a une saison. »

Le même objectif

Quand Marco Iadeluca a accepté le poste d’entraîneur-chef des Carabins, en remplacement de Danny Maciocia, en février dernier, il s’attendait à bien des défis, mais certainement pas à celui auquel il fait face depuis trois mois. Mais ne vous a-t-on pas dit qu’il est optimiste ?

« Que j’aie 8, 10 ou 12 ans d’expérience comme entraîneur-chef, c’est une première pour tout le monde ! Personne n’est plus avancé ! », souligne-t-il.

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Marco Iadeluca, nouvel entraîneur-chef des Carabins de l’Université de Montréal

N’empêche, l’incertitude entourant la pandémie lui a donné du boulot, notamment avec ses joueurs de quatrième année qui espèrent encore faire leurs preuves devant les recruteurs. U SPORTS, l’instance qui chapeaute le sport universitaire canadien, a déjà annoncé qu’en cas d’annulation de la saison, les joueurs ne « brûleront » pas une année d’admissibilité. Autrement, un joueur de quatrième année sera encore considéré tel en 2021 s’il n’y a pas de saison 2020.

« Leur année de repêchage va venir un jour ou l’autre. Est-ce que ce sera cette année ou l’an prochain ? Personne ne le sait, répond Iadeluca.

« Il y a aussi eu de la gestion à faire parce que les gars ont perdu en finale de la Coupe Vanier, ajoute l’entraîneur-chef. Leur objectif, c’était de venger cette défaite-là, et il n’y aura pas de Coupe Vanier cette saison. »

« S’il y avait eu une saison normale, l’objectif aurait été de retourner en finale et de gagner cette fois-ci, ajoute Pier-Olivier Lestage. Mais l’objectif de battre Laval est toujours là et ça va rester. L’objectif va être de gagner la Coupe Dunsmore. Le but, c’est d’être champion, peu importe champion de quoi. »